La vie malgré la grève

Et un joyeux Noël

Noël à la fac

Il fait nuit à 18h, les arbres semblent morts, et il caille sa mère : pas de doute, on est en décembre. Les fêtes arrivent bientôt, et les villes se sont parées de leurs jolies (enfin, ça dépend) décorations de fin d’année, avec guirlandes, sapins et autres lumières. Les plus jeunes pensent déjà aux cadeaux qu’ils vont demander au Père Noël ; les moins jeunes réfléchissent aux cadeaux qu’ils vont offrir pour le 25… et au milieu, les étudiants s’occupent de leurs partiels qui approchent à grand pas. Le semestre touche déjà à sa fin, avec son lot de projets, examens sur tables et rapports à rendre avant la fin du mois, qui exaspère et angoisse tout le monde. Alors, tout le monde se met sur le qui-vive pour tenter de boucler les travaux, et de réviser le plus possible, avant les vacances. Le tout, dans une ambiance quelque peu festive à l’Université… Mais Noël est-il vraiment Noël quand on est étudiant ?

Mon sapin de Noël, réalisé avec les moyens du bord, en novembre 2018.

Mon sapin de Noël, réalisé avec les moyens du bord, en novembre 2018.

Ambiance

Pour moi, Noël est quelque chose de sacré, et chaque année, je suis enjoué à l’idée d’attaquer la période de fêtes. Non pas pour la fête chrétienne en tant que telle, mais pour l’atmosphère qui se dégage en cette fin d’année : l’obscurité arrive tôt, de nombreuses lumières parsèment le ciel comme des étoiles dans la nuit, et les gens sont plus joyeux (enfin, devraient l'être). C’est l’esprit de Noël !

Dès la fin novembre, je monte mon petit sapin avec quelques guirlandes et boules achetées à l’Ikea du coin. Pas un joli sapin, mais mon petit sapin à moi, qui trônera tout le mois sur le bureau de travail de ma petite demeure. Vient aussi une guirlande devant la fenêtre, pour les passagers des trains circulant à côté de chez moi. Le mois de décembre peut commencer !

Et décembre ne serait pas décembre sans sa grogne de fin d’année, un rituel bien français : gilets jaunes l’an dernier, grève cette année Image d'illustration La vie malgré la grève 5 décembre 2019 : on attendait le chaos. À Bordeaux, les étudiants ont fait avec. Chronique d’une journée presque ordinaire. … Et comme à Bordeaux on ne fait pas les choses à moitié, décembre bordelais avait rimé avec panne généralisée du tramway l’an dernier !

Décembre, c’est aussi la saison des marchés de Noël et autres animations de ville ! Déguster du vin chaud, des chocolats, se prendre en photo avec le Noël pour une dizaine d’euros seulement… La belle vie !

Contrambiance

Seulement voilà. Décembre rime aussi avec fin de semestre, et fin de semestre rime avec notes à attribuer. Et pour les nombreuses matières qui ne notent pas qu’avec des partiels, le travail commence bien tôt, avec des rapports à rendre, des projets à boucler, des oraux à présenter, ou des tests et autres examens sur table à effectuer avant les premiers jours des vrais partiels, qui eux commencent… dès le 19 décembre. En effet, contrairement à l’an dernier et comme on pouvait se l’imaginer, les partiels des étudiants sont à cheval entre la fin de l’année civile, et le retour des vacances : là où les étudiants en première année auront leurs examens fin janvier (en raison de la fin des rattrapages, supprimés grâce au nouvel arrêté licence), les L2 ont des examens sur ces deux semaines avant et après Noël ; les L3 intégralement à la fin décembre.

Dès lors, les dates butoirs des différents contrôles continus arrivent vite. Et ils sont nombreux : rapport d’ouverture professionnelle, une unité d’enseignement de quelques heures ayant pour but d'élaborer son projet d’avenir ; projet d’informatique appliquée aux mathématiques ; bilan d’une matière d’ingénierie… Et tout ceci, alors que les cours continuent encore pour l’heure, en ce début décembre. Les étudiants se plaisent alors à médire leurs travaux et à conter leurs heures perdues pour des fichiers PDF qui ne valent qu’un seul crédit ECTS sur 30*, heures qu’ils pourraient passer à réviser les examens. Il est important de rappeler qu'à la fac, aucune note ne peut être éliminatoire : un zéro à cette UE à 1 crédit n’empêcherait pas (en tout cas à Bordeaux) la validation du semestre. Mais cela ne fait pas beau sur le dossier, ni pour le jury…

« OH PUTAIN L’OP ! »
Un étudiant à la mi-décembre, quelques jours avant la date butoir de rendu… et les partiels.

Quelques-uns avaient déjà prévu le coup, d’autres recyclent des projets déjà faits pour s'économiser du temps, mais pour la majorité des étudiants, tout ceci est un long travail pénible, qui prend du temps. Adieu la Fête des Lumières cette année, à plus tard les marchés : les achats de Noël attendront après les partiels. Les soirées sont passées à compléter les rapports, les week-ends à fignoler les projets, avant de les présenter en semaine devant un public qui attend la fin d’année.

Une fois ces projets passés… l’heure n’est — toujours — pas à la fête. Nous sommes alors à la mi-décembre, et la moitié du semestre se joue une semaine plus tard, la veille des vacances. Vient alors pour tous une semaine de révisions intensives pour comprendre les tenants et les aboutissants du programme des UE du semestre, grâce notamment aux annales de la matière et autres livres mathématiques sur la matière en question, empruntés à la bibliothèque : rien de mieux pour réviser !

Ambiance

Pendant ce temps, dans les couloirs de la fac, se dresse une ambiance de Noël. Les associations étudiantes ont organisé plusieurs animations dans les couloirs du A22 durant la semaine précédant les vacances : jeux de société tous les midis, distributeur de pop-corn, karaoké, et même stand de raclette. Le bureau de la vie étudiante, qui les chapeaute, projette un film début décembre. Les restaurants universitaires proposent même des petits bonus cette semaine, avec en point d’orgue le repas de Noël, rare jour où le dessert n’est pas payant*. Depuis la rentrée, le CROUS de Bordeaux - Aquitaine a décidé d’harmoniser sa politique de menu au RU… en faisant payer le pain 10 centimes, ou en imposant comme seul dessert inclus dans le ticket RU les yaourts et autres fruits. Les autres (pâtisseries) coûtent 1 € 50. Forcément, l’initiative fait sourire, et emmène du baume au cœur d'étudiants qui peuvent ainsi profiter quelque peu de l’esprit de Noël, que l’on pensait initialement gâché à cause des grèves qui auraient pu saborder les effectifs, des restrictions budgétaires ici et des fermetures administratives de l’autre côté du tram. Il n’en est rien.

Contrambiance

Néanmoins, et malgré ces animations bienvenues, les étudiants n’ont pas la tête à la fête. Dans quelques jours, les partiels tomberont, et durant cette dernière semaine avant les vacances, la fac se retrouve très peu remplie, encore moins qu’en période de grève sans doute. Les cours ont disparu des emplois du temps, par volonté d’aménager une période de révisions ; les oraux sont passés, les heures de TD ont été écoulées ; tous les étudiants sont donc chez eux ou à la bibliothèque universitaire, à réviser, travailler, bachoter pour les partiels de fin d’année. Mathématiciens, informaticiens, chimistes se retrouvent à la caféteria, quelque fois, pour décompresser entre deux annales. On y parle de tout et de rien pour oublier, en se plaignant du bruit insupportable des caisses du CROUS tout en prenant des nouvelles de chacun… même si certains préfèrent rester la tête dans les cahiers, quitte à ne pas manger.

Difficile alors, en ne venant pas à la fac, de profiter de ce qui y est proposé. Les étudiants pensent à leurs examens, et aussi fortement à leur billet de train qui va être annulé par la grève, pour retourner chez eux. Là, ils fêteront Noël en famille. Puis le Nouvel An entre amis du pays, souvent. Puis ils reviendront la tête dans les cahiers, pour le dernier rush, celui des premiers examens de 2020… Tout ceci semble si loin à en parler, à cause du mur des premiers partiels qui arrive ; mais si proche en réalité. Le semestre se finit dans trois semaines, et dès le 13 janvier, tout sera redispatché !

Nul le temps alors de profiter de Noël à Bordeaux pour l’instant. Certains trouvent l’occasion de faire des courses sur internet, d’autres s’en sont occupés très tôt avant décembre. Pour les autres… les cadeaux attendront les partiels.

Ambiance !

En ce 20 décembre, jour de partiels, les têtes sont moroses avant le premier examen, étonnées et joyeuses entre le premier et le second, puis choquées et déçues après le dernier. Telle est la dure loi des partiels Image d'illustration L’heure des partiels C’est le passage obligé à l’université : les partiels sont le moment damné, redouté, où tout peut se jouer. De quoi bien faire stresser. qui ont joué leur tour aux étudiants, malgré des jours de révision. On peut se rassurer en disant que la compensation aidera, que les nombreux rapports et projets rendus préalablement réduiront la branlée, et surtout que les partiels ne sont pas terminés — il en reste encore deux à la rentrée.

Toutefois, à 17 h 30, au sortir de l’examen de l’après-midi… la tête n’est vraiment plus aux examens. Certes, quelques étudiants comme moi ont des regrets, surtout après avoir échangé avec des camarades. Mais le mois de décembre à la fac est fini ! Et quoi de mieux pour se vider les esprits que de monter au marché de Noël de Bordeaux, faire ses emplettes et en prendre plein les mirettes avec de jolies décorations et une bonne déambulation de la ville de nuit. Dès le lendemain, les étudiants partiront tous dans leur chez-soi natal, à Agen, Barcelone, Carcassonne ou Tirana (Albanie), profiter de leur famille et de leurs vacances qu’ils ont méritées. Après quatre mois de cours un peu plus intensifs qu’au précédent semestre, l’heure est venue de… se reposer. Reprendre des forces, pour la dernière vague de partiels, mais surtout en vue de la future année à venir : la plus difficile. D’après les retours des prédécesseurs, le semestre 4 est celui de la césure, de la faille, du trou béant qui se crée entre les étudiants. La cassure du rythme, beaucoup plus soutenu dès le mois de janvier, désormais que les étudiants se sont tous spécialisés pour de bon dans leur discipline de licence*. À Bordeaux, les étudiants ont dû choisir au S4 leur domaine de prédilection : mathématiques fondamentales, ou ingénierie mathématique. Dernière spécialisation, avant le choix d'UE spécifiques pour les masters, en fin de L3. Gardons ce temps pour nous, pour faire les tâches que l’on doit effectuer, pour dormir un peu, voire beaucoup, et ainsi se requinquer, et surtout pour enfin prendre goût à l’esprit de Noël qui nous a manqués jusqu’alors en décembre. La fin d’année arrive. Quelques-un feront la rétrospective de leur année, beaucoup ne feront qu’attendre 2020. En espérant qu’elle soit une bonne année !

Joyeuses fêtes à toutes et tous. ⭐

Les décorations de Noël sur le cours de l'Intendance à Bordeaux, en décembre 2013.

Les décorations de Noël sur le cours de l'Intendance à Bordeaux, en décembre 2013. · Jonathan VINDIOLET

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