Pensez printemps, étudiants !

Voilà, c'est fini

L'année se termine à la faculté

C’est la lutte finale ! Le dernier week-end avant les vacances est passé. Nous sommes le lundi 13 mai 2019, et les étudiants se retrouvent tous dans le couloir du bâtiment A22, avant de débuter l’ultime semaine de leur première année, celle de tous les dangers : les partiels. Dans cinq jours, tout sera terminé, oublié (ou presque…). Mais avant de profiter de plusieurs mois de vacances (qui ne seront pas de tout repos pour beaucoup), l’heure est venue de s'évaluer, ou plutôt de se faire évaluer : le rituel de l’université.

Des étudiants s'installent dans l'amphi de leur dernier cours, trois jours avant les partiels de fin d'année.

Des étudiants s'installent dans l'amphi de leur dernier cours, trois jours avant les partiels de fin d'année.

L’enfer a un nom

Ce sont dans des amphithéâtres remplis qu'à moitié que les étudiants vont bûcher pendant cinq jours. En soi, l’organisation n’a pas changé depuis les partiels du premier semestre Image d'illustration L’heure des partiels C’est le passage obligé à l’université : les partiels sont le moment damné, redouté, où tout peut se jouer. De quoi bien faire stresser. : les étudiants arrivent une demi-heure avant (parfois plus… ou parfois moins), discutent entre eux et tentent de se réconforter, de se rassurer… ou de réviser en dernière minute, avant de s’installer dans la file d’attente vers l’amphithéâtre, lorsque les personnes chargées de l'émargement arrivent ; puis ils présentent leur carte étudiante ou d’identité, signent, accèdent à l’amphi, cherchent puis vont à leur place, déposent leurs affaires non-nécessaires, éteignent leurs téléphones portables et les rangent dans leur sac, puis montent à leur place, et attendent. Cette semaine, pas de changement d’habitude causée par un enseignant trop pointilleux sur les règles, qui édictent pourtant que les étudiants doivent faire des allers-retours entre le bas de l’amphithéâtre et leur place, sans pré-disposer leurs stylos sur leur table. La semaine s’est globalement bien passée à ce sujet… à quelques notes de musiques près : en fin d’année, un grand festival est organisée par une association étudiante, en partenariat (ou en complicité, c’est selon) avec l’université… et les répétitions, débutées dès le vendredi, ont pu faire grincer quelques dents.

Ainsi, côté organisation, rien n’est vraiment à déplorer pour les étudiants. La chaleur non plus n’a pas tant été au rendez-vous, sans pour autant avoir un temps morose. Mais il y a une autre inconnue, que les étudiants ne peuvent maîtriser : la teneur des sujets.


À la sortie du premier partiel de ma matière (de l’algèbre linéaire), les étudiants sont comme résignés. Le sujet, d’une taille presque doublée par rapport à l’an dernier diront certains (dont moi), a fait trembler les étudiants lors de la composition, ne voyant pas le temps (et les résultats) filer. Quelques-un repartent motivés, en se disant que le plus dur est passé ; beaucoup sont plutôt dans un esprit de défaite, en se demandant s’ils vont vraiment réussir l’année. Puis une personne rappelle qu’au pire, le barème sera réajusté, ce qui est probable : au premier semestre, des étudiants avaient eu 20 Image d'illustration Le grand déballage. Un mois après les partiels, le couperet tombe, avec la publication des résultats du premier semestre. Les calculs commencent. en ne réalisant que la moitié d’un sujet, unanimement jugé trop long par la foule.

Le lendemain… rebelote. À l’issue d’un examen de code (informatique) sur papier, mon “groupe social” ressort étonné de ce qui s’est passé. Plusieurs pièges, discrets, n’ont pas été vus par la plupart des gens.

Et puis vient le partiel d’analyse, le mercredi. Où les étudiants ont comme seule réaction…

surprised pikachu

Le partiel de trois heures vient d’achever de nombreux espoirs. À la sortie, ceux qui sont encore là pour débriefer le sujet n’en reviennent pas.

« Je viens de sortir d’une grande débandade »

Dans le couloir, on en vient à se demander si les sujets n’ont pas été volontairement complexifiés cette année, à cause de Parcoursup ou d’une hypothétique volonté de tout changer, tout ça. Trève de complot ici, juste des réactions à chaud d'étudiants exaspérés d’avoir bûché sur des annales, qui ne ressemblent en rien au sujet prodigué.* Lors d’une discussion collégiale ayant eu lieu quelques jours après la fin de l’année, dans le cadre d’un stage, des enseignants chargés de sujets ont déploré le fait que les étudiants se soient habitués à user d’annales pour réviser, apprenant des techniques / modèles de travail, et non la réflexion derrière. Mais vite se quittent les étudiants. Tout le monde ou presque sait que le plus dur vient d'être fait : le lendemain, la plupart n’auront aucune épreuve ; la dernière les attend vendredi matin, pour la matière la plus aisée du semestre. La plèbe rentre chez elle, l’esprit apaisé, avec en coin de tête les vacances dans deux journées.

Putain, c’est fini !

Vendredi, les étudiants se retrouvent en début de matinée pour leur dernier partiel. Encore une atmosphère studieuse se dégage des couloirs : cette épreuve “simple” d’une heure trente vaut autant, voire plus, que chacun des partiels passés cette semaine. Hors de question de la lésiner, donc ; quelques minutes avant d’entrer en salle, des échanges fusent encore, pour se remémorer des pièges à éviter, ou des prototypes de fonctions à connaître.


« ༼ つ ◕_◕ ༽つAMENO༼ つ ◕_◕ ༽つ »

Tels furent mes pensées lorsque j’ai rendu la copie d’algorithmique des tableaux à l’enseignante chargée de surveillance. En rangeant mes affaires, je pense à tout ce que je vais pouvoir faire à partir de maintenant, et déjà dès le lendemain — à savoir, monter sur Paris pour l’opération #ViveLeTrain. L’année est enfin officiellement terminée !

Au sortir de l’amphithéâtre, je retrouve deux étudiants qui eux aussi ont fini leurs épreuves. Comme toujours, ils discutent toujours de l'épreuve passée. Mais quelque chose me frappe : beaucoup sont déjà partis. Le couloir s’est presque vidé, avant même la fin de l'épreuve, et les étudiants sont pour la plupart déjà en route pour chez eux… sans au-revoir, sans dire « À l’année prochaine ». Comme au premier semestre Image d'illustration Fin de saison sur Bordeaux En décembre, les journées raccourcissent… et le semestre se finit. Trois mois après la rentrée, l’heure est déjà aux au-revoir. . Je vais voir un groupe d'étudiants de ce dit premier semestre, encore là :

« Ah, moi j’ai une épreuve cet après-midi… »

Puis on discute de ce qu’ils deviennent, et de ce que sont devenus “les autres”, ceux qui étaient avec nous auparavant. Quelques-un ont passé ces partiels, mais dans l’optique d’avoir de bonnes notes pour se réorienter ; la matière de leur second semestre ne leur plaît pas. Mais c’est au contraire essentiellement avec une belle dose de satisfaction qu’avancent les étudiants vers leur S3, en espérant (et en croyant) valider l’année.


Autre ambiance dans mon groupe social : à la sortie de l’épreuve, on espère une correction légère… et on se dit « au revoir ». Il est 11h, et tout le monde se quitte pour rentrer chez soi, ou, pour ma part avec un autre, aller au RU. Sur le trajet, on parle de ce que l’on fera ce week-end, de la suite au sens large… Puis, devant le RU, on lâche les sacs : « Un p’tit billard ? ».

Des boules de billard sur une table de billard, à Pessac (Gironde).

Fermez le ban

Le vendredi après-midi, je revais à la fac pour des formalités administratives de fin d’année… Celle-ci est presque vide. Sur le parvis du bâtiment A22, des techniciens continuent de monter la scène principale du festival du lendemain. À côté, le foodtruck du vendredi range ses affaires et plie bagages. Le Soleil tape. L’activité estudiantine a quasiment disparu, comme un vendredi de vacances. À l’exception qu’ici, elle reviendra… dans trois mois et demi.

La fin d’année se sent aussi et surtout par les évocations de voyages, de départs… et de déménagement. Car la plupart des étudiants, notamment internationaux, ne restent pas dans la ville du campus l'été, et ne paient pas leur loyer de juin à août. Ainsi… ils doivent redéménager, et rapporter toutes leurs affaires chez eux, pour les faire revenir en septembre. C’est ainsi que dimanche, j’ai dû aider un ami à remballer et surtout à accueillir provisoirement chez moi ses affaires (la propriétaire me permettant de garder les miennes dans l’appartement durant l'été). Sous la pluie et à l’aide de son père catalan, venu tout droit du pays pour l’aider, le manège dure deux heures, plus un peu le lendemain, à ramener des dizaines de kilos d’affaire à coup de tramway et de marche à pied. L’an prochain, il ne sera pas dans son logement actuel (une résidence étudiante privée) et s’installera dans une colocation non loin d’ici, pour éviter la solitude et payer un loyer bien moins élevé que celui trouvé en urgence pour être à Bordeaux. Pour lui, direction la Catalogne le lundi soir en avion, pour être chez lui en une heure trente, et pour plusieurs mois. L’aventure L1 s’achève ici, et on le reverra l’année prochaine… dans une autre série de cours, en informatique.

Comme lui, de nombreux étudiants de mon groupe de TD du second semestre ont choisi informatique. Comme en janvier, je découvrirai donc en septembre un tout nouveau groupe de TD, le troisième en douze mois, qui accompagnera mes aventures de fac. Pour quatre mois. C’est ce qui est dommage, quoique normal, à l’université : les amitiés vont et viennent, au milieu de parcours individuels, et les rencontres d’un semestre dépasseront peu souvent l’année, en L1 & L2 tout du moins. À ce compte-là, les « au revoir » peuvent devenir des « adieu », sans que l’on ne le sache réellement ou pas. Certains de mon groupe de TD se reverront et parcoureront peut-être même l’entièreté de leur licence ensemble. Pas moi.

Un mur d'expression dans le foyer de l'université Bordeaux-Montaigne, à Pessac (Gironde).

Un mur d'expression dans le foyer de l'université Bordeaux-Montaigne, à Pessac (Gironde).


Trois semaines plus tard, les résultats sont publiés sur l’ENT*. Espace Numérique de Travail. C’est l’espace web personnel de l'étudiant, où il peut accéder aux cours, mails, résultats… Personnellement, je m’en sors bien — c’est tout ce que je dirai —, mais la plus grosse crainte était concernant les quelques personnes de mon groupe social qui pensaient ne pas avoir leur semestre. Les réactions, à l'écrit évidemment, se font attendre, et apparaissent, peu à peu, comme les résultats dont l’affichage est… progressif.

« Je sais pas toi, mais j’ai mon année. 101,044 sur 200, mais j’ai mon année! »

Autour de moi, seuls l’ami catalan et ceux qui étaient à la limite partagent leurs résultats. Au final et à ma connaissance, dans mon groupe social, tout le monde a eu son semestre, avec plus ou moins de réussite. Mais à part ça, je n’en sais pas plus, et attendrai probablement la rentrée universitaire et les repas au resto U pour en savoir davantage. Dans le groupe de classe Messenger, les gens ont probablement été prolixes, un peu plus.

Maintenant pour tous, la prochaine étape n’est pas les rattrapages* Les rattrapages seront supprimés à partir de l’an prochain à l’université de Bordeaux, conséquence du nouvel arrêté licence qui n’oblige plus à en organiser à l’Université. , mais bien la réinscription, qui se fait attendre. En attendant, tous vont pouvoir partir en vacances, ou plutôt malheureusement pour beaucoup aller travailler pendant trois mois, dans des emplois saisonniers ou contrats courts. Et revenir d’appoint… le 2 septembre.

Photographie d'Adrien
AdrienTwitter
Amateur.
La fac après la fac