Voilà, c'est fini

La fac après la fac

L'université au mois de juin

Après les partiels du second semestre, le campus s’est vidé de ses étudiants. Ceux-ci, souvent rentrés chez eux dès le week-end qui suit, ont abandonné la fac, et ne reviendront qu'à la fin juin pour la centaine d’entre eux qui vont aux rattrapages, début septembre sinon. Sur le campus ne restent donc que quelques poignées de jeunes, venant d’autres établissements de l’enseignement supérieur, qui finissent plus tard, des chercheurs et doctorants préparant leurs thèses… et des stagiaires, comme moi. Récit d’un mois dans une université après les cours.

Le MayDay Student Music Festival, festival de musique géré par et pour des étudiants, le samedi 18 mai 2019 à Talence.

Le MayDay Student Music Festival, festival de musique géré par et pour des étudiants, le samedi 18 mai 2019 à Talence. · Équipe com du MayDay Student Music Festival

La fac d’un jour nouveau

Être à la fac après les derniers partiels, c’est être plongé dans un campus presque vide, bien qu’ouvert et empli des gens. Les bureaux, les salles sont à libre disposition des « résidents », tandis que les couloirs accueillent des âmes bûchant sur les tables mises à disposition des associations en temps universitaire. À l’intérieur des bâtiments pour les étudiants, des groupes de quelques étudiants, de temps à autre, dans les foyers ou les couloirs, viennent déranger le silence créé, ou plutôt laissé, par l’absence de cours et autres animations. Seuls éléments très perturbateurs, quelques scieuses et autres outils mécaniques, dans cette saison estivale qui permet les travaux, à la caféteria notamment. Au fond, les seuls résidents permanents de ces bâtiments sont les services administratifs, ouverts jusqu’aux congés universitaires officiels, le 19 juillet.

En face, l’esplanade et les rues du campus se sont presques vidées. Seules subsistent quelques dizaines d'étudiants qui profitent du Soleil pour prendre leur pause méridienne sur les grandes étendues gazeuses qu’offrent le campus de Bordeaux, sur ses tranches récemment rénovées. L'été est là aussi l’occasion des tests. Après le festival étudiant ayant eu lieu à la mi-mai, l’Université de Bordeaux met en place de nouvelles barrières d’accès au campus, pour empêcher le stationnement des « extérieurs », à l’heure où le parking-relais Arts et Métiers, jouxtant le campus, est toujours fermé. En vain, pour l’instant, mais c’est bien d’essayer.

Des jeunes se prélassent sur le gazon du campus de l'université de Bordeaux, à Talence.

Des jeunes se prélassent sur le gazon du campus de l'université de Bordeaux, à Talence.

Surtout, en juin, le public vu sur le campus est considérablement plus âgé. Les jeunes étudiants étant presque tous partis, ne restent plus sur le campus que des chercheurs et des doctorants, préparant leur thèse. Hors période de cours, l’université se voit alors plus par sa partie recherche, peu vue par les étudiants dans leurs premières années d'études. De nombreux universitaires extérieurs à Bordeaux viennent pour des conférences et autres jurys, déambulant ainsi sur le campus. Dans l’indifférence des badauds.

Fermeture progressive

Pour autant, le campus n’est pas réservé qu’aux cherchants. De l’autre côté du pont, plus à l’Ouest, certaines écoles, les prépas notamment, continuent jusqu'à la fin juin. Quelques centaines d'étudiants vivent ainsi encore sur la tranche B du campus PTG Le campus Pessac Talence Gradignan (du nom des trois villes traversées) est divisée en trois tranches de travaux, d’est en ouest. La tranche B, située entre le « pont Stargate » et l’université Bordeaux-Montaigne, concerne les écoles d’ingénieur et le campus de biologie.
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, au rythme des écoles d’ingénieur. Et avec, les restaurants universitaires.

Ces derniers sont considérablement plus clairsemés. Déjà, dès le début du mois de mai Image d'illustration Pensez printemps, étudiants ! À l’arrivée des beaux jours, le campus s’orne de milles couleurs pour fêter la fin d’année. Puis les étudiants partent… jusqu’à la rentrée. à l’heure où l’université Bordeaux-Montaigne ferme ses portes, ceux-ci avaient fermé la moitié de leurs chaînes, pour s’adapter à l’affluence. Le mouvement continue ainsi logiquement : début juin, les menus uniques sont légions aux RU, où on ne s’embête plus à préparer des repas massivement. Ainsi, les étudiants qui — comme moi — arrivent vers 12h20, heure habituelle de fin de cours en période normale, n’ont déjà plus rien de ce qui était prévu sur les menus, et se contentent de viande et de frites, presque quotidiennement. Dans un autre RU, dès 12h30, on ne sert plus aux étudiants que du riz blanc, en leur conseillant de revenir dans un quart-d’heure, le temps que les steaks (probablement décongelés) cuisent. Les mêmes entrées reviennent chaque jour, des mélanges de légumes divers, comme si on épuisait les stocks ; idem pour les desserts où l’on ne propose plus que les yaourts non-pris par les étudiants au mois de mai. Le tout pour 3 € 25, toujours.
Le peu d'étudiants permet tout de même de faire des plats maison parfois, comme ces burgers de poisson pas piqués des hannetons, rares durant la pleine saison. Mais en tant que pescétarien* Les pescétariens sont des personnes ne mangeant pas de viande, mais encore du poisson, au contraire des végétariens qui ne mangent pas de chair animale. Mais les deux sont souvents confondus, surtout en région rurale… , se nourrir au CROUS reste difficile en période estivale, obligeant souvent à rentrer chez soi à la pause déjeuner, quand bien même les menus promettaient des légumes…


En face, une autre fermeture s’augure. L'été est aussi la saison des moissons… mais à l’université, c’est aussi le temps de labourer. Après des viols s'étant déroulés sur le campus durant l’année, et des marches exploratoires — dont j’ai fait partie — pour tenter de résorber le problème, les Universités ont choisi de détruire l’accès concerné, pour ne pas avoir à l'éclairer. Et, évitant ainsi de changer des habitudes en milieu d’année, il a été décidé… de le labourer, pour que durant la pause estivale, repoussent des plantes, afin d’en finir avec ces étudiants qui prennent des raccourcis à leurs risques et périls. Si cela pouvait marcher…

Le chemin de la mort, chemin joignant la station de tramway Doyen Brus aux résidences Compostelle de Pessac, labouré pour être détruit.

Profiter de la ville

Être à la fac en juin, sans les cours, c’est du coup pouvoir enfin prendre le temps pour soi, sans avoir des dossiers à rendre, des TP à préparer, des partiels à réviser. C’est, du coup, pouvoir prendre le temps de sortir, aussi. Et d’enfin profiter de la ville qui m’accueille depuis huit mois.

Il y a comme un petit plaisir à faire le touriste dans sa ville. Prendre le bateau pour traverser la Garonne, découvrir des places que l’on n’avait pas vu lors du week-end d'intégration Image d'illustration Tu seras bizut, mon fils. Je ne pensais pas à avoir à subir un week-end d’intégration à la fac. J’ai été agréablement surpris. , aller dans les musées à quelques lieues d’ici : je découvre Bordeaux comme je ne l’avais pas vu, n’y étant jamais allé avant mes études, et n’ayant pas le temps — et l’envie — de le visiter durant l’année. Je me permets de faire du vélo des heures durant, le soir venu, pour découvrir les anciennes gares, je vais en tramway jusqu'à la place des Quinconces, pour finir dans un bus relais (vive les coupures de tram!) pour rejoindre le miroir d’eau, que je vais mitrailler pour faire de jolies photos : ou, je suis un touriste. Mais c’est agréable.

La place de la Bourse depuis les jardins des quais de Bordeaux.
La place de la Victoire de Bordeaux, remplie de jeunes au bar en ce jeudi soir.

Le miroir d'eau de Bordeaux, et la place de la Victoire, remplie par les bars, un jeudi soir.

Cela me permet également d’aller à des animations, des réunions diverses, en dehors du campus, comme à Bruges concernant les transports en commun bordelais, ou à Villenave-d’Ornon, pour une inauguration. Je profite du mode de vie urbain, avant de retrouver dans quelques semaines, voire quelques jours, ma campagne et ses rares animations rurales (fête votive et de la musique, exclusivement), grand contraste vécu par les étudiants qui quittent leurs contrées pour aller à l’université. Puis reviendra une nouvelle année universitaire, probablement plus chargée que la première, qui tuera toute envie de sortir avant les nouvelles vacances. Prenons donc le temps, dès à présent.

Tourner la page

Après un mois de stage, vient le temps de quitter Bordeaux pour retourner chez soi, pendant deux petits mois. En ce vendredi de mi-juin, je profite du Soleil (qui revient enfin, après des jours de pluie) et regarde le campus tel qu’il est. Resplendissant de verdure. Vide de personnes. Ces derniers jours de stage sont pour moi l’occasion de faire une rétrospection sur mon année passée à l’université. Sur mes hésitations en début d’année. Sur mes amitiés forgées puis disparues tout au long des semestres. Sur ma grande anxiété à l’heure des partiels. Tout ça pour au final être dans le top 5 de la promo, et être à la place où je suis, en stage d’excellence.

En ce vendredi soir, où le Soleil laisse pourtant l’impression qu’il est quinze heures, je quitte le campus prestement, pour ne pas louper mon train, tout en regardant les grandes vitres, symboliques de notre université. Avant de lui dire :

« À dans deux mois et demi. »

Quelques jours plus tard, l’heure est venue de plier bagages. Il faut vider mon appartement, pour tout ramener au pays. Rangement, nettoyage, tout cela prend du temps, temps où je retourne à la fac, pour ramener des livres empruntés durant l’année. En short et claquettes, je retraverse les couloirs de ces bâtiments vides, pourtant pleins durant l’année. Là, en ce 17 juin, la saison estivale a commencé : la bibliothèque n’ouvre plus que jusqu'à 17 h 30, le restaurant universitaire principal n’ouvre plus le samedi. Dans deux semaines, les autres établissements du CROUS fermeront pour l'été. Ne resteront plus que les jeunes travaillant durant l'été… et le personnel administratif, jusqu'à la mi-juillet.

Après avoir vidé l’appartement, je dis au-revoir à mes propriétaires et à leurs poules, que je retrouverai le 1er septembre, juste avant la rentrée. Et je prends la route, direction mon Lot-et-Garonne, pour neuf semaines de vacances d'été.
À l’année prochaine, Bordeaux !

Des feux d'artifice sur Garonne, à la Fête du Fleuve de Bordeaux, le 20 juin 2019.

Des feux d'artifice sur Garonne, à la Fête du Fleuve de Bordeaux, le 20 juin 2019.

Photographie d'Adrien
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