Ça se vide.

Fin de saison sur Bordeaux

Premier semestre à la carte, les derniers jours

Un peu plus de trois mois après les avoir découverts lors de la première journée de cours Image d'illustration Être jeté dans le bain Groupe de classe, habitudes à prendre, numéros des salles : tout est à apprendre, lors du premier jour de cours à la faculté. début septembre, il est déjà temps de dire un dernier au-revoir à la quarantaine d’étudiants ayant vécu cette expérience avec moi. Le premier semestre d’études arrive en effet déjà à sa fin, en cette fin de mois de décembre, et l’heure des partiels va sonner. Après la trêve des confiseurs, les cartes vont être rebattues, les groupes remélangés, les emplois du temps bouleversés, et chacun va retrouver un nouveau groupe de classe différent. Le glas du semestre a sonné.

Le soleil s’est couché à la faculté.

Le soleil s’est couché à la faculté.

Derniers cours à la fac

En ces jours de décembre, les jours se font plus court… tout comme les emplois du temps. Au fur et à mesure que les semaines passent, les horaires de cours se réduisent, la faute souvent à des matières — ou unité d’enseignement, en jargon fac — qui sont programmés en terme d’heures : l’anglais n’est par exemple dispensé que pour dix séances, sur les treize semaines de cours que constituent le premier semestre, et “saute” donc dès début décembre. Idem pour la chimie, partie fin novembre ; les cours d’informatique, disparaissant trois semaines avant la fin du semestre. Et cet emploi du temps clairsemé a pour conséquence de faire fuir les étudiants des quelques cours continuant jusqu’au dernier jour. Ainsi, alors que le mardi n’est composé que d’un seul cours, à 08h, l’essentiel du groupe ayant ce cours a comme magiquement disparu, parti en vacances prématurées probablement, alors que le lendemain est vide, et les deux jours qui suivent composés en tout et pour tout de cinq heures de TD [travaux dirigés, des heures en groupe de 40, par opposition aux amphis]. Le prof nous laisse même partir au bout d’une heure, ce mardi-là, sur les trois prévues, ayant fini son programme.

« C’est bon, vous pouvez partir. Bonnes vacances ! »

Alors, les étudiants se disent « À jeudi », parfois, avant de partir, chacun de son côté, chez soi, loin de la bibliothèque universitaire, bondée à toute heure en ces périodes de révision pour la quasi-majorité des étudiants. Le département sciences et technologies de l’Université de Bordeaux a en effet préféré établir des examens selon l’année décroissante : les L3 et autre masters sont ainsi les premiers à passer leurs partiels, durant cette dernière semaine avant Noël, tandis que les L2 bûcheront au retour des deux semaines de vacances posées par l’administration. Les L1, comme moi, profitent eux d’une semaine de révisions en plus, ne passant leurs partiels qu’au milieu du mois de janvier. Ainsi, les étudiants de ma classe, même si déjà un peu apeurés par les examens à venir, n’ont pas encore la tête dans les cahiers, mais bien ailleurs, vers Noël à venir.

Ambiance hivernale

Entre les partiels d’un côté, et de l’autre l’hiver qui s’installe au cœur de Bordeaux, l’ambiance a également pris un coup. Avec le Soleil se couchant vers 17h le soir, les journées prennent une autre dimension : plus courtes, naturellement, mais aussi moins lumineuses. L’organisation d’animations festives, comme des pauses méridionales avec collation offerte, à l’approche de Noël, aide aussi à ressentir cette différence d’ambiance, d’humeur. Noël est dans la tête de tous, et avec, des vacances. Certes, les partiels arriveront vite, détruisant toute la joie de cette quiétude hivernale, mais ce qui tarde pour beaucoup, à en entendre quelques bribes de conversation, c’est de pouvoir rentrer chez soi, « au pays » pour les étudiants venant de loin, et ainsi pouvoir retrouver ses proches, profiter de vacances bien méritées, loin du train-train quotidien de la faculté.
Dans le groupe de TD, quelques-un parlent du voyage qu’ils vont faire, en avion, en train, pour retourner à Barcelone, à Narbonne. La hâte de ce retour, couplée à la flemme de bosser après douze semaines de premier semestre, se sent, s’entend dans la voix des étudiants et étudiantes.

Plus globalement, les mœurs ont évolué. Alors que jusqu’à mi-novembre, les TD étaient suivis par la majorité des étudiants du groupe (ou du moins, ceux n’ayant pas arrêté de travailler), ces derniers ont moins d’entrain pour venir en cours, en TD, à mesure que les heures disparaissent. Les exercices sont faits en TD, avec l’enseignant. À l’heure où le Soleil se couche, la fatigue se lit, dans les yeux des étudiants, tout comme dans ceux d’une enseignante de mathématiques, qui annonce « Allez, plus que dix minutes… » à la fin d’un TD allant de 17h à 20h. La motivation n’y est plus, les fins de chapitres sont vite vus pour pouvoir tenir dans les horaires, et chacun part le soir, presque sans se dire « Au revoir ». À 20h, il fait nuit noire, les boulangeries sont fermées, et les seuls bruits qui viennent interrompre le silence nocturne sont les crissements des rails du tramway, passant juste à côté. Les étudiants rentrent chez soi vers 20h30, parfois 21h, et n’ont plus la tête à travailler.

Rentrée lointaine

Pour tous, il tarde la fin du semestre, le départ de ce portail MISIPCG [voir articles précédents], « semestre d’orientation » pour la fac, ou plutôt de purge d’après plusieurs étudiants dans les années supérieures, consistant en un semestre avec de nombreuses matières scientifiques, alors même que les étudiants ont déjà fait leur choix sur Parcoursup l’an dernier. Au second semestre, tous abandonneront la plupart des matières (quand bien même les professeurs renvoient au semestre 2 de leur matière pour la suite des cours), pour ne retenir que les matières qui seront la mention de leur future licence : mathématiques, informatique, mécanique & électronique… Après avoir subi des matières non désirées durant plusieurs mois, et alors que certains sont partis à cause de cela, la motivation n’y est plus. Loin est la rentrée de septembre, cette époque où les néo-étudiants étaient motivés, stressés à l’idée d’avoir des cours, où peu de gens connaissait même le contenu de la licence.

Il y a à peine trois mois, les étudiants ne parlaient pas entre eux, avec le peu d’appréhension qu’ils avaient de l’université. L’ambiance au premier jour de cours était au point mort, avec un silence que seul le professeur et les bruits des stylos pouvait perturber. Puis, peu à peu Image d'illustration La fac est multiculturelle Arriver à la fac, c’est réaliser que l’Université est le lieu des savoirs… mais aussi des rencontres. Des étudiants de toutes les cultures. , les discussions se sont entamées, des affinités formées, notamment grâce au week-end d’intégration Image d'illustration Tu seras bizut, mon fils. Je ne pensais pas à avoir à subir un week-end d’intégration à la fac. J’ai été agréablement surpris. organisé par les deuxième année, et ainsi, l’atmosphère a évolué. Au fur et à mesure des semaines, une véritable ambiance de classe, au sein du groupe de TD (généralement le même entre les cours, au premier semestre), s’est créée — comme durant les années collège ou lycée, où les premiers jours sont blancs avant que la mayonnaise sociale prenne. Les étudiants ont appris les prénoms, les intérêts de chacun (ou du moins, d’une bonne partie du groupe), des “groupes sociaux” se sont formées au sein de la classe. Puis vinrent les premières soirées étudiantes, rassemblant des étudiants de divers groupes de TD, réduisant ainsi les effectifs le vendredi. Et la vie suivit son cours, entre quelques amphis, de nombreux TD, et les à-côté de la vie étudiante.

Peu à peu, le groupe de TD s’est vidé, par les réorientations Image d'illustration Ça se vide. Un mois après la rentrée, les classes de L1 se vident déjà. L’Université compte déjà ses disparus. et départs de certains étudiants, le contenu des cours devint plus difficile à assimiler, et se différencièrent deux atmosphères : celle de travail, légèrement mortifère et déprimante, et celle de groupe, plus joyeuse, mais avec toutefois un peu de désarroi, lié aux inconvénients de la vie étudiante (fatigue, journées longues…).

La nuit, des lumières s’agitent, à quelques semaines des vacances, et vaquent à leurs occupations, sur le campus de l’université de Bordeaux.

La nuit, des lumières s’agitent, à quelques semaines des vacances, et vaquent à leurs occupations, sur le campus de l’université de Bordeaux.

Cependant, le temps passe vite, et c’est ainsi qu’arrive déjà la fin du semestre. Attendues, certes, ces vacances signifient aussi déjà la fin d’une petite aventure pour tous. Au retour des partiels, chacun ira dans le groupe correspondant à sa mention de licence. De cette expérience collective va se dessiner des parcours très individuels. Les TD seront moindres (les moyens étant mis sur le premier semestre pour l’adaptation uniquement), les cours en amphi beaucoup plus présents, diminuant ainsi considérablement l’esprit de groupe présent. Peut-être ne me fais-je que des illusions ? Qu’importe.

Au revoir premier semestre, je t’aimais bien quand même.

Photographie d'Adrien
AdrienTwitter
Amateur.
L’heure des partiels