La fac, mais sans la fac

Journal de quarantaine #1

Samedi dernier, j'écrivais dans mon article sur la fermeture de l'Université Image d'illustration Coronavirus : l'ascenseur émotionnel Jeudi soir, le Président a annoncé la fermeture à venir des universités en raison de l'épidémie. Récit de 24 heures folles à la fac. ces lignes :

« Comment occuper ses journées ? Certains proposent de se revoir, notamment moi, pour jouer à des parties de pétanque à notre santé. D’autres vont profiter de ces journées pour voyager, profitant des prix bas des transports publics. »

Belle preuve d’insouciance. Depuis, la France a dépassé le cap des 400 décès, et est passée en état d’urgence sanitaire ; la police est dans les rues, et verbalise tout passant dont le déplacement n’est pas nécessaire. La raison ? Un petit virus qui, se transmettant comme qui rigole, paralyse la planète et tue des milliers de personnes. En même pas trois mois, le SARS-CoV-2* SARS-CoV-2 désigne le virus, pour coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère, deuxième édition (après celle de 2003), tandis que COVID-19 désigne la maladie associée. a réussi à faire parler de lui, transformer Emmanuel Macron en homme de gauche, créer des ruptures de papier toilette dans le pays et bloquer le campus de Sciences & Technologies de l’Université de Bordeaux. Surtout, la France est mise en quarantaine pour les prochaines semaines : interdiction de sortir de chez soi, mis à part pour acheter à manger, aller travailler ou faire un peu de sport.

Dans ces conditions, difficile de penser aux études qui tentent de se poursuivre en ligne, hors du campus. Nombreux sont ceux qui sont rentrés chez eux ce week-end, au pays, pour retrouver leur famille. Encore plus nombreux sont ceux qui se sont affairés dans l’urgence pour rentrer au bercail, lors de l’annonce de la mise sous quarantaine générale de la France, avant le lendemain midi, heure de mise en exécution du confinement. La plupart des étudiants internationaux sont retournés dans leur pays d’origine ; de nombreux jeunes Français, notamment ceux étudiant sur Paris, ont pris le train entre lundi et mardi pour vivre un confinement loin de leurs quatre murs étroits, servant de logement durant l’année universitaire.

Pour autant, la vie continue, et la fin d’année approche à grands pas. Malgré la quarantaine, malgré la fermeture des campus, il convient de reprendre le chemin des cours, en ligne cette fois. Et alors que les fins d’année sont déjà suffisamment compliquées, doivent être adoptées de nouvelles habitudes de travail, pour les étudiants comme pour les enseignants, en plein milieu du semestre. Pendant six semaines* Question de délais
Le confinement en lui-même est prévu pour durer quinze jours, mais devrait être prolongé. Les universités sont closes « jusqu'à nouvel ordre », mais les bars et autres établissements accueillant du public sont fermées jusqu’au 15 avril. Le Ministre de l'Éducation évoquait un redémarrage à la reprise des vacances scolaires, donc entre mi-avril et début mai, mais des épidémiologistes parlent d’un pic d'épidémie à venir… fin avril.
, tout ce petit monde qui d’habitude peuple les campus de septembre à mai va devoir travailler depuis chez soi, avec la même rigueur et en tentant de ne pas se décourager en cours de route. La « continuité pédagogique » tant mentionnée ces derniers jours va-t-elle marcher ? C’est tout ce que l’on peut espérer, pour ces six semaines… de fac à distance.


Campus vide

Ce lundi a un goût un peu particulier pour la communauté universitaire. Nous ne parlons pas encore de confinement — même si les rumeurs commencent à enfler, notamment grâce à la mère de la cousine d’un ami qui est pompier urgentiste au Ministère —, mais ce matin, le campus PTG est vide, archi-vide. À Bordeaux–Montaigne, la faculté de lettres pourtant toujours emplie d’ambiance même les week-ends, pas un seul étudiant à l’horizon. Les amphîthéâtres sont cadenacés, les bibliothèques fermées ; même l'épicerie solidaire et le foyer, lieu prisé des étudiants, affichent portes closes. Sur une ou deux portes, on peut deviner des affiches de prévention rappelant les gestes barrière* À savoir :
• se laver très régulièrement les mains
• tousser ou éternuer dans son coude
• utiliser des mouchoirs à usage unique
• rester chez soi en cas de maladie.
, mais rien sur la fermeture de l’Université : le campus donne le sentiment d’avoir été figé, tel quel, à l’annonce de la fermeture des écoles. Là, un tramway arrive, transportant encore quelques passagers, mais aucun ne descendant à l’arrêt. Les restaurants universitaires sont à l’arrêt, montrant portes closes comme durant les congés universitaires.

L'accueil de l'Université de Bordeaux Montaigne, fermée.

L'accueil de l'Université de Bordeaux Montaigne, fermée.

De l’autre côté du campus, la tranche Sciences & Technologies n’est pas plus joyeuse. Étonamment, les portails ne sont pas fermés ; néanmoins, les parkings sont pratiquement vides. Dans cette ambiance grise et maussade, les nuages couvrant intégralement le ciel, les seuls éléments perturbateurs sont les oiseaux, que l’on entend un peu chanter à travers les arbres encore effeuillés. Je fais le tour des bâtiments pour constater la fermeture, mais dans le bâtiment A22, le principal bâtiment des étudiants en licence, une porte reste ouverte.

« Hep ! N’entrez pas ! »

Je regardais par la fenêtre l’intérieur des bâtiments quand une personne arrive et crie derrière moi, comme si j’allais rentrer dans l’enceinte du A22. C’est une « membre de l’administration », avec qui je discute un peu. « Là pour l’instant, le bâtiment est encore ouvert, mais cet après-midi, il n’y aura plus personne sur le campus » Comprendre : la fermeture de l’Université a pris tout le monde de court, et chacun doit prendre ses affaires pour pouvoir télétravailler. Même son de cloche, dans le laboratoire de recherche en mathématiques : les portes sont ouvertes, mais les couloirs se vident. Déjà, la bibliothèque est fermée, tout comme de nombreux bureaux de chercheurs. Restent encore les équipes pédagogiques, qui pour l’heure travaillent encore à assurer la continuité de la licence. Ils ne tarderont pas : dès le lendemain, ils devront rester chez eux, comme tout le monde, a priori.

Après avoir effectué toutes les mises à jour requises de mon PC grâce à la connexion de ma fac (raison principale de ma venue sur le campus… je fais avec ce qu’on a), je croise un autre étudiant de ma classe. Nous ne sommes pas encore officiellement en confinement, donc lui en profite pour se promener un peu. Nous discutons de l’actualité, et celui-ci m’affirme : « Je me suis terriblement ennuyé ce week-end. » Car pour l’heure, nul ne sait encore comment cette « continuité pédagogique » annoncée par les différents niveaux de hiérarchie (président, ministère, administration, responsables de licence…) sera organisée. Depuis vendredi, 7 mails ont été envoyés, mais rien concernant les cours. Seule certitude : nous n’aurons pas examen en présentiel cette semaine — ce week-end a donc pu être de repos pour une majorité d'étudiants. Nous nous quittons en nous disant « À bientôt ». Le soir-même, le Président de la République annonce le confinement de la France.

Course contre la montre

Ce soir-là, je découvre l’annonce avec mon amie albanaise, depuis chez elle, où nous regardons l’allocution en direct. La déclaration de la mise en confinement des personnes résidant en France, à compter du lendemain midi, n’entraîne pas en elle-même un grand tollé. À la vision de ces images de personnes se regroupant dans les parcs, à Paris comme ici, ce confinement paraissait inévitable. La date d’application l'était moins, et c’est avec une petite frayeur que des étudiants internationaux ont appris qu’ils avaient jusqu’au lendemain midi pour plier bagages, avant de se résoudre à rester ici pour plusieurs semaines.

C’est suite à cette annonce que mon amie anglaise, provenant de Nottingham et passant son année à Bordeaux dans le cadre du programme Erasmus, est rentrée chez elle en urgence. Elle raconte :

« Je suis revenue chez moi juste avant que le confinement débute, à cause de cette incertitude sur sa durée. Je ne pense pas que je pourrais rester à l’intérieur de mon studio pendant 15 jours, voire toute seule si ça durait plus longtemps. Je ne voulais pas partir, mais lorsque Macron a parlé [du confinement], j’ai réservé mon vol pour 6h50 le lendemain matin. Je n’ai pas dormi de la nuit, le temps de faire toutes mes affaires… Mais je vais continuer les études ici, et lorsque tout cela sera terminé, je reviendrai — j’ai laissé la moitié de mes affaires ici, et on doit se faire cette partie de mölkky ! »

Dans l’autre sens, mon amie albanaise a eu une frayeur concernant l’arrivée de son petit ami, étudiant à Bilbao (Espagne). Le pays annonçant la fermeture de ses frontières à minuit, il a réussi après moult annulations et suppressions à prendre le dernier bus pour Bordeaux, passant Irùn à… 23 h 30. L’arrivée durant la nuit en France pique, mais arrivé avant l’heure butoir, il aura cette chance de passer le confinement avec elle.

C’est ainsi que nombre de personnes ont pris leurs jambes à leur cou pour s’enfuir ou rentrer chez eux avant l’application du décret de confinement. Pour éviter de passer des semaines dans une résidence étudiante, sans sortir ou presque, beaucoup ont pris les premiers trains, voire appelés leurs parents, pour retourner au pays en vitesse.

Beaucoup… mais pas moi. De mon côté, c’est sciemment que je suis resté à Bordeaux, sachant que j’y serai bloqué pour les quatre à six prochaines semaines. Plusieurs raisons à cela : la peur de possiblement importer le virus dans ma terre natale [80 % des cas étant peu ou pas symptomatiques, NDLR], l’absence d’envie de rester confiner dans une campagne pendant plusieurs semaines et surtout la volonté de ne pas quitter une atmosphère de travail m’ont poussé à… ne rien faire, donc à vivre ces semaines de confinement dans mon studio bordelais. Rassurez-vous, j’ai de quoi me défouler…

Dur de travailler

Il faut l’avouer, les premiers jours du confinement, il a été difficile de se remettre au travail. Le beau temps dehors et le chant des oiseaux aidant, l’envie est juste de braver l’interdit, et de sortir gambader, à pied ou à vélo, pour se changer les idées. Puis on se rappelle de l’enjeu, éviter de propager ce satané virus, et de l’amende aussi, montée à 135 €, avant de se dire que finalement, on est bien chez soi. Encore faut-il avoir envie de se mettre au boulot.

Le changement a été brutal, et est ressenti par tout le monde. Dans les tout premiers jours, peu de monde sait encore comment vont se passer les enseignements. Les boites mail fusent, mais en ce mardi, encore des messages visant à rassurer les étudiants, ou à leur demander de surveiller… leur boite mail. Alors, pour passer le temps, on fait des exercices que des enseignants nous avaient demandés de faire avant l’annonce de la fermeture de l’Université, comme si la vie continuait. Ou du moins, on essaie. Comment se replonger là-dedans alors que l’on est seul dans un studio, confiné malgré la météo joyeuse ? La question, beaucoup dans mon groupe ont dû se la poser.

Je ne suis pas de ceux qui cravachent pendant des soirées pour réviser — c’est d’ailleurs en partie pour cela que j’ai préféré partir à la fac, et non en classes préparatoires —, ni des étudiants de PACES (que je respecte) qui n’ont pas droit au décrochage temporaire pendant des mois ; à vrai dire, j’ai pris l’habitude de ne pas travailler chez moi, mais à la BU ou chez des amis, afin de me garder une séparation physique et surtout psychologique entre le travail et la maison. Toutes ces habitudes volent en éclats, et pour beaucoup dont moi, l’heure est venue de prendre de nouvelles dispositions de travail, et de s’habituer à devoir bosser depuis chez soi.
Alors, il faut trouver de nouveaux points de confort. Tenter de trouver une disposition de vie idéale qui incite à bosser, depuis chez soi, si possible sans faire de crise mentale après dix jours de confinement. Pour ma part, ayant la chance d’avoir un deux-pièces, je me suis fixé une règle simple : ma cuisine, servant de salon, est mon endroit de repos, ma chambre, possédant notamment une table, sera le lieu de mes études. Deux endroits aux fonctionnalités bien séparées, afin d’essayer de garder un cloisonnement entre boulot et détente, et de recréer virtuellement une atmosphère de travail. Dans le même style, grâce à un tableau blanc, je me suis mis un emploi du temps à tenir, se collant au plus près de l’emploi du temps universitaire pré-confinement : ce mardi matin, l’algèbre bilinéaire, le vendredi après-midi, études des cours ; le tout, en me donnant deux heures de pause méridionale pour cuisiner — ce qui permet de m'évader quelque peu du train-train quotidien —, et surtout en finissant mes journées de travail à 17 h, pour me laisser des soirées de détente et de liberté.

Assez étonamment, cet emploi du temps a tenu. Certes, je dépasse allègrement l’horaire de 17 h, mais en y enlevant les pauses que je m’accorde, je retombe sur six heures de travail quotidiens (l'équivalent des emplois du temps de la faculté). Les matins, je suis étrangement motivé pour travailler dès 9 h, et la flemme des premiers jours est semble-t-il passée.

Néanmoins, c’est surtout grâce à un serveur Discord* Discord est une plateforme de communication vocale et textuelle, initialement fondée pour la communauté vidéoludique, similaire à Slack ou Skype, et permettant de créer des salons de discussion en temps réel thématiques et ouverts à certaines personnes uniquement. Discord est une entreprise américaine, possédée par Hammer & Chisel, et est valorisée 2 milliards de dollars. , créé par une personne du groupe de TD et regroupant peu à peu tous les étudiants de celui-ci, que cette remotivation a eu lieu. Grâce à ce serveur, je peux communiquer, me faire aider et partager mes idées avec tous les autres étudiants du groupe de TD, et cela a permis de recréer la cohésion et l’envie d’apprendre qui manquaient dans ce confinement. Dès ce mardi matin, une partie de la classe se rejoint dans un salon vocal, pour faire les exercices d’algèbre bilinéaire ensemble, ou au moins s’entraider, après que l’enseignant nous a envoyé la liste des exercices à faire dans la semaine, par e-mail. Et au fil de la semaine, la grande majorité des étudiants du groupe rejoignent, et c’est ainsi que ce serveur créé de toute pièce le mardi devient très rapidement le serveur attitré du groupe, où chacun s’entraide et travaille. L’isolation des étudiants due au confinement disparaît, et la démotivation avec (ou du moins, pour ma part).

Réapprendre à communiquer

Peu à peu, nos enseignants se mettent à Discord, et c’est ainsi que nous pouvons étonamment avoir des séances de TD quasi-normales. Quasi, car il est impossible de retrouver l’ambiance et surtout le confort d’une classe, d’une salle, d’un tableau à craies et d'élèves qui se voient tous et savent demander la parole. Pour autant, tout ce beau monde, étudiants qui connaissaient la plateforme, nouveaux venus et enseignants, arrivent à maitriser les moments de parole, l’outil Discord (après un petit temps d’adaptation pour certains…) et la prise d’enseignement à distance ; et jeudi matin, le long temps passé avec l’enseignant à lui expliquer ce qui serait potentiellement pendant six semaines notre moyen de communication, s’est concrétisé en bonne séance de TD commune, où les étudiants ont pu poser des questions, malgré les difficultés potentielles inhérentes à une conversation à trente.

Au final, le seul gros souci pour tous est l’absence de tableau interactif pour pouvoir poser des dessins sur les paroles. Certes, il serait possible de l’obtenir, en utilisant la fonctionnalité Go Live de Discord, permettant à un utilisateur de retransmettre le contenu de son écran aux personnes présentes dans la conversation, ou en passant par d’autres sites en ligne ; cependant, l’expérience utilisateur et la pédagogie nécessaire à la compréhension d’un tel système paraissent difficilement rentables vis-à-vis de l’utilisation qui pourrait en être faite. Un tableau, même numérique, ne remplace pas un tableau physique, notamment en raison du manque potentiel de visibilité, dues à des webcams trop vieilles ou à des débits de connexion intenables. À la place, étant en mathématiques, nous nous sommes contentés d’un robot permettant d'écrire des messages en LaTeX, un langage d'écriture mathématique, et c’est ainsi que les formules parfois compliquées à expliquer à l’oral deviennent plus simple à comprendre une fois posées sur un écran.

Une séance de TD sur la plateforme Discord, avec plus ou moins de succès…

Une séance de TD sur la plateforme Discord, avec plus ou moins de succès…

L’autre grande peur de ce confinement est de perdre des étudiants en cours de route. Ces déconnectés, ces personnes sans ordinateur ou sans connexion internet stable, ces illettrés du numérique ; tous ces étudiants et personnels pour qui le contact humain est indispensable et le seul moyen de communiquer avec l’Université. Combien sont ces jeunes qui ne peuvent pas suivre ces cours à distance ? Aucune idée. Depuis le début de la semaine, les services de l’Université envoient (désespérément ?) des mails demandant à ces personnes de se signaler, pour trouver un moyen adapté d’apprendre. Mais comment recevront-elles le message si elles sont justement sans accès à leur boite mail ?
Ce vendredi, le directeur du campus a lancé un appel à l’aide, pour tenter de garder le contact avec ces jeunes déconnectés :

« Les collègues me font remonter la difficulté qu’ils rencontrent et le temps qu’ils passent à s’assurer que les étudiants ont bien accès aux informations sur les enseignements à distance. […] Certains étudiants ne répondent pas pour des problèmes de matériel ou de réseaux, c’est compréhensible mais nous savons aussi qu’une part non négligeable délaisse la messagerie de l’université préférant d’autres circuits de communication comme les réseaux sociaux. […] Nous faisons appel à vous pour relayer ce message important à l’ensemble des étudiants […] par tout moyen numérique disponible. »

Responsables de licence, directeurs, président de l’Université, tous sont conscients de ce risque de perdre des étudiants en cours de route, et que leur échec cette année à l’Université soit imputable à des raisons pratiques ou sociales dues au confinement.

« Nous comptons sur la bonne volonté de l’ensemble des étudiants pour que la “continuité pédagogique” ne soit pas trop discontinue… »

Mail demandant aux étudiants ne possédant pas un ordinateur ou une connexion à Internet de répondre à un mail de recensement.

Dans notre groupe, nous sommes toujours sans nouvelles d’une poignée d'étudiants, certains pourtant actifs, mais qui avançaient de manière solitaire (un peu comme moi) à leur rythme, dans le cursus universitaire. Toute la difficulté de cette situation de fac à distance est alors de jongler entre différents outils pour rester le plus inclusif possible : continuer à envoyer des mails aux listes de groupe, quand bien même le TD se fait sur Discord pour des raisons pratiques ; créer des forums de discussion asynchrones, ouverts à tous les étudiants de tous les groupes de TD, sur Moodle* Moodle est une plateforme libre permettant de créer des communautés autour de cours en ligne. Ainsi, les étudiants d’une UE peut avoir accès à une page sur la matière en question, où peuvent être disposés fichiers, cours, vidéos… le tout intégré dans l'ENT de l’Université. , la plateforme officielle d’apprentissage en ligne de l’Université de Bordeaux, habituellement utilisée pour simplement déposer des fichiers… Au moins, les enseignants auront essayé.

Quid des examens ?

Il reste une dernière inconnue dans cette équation du confinement, et d’importance : les examens. Quand bien même la quarantaine s’arrêterait avant la fin de l’année universitaire, et c’est peu probable, il faudrait tout de même réorganiser tout le planning des partiels de fin de semestre, impactés par le décalage de certains cours d’UE incompressibles, ou par des examens ayant traditionnellement lieu en avril. Il ne fait pas non plus de doute que les syndicats étudiants, s’ils existent, exigeront la tenue d’examens après au moins quelques séances de TD en présentiel, pour tenter de rattraper ce qui le peut, notamment chez les étudiants défavorisés en termes d’accès au numérique.

Une certitude : le COVID-19 aura fait une victime, les partiels de mi-semestre Image d'illustration L’heure des partiels C’est le passage obligé à l’université : les partiels sont le moment damné, redouté, où tout peut se jouer. De quoi bien faire stresser. . Dans certaines filières, comme l’informatique, des étudiants ont pu en passer dans quelques matières ; mais pour nous, le coronavirus est arrivé à point nommé, cette semaine étant normalement la semaine de nos DSI, s’ils avaient eu lieu. Le virus chamboule tous les programmes, et surtout les MCC, à savoir les modalités de contrôle des connaissances, autrement dit les coefficients attribués aux différents examens (DM, tests, partiels finaux…). Ce semestre, ils étaient de 30 % pour le partiel de mi-semestre, et 70 % pour le DST, dans toutes les matières*. La part de contrôle continu diminue peu à peu au fil des semestres, étant très importante en première année — les étudiants de L1 cette année ont même deux semaines de DSI, au bout de 5 et 10 semaines de cours — puis stagnant à un ratio 30/70 à partir du semestre 4, en mathématiques à Bordeaux en tout cas. Que faire de ces sujets déjà rédigés, et surtout comment remplacer cette semaine de contrôle continu ?

Dans certaines filières, la réponse est bête et méchante : le contrôle continu est annulé, et le semestre se jouera intégralement sur le partiel de mai, comme à l’ancienne. D’autres attendent de voir la durée du confinement, espérant reprogrammer ce DSI au printemps, quelques semaines avant l’examen final, comme pour servir de sondage avant l'échéance.
En l’absence de consigne claire de la part de l’Université, qui elle-même espérait des consignes claires de la part du Ministère, chacun fait à sa guise. Doit-on rappeler que, après l’annonce de la fermeture des Universités, on parlait encore du maintien des examens, à condition d'être plus espacés ?

« Question examens, évaluations… On navigue à vue à l’heure actuelle. »
Un enseignant de la licence informatique.

La semaine dernière, un maître de conférence confiait réfléchir à l’envoi du sujet de l’examen par email, en laissant une poignée d’heures seulement pour composer puis envoyer des photographies de sa copie à l’enseignant, dans le but de simuler des conditions d’examens. L’idée a été depuis abandonnée, la découverte de la fracture numérique étant peut-être passée par là… Dans une autre matière, c’est pourtant ce qui s’est produit, mais en laissant une semaine pour faire le sujet. Ce DM-DS n’aura toutefois pas autant d’importance dans la notation finale que l’examen qu’il remplace. Quid en effet de l'égalité des étudiants dans cette situation ?

Peu importe la durée du confinement et de la fermeture de l’Université, ce semestre restera dans les mémoires de nombreux étudiants. La question-même du maintien des examens en mai dépendra de la durée de l'épidémie en cours, qui est actuellement loin d'être connue… Wuhan, la province chinoise d’où provient le virus, aura passé plus de deux mois en quarantaine ; la même chose peut-elle arrivée en France ? On se reverrait alors à la mi-mai, et commencerait alors un casse-tête chinois, à replacer les examens sans gratter sur les congés universitaires, notamment pour les étudiants internationaux…

Quoiqu’il en soit, cette première semaine de fac à distance était très particulière ; mais, dans notre groupe au moins, la machine semble rodée et les études devraient probablement pouvoir reprendre plus ou moins normalement le temps du confinement. Ce n’est pas le cas pour tous : dans d’autres groupes, la « continuité pédagogique » tant annoncée consiste… en un simple partage du polycopié de cours en format PDF, ainsi que des feuilles d’exercices à faire, avec la correction donnée la semaine qui suit. Dans cette épidémie, même concernant les études, tout le monde n’a pas la même chance…

Photographie d'Adrien
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