Des papiers, des p'tits papiers
Me voilà arrivé à Lund depuis bientôt deux mois déjà. Je n’ai pas encore écrit d’articles dessus, souhaitant finir avec cette introduction à la série, et la préparation au départ en Erasmus… mais je dois avouer qu'être seul dans un pays étranger, malgré la présence chaleureuse de nombreux voisins au sein de ma résidence étudiante, ne me motive pas à l'écriture de ces longs articles de préparation, qui me paraissent pourtant essentiels afin d’aider les futurs étudiants dans l’organisation de leur séjour en Erasmus (ou ailleurs, même s’il y aura probablement plus de problèmes hors-Europe…).
Aujourd’hui, j’ai enfin trouvé la motivation d'écrire cet article, qui va être long mais que je vais tenter de raccourcir le plus possible, sur les étapes que j’ai dû traverser pour pouvoir arriver à avoir la lettre d’acceptation, le graal qui signe votre départ à l'étranger. Car il ne suffit pas de choisir une ville pour pouvoir y partir. Avant cela, c’est un long fleuve décidément pas tranquille qui attend l'étudiant, souvent confronté à des documentations pas mises à jour… mais qui peut souvent compter sur sa hiérarchie.
1) Le choix des cours
Première obligation, et non des moindres, car c’est elle qui va définir votre départ en mobilité : le learning agreement, ou contrat pédagogique, c’est-à-dire la liste des cours que vous souhaiteriez prendre à l’université d’arrivée. Malgré les choix personnels que vous avez pu élaborer précédemment, c’est souvent cet élément qui va être bloquant dans le choix définitif d’une université. En effet, en France et contrairement à de nombreux pays, les licences sont souvent des tunnels où on entre d’un côté et on ressort (après quelques bifurcations) diplôme en main. Contrairement aux autres pays, la plupart des étudiants — en science en tout cas — ne peuvent choisir de prendre telle ou telle matière et de composer ainsi à la carte leur licence. Cela est un problème pour composer son contrat pédagogique, car souvent, les coordinateurs requièrent donc que les cours reçus à l'étranger… correspondent plus ou moins à ceux dispensés en France. La théorique liberté de choisir les cours que l’on souhaite à l'étranger est ainsi contrainte pour la dure nécessité d’avoir un diplôme équivalent en France, et de ne pas souffrir de lacunes pour la sélection en master : le programme des licences dépend certes des universités, mais en restant dans une ville on ne peut que s’attendre à avoir des cours de master requiérant presque l’intégralité des cours de licence… qui pourraient faire défaut à l'étranger.
Cette notion doit être au cœur des réflexions lors de la sélection des vœux d’universités… et est surtout l’origine de nombreux maux de têtes, les syllabus des cours étant souvent cachés au fin fond de rubriques obscures des sites web des universités. Prenons le point de vue d’un étudiant étranger voulant s’installer à Bordeaux : les contenus des cours dispensés en mathématiques est caché derrière une dizaine de clics, le programme n'étant disponible qu’en français. Le parcours même des licences n’est accessible presque que par une recherche Google…
C’est ainsi qu’il fut difficile initialement pour moi de trouver une université convenant à mes besoins. La plus proche fut l’Université d’Utrecht, mais comme conté dans le précédent épisode, Bordeaux n’avait pas de partenariat avec, et Utrecht ne souhaitait pas un partenariat supplémentaire avec une université française. En Europe et ne pouvant pas choisir une université britannique en raison du Brexit, mon seul choix se retrouvait être les universités suédoises. Mais là encore, il fallait jongler avec les correspondances des cours. Umeå s’est retrouvé être une non-solution pour moi, presque rien ne correspondant avec ce qui était enseigné en France. In fine, je n’ai pu faire que deux choix : Lund et Stockholm, avec à chaque fois des correspondances un peu alambiquées, comme ce cours de géométrie différentielle que je prendrai à l’automne… qui requiert des notions vues au printemps suivant, à cause d’un décalage d’un semestre par rapport aux cours français. Mais après plusieurs allers et retours entre les sites internet, mes coordinateurs internationaux à Bordeaux et le directeur de la licence (qui a le mot final !), je me suis retrouvé avec les syllabus suivants, retranscrits ci-dessous si nécessaire :
Commentaire a posteriori : lorsque deux cours représentent un cours à Bordeaux, c’est que je n’avais pas fait de choix à l'époque. Lund requiert pour chaque cours d’avoir une alternative en cas de problème (d’emploi du temps notamment), donc cela n’a pas été un si grand problème ; et les learning agreements sont malheureusement faits pour être changés. C’est ce qui m’est arrivé à Lund, en réalité, et pour chacun des semestres : un problème d’emploi du temps m’a contraint à prendre Discrete Mathematics et à abandonner Linear Analysis, et un changement à compter de l’année 2020–2021 dans le calendrier des cours m’a fait compenser ce problème, remplaçant Probability Theory par Fourier Analysis… alors que je n’aurai pas fait d’Analytic functions juste avant, car étant de 15 crédits et non 7.5 ! Au final, mon contrat pédagogique aura été changé trois fois pour l’heure, et je ne connais pas encore l’emploi du temps des cours au printemps… mais cela fait parti des aléas des années en Erasmus, chose que l’on ne retrouve pas trop en France grâce à ses syllabus prédéfinis.
D’autres considérations plus pratiques pourraient être racontées : doit-on avoir 60 crédits ECTS ? doit-on avoir un équilibre entre les semestres ? les prérequis des cours doivent-ils être respectés ? Cependant, tout cela dépend réellement de chaque université, d’accueil comme d’arrivée. Lund par exemple n’autorise pas de prendre plus de 30 crédits par semestre (sauf pour une à deux UE d’apprentissage du suédois, que je recommande d’ailleurs !), ce qui impose un nécessaire équilibre entre les deux semestres. N’hésitez pas à contacter votre bureau des relations internationales… et préparez-vous à de nombreux changements (moins si vous ne restez qu’un semestre), car partir à l'étranger pour poursuivre ses études est presque toujours sujet à surprise…
2) Le dossier pour Bordeaux
La seconde étape, qui a lieu plus ou moins en même temps que la recherche d’un bon contrat pédagogique, est l'élaboration du dossier pour l’Université mère. C’est elle qui décide d’où vous partirez, et en principe le reste n’est que formalités, sans possibilité de refus de la part de l’université partenaire si les conditions d’entrée sont réunies. Ce dossier pour l'étranger doit alors être bien étoffé et complet, pour pouvoir partir dans l’université de ses rêves et non une faculté B — qui peut être un cadeau empoisonné, selon le budget ou le contrat pédagogique négocié…
À l’heure actuelle, l’Université de Bordeaux requiert :
- photos d’identité ;
- passeport (ou carte d’identité si séjour en Erasmus) ;
- contrat pédagogique signé par les coordinateurs ;
- lettre de motivation à rédiger en français, à l’intention de la direction des relations internationales ;
- relevés de notes officiels depuis la L1 ;
- un budget prévisionnel établi pour chaque ville demandée ;
- un justificatif de langue selon le niveau demandé par l’université partenaire.
L’essentiel du dossier n’est pas compliqué à obtenir, alors je vais m’attarder directement sur les conseils pour quelques-unes des pièces.
Passeport
Si vous souhaitez faire une année d'études en Erasmus, n’hésitez pas à faire votre demande de passeport tant que vous êtes mineur. La période de validité sera certes limitée à 5 ans et non 10, mais vous ne paierez que 42 € en timbre fiscal, contre 86 € pour une personne majeure…
Budget prévisionnel
Ceci est une demande de la part du staff des relations internationales, afin de faire prendre conscience aux étudiants du coût d’une année à l'étranger… d’autant plus que la décision d’attribution ou non d’une bourse Erasmus ne survient qu’après le départ à l'étranger ! Ce budget prévisionnel n’est pas contraignant, mais il incite à réfléchir sur le coût de la vie dans le pays souhaité. Il est naturel qu’une année aux États-Unis coûtera excessivement plus cher que mon séjour en Suède, qui lui-même sera vraisemblablement plus coûteux qu’une année dans les pays d’Europe de l’Est. Le choix de la destination ne dépend ainsi pas que de la volonté de découvrir un pays (ce qui peut être facheux, mais est la dure réalité), mais aussi des conditions financières de soi-même et de ses proches.
Pour ma part — même si je ferai un article consacré à mon budget en Suède, à la fin de mon séjour —, j’avais prévisionné près de 9 000 € de dépenses, dont la moitié serait compensée par mes bourses françaises, déjà sanctuarisées (CROUS + aide au mérite*) L’aide au mérite est une bourse de 900 € par an (divisé en 9 mensualités), renouvelée durant trois ans, donnée à tous les étudiants boursiers ayant obtenu la mention Très bien au baccalauréat. Elle se cumule avec toutes les autres bourses (qui sont conservées durant une année à l'étranger !). . Dans le fond, ces 9 000 euros de dépenses ne représentent pas considérablement plus que mes deux précédentes années d'études à Bordeaux, en raison du loyer élevé dans la capitale girondine et des coûts de transports pour revenir régulièrement chez moi, que je n’aurai pas ici. De plus, prévoyant déjà de tout faire ou presque en vélo, le coût “transport” me serait revenu peu cher… Voilà le budget prévisionnel que j’avais composé pour Lund :
- déplacements jusqu’au pays d’accueil :
0 € (pass Interrail)200 €* J'étais censé profiter du dispositif DiscoverEU, qui offre aux jeunes de 18 ans un pass Interrail pour découvrir l’Europe en train, mais la date de validité des billets a été reportée en raison de la crise sanitaire. ; - déplacements de confort/loisirs : 400 € ;
- transport sur place (ie. achat et réparations vélo) : 200 € ;
- hébergement : 5 000 € ;
- nourriture : 1 500 € ;
- achats de tourisme & de confort : 500 € ;
- assurances complémentaires : 200 € ;
- abonnements : 600 € ;
- autres frais : 500 €.
Spoiler : je suis à considérablement moins que cela !
Justificatif de langue
Halte ! pourrait être le maître-mot en ce qui concerne les justificatifs de langue. Cette notion est centrale car ne pas posséder le justificatif de langue demandé peut être fatal pour certaines demandes. Les certifications de langue constituent en effet une jungle, qui profite bien à quelques entreprises dont c’est le métier de produire des tests, coûtant parfois plusieurs centaines d’euros, et dont la seule plus-value est… la reconnaissance par les universités. Les intitulés sont parfois trompeurs : quelles sont les différences entre les TOEIC, ITP TOEFL, IBT TOEFL, sans oublier les tests de Cambridge (IELTS) et autres certifications au CEFR ? Bonne question, dont je n’ai pas la réponse.
Vérifiez bien les certificats demandés par votre université d’arrivée, et surtout de potentielles équivalences avec le baccalauréat français ! Il n’est ainsi absolument pas rare, et presque la norme dans les universités de l’Union Européenne, que le baccalauréat français puisse servir comme certificat de langue. En effet, théoriquement, le baccalauréat équivalent au niveau B2 du cadre européen commun de référence pour les langues (CEFR), voire au niveau C1 pour les bacheliers titulaires d’un bac L avec anglais approfondi… Est-ce que tous les bacheliers savent parler couramment anglais ? Non 😁
Ce tour de passe-passe peut néanmoins vous éviter d’avoir à passer une certification, et ainsi payer plusieurs centaines d’euros (dans le cas du TOEIC) pour prouver que vous connaissez la langue de Shakespeare. Ainsi, en Suède, tous les baccalauréats généraux et technologiques français sont acceptés, sans même regarder la note d’anglais, comme preuve pour éviter d’avoir à passer l'IELTS ou le TOEFL.
Parfois, votre université vous fera même passer et payer un diplôme qui est totalement inutile pour votre avenir : c’est ainsi qu’en début de L2, nos enseignants d’anglais nous avaient fait passer le test ITP TOEFL, qui n’est demandé car quasiment personne car ne comprenant pas de partie orale (n'évaluant que la compréhension écrite et orale), ce qui avait tout de même coûté à chaque étudiant 43 €. Le test n'était que facultatif, mais semblait tellement recommandé par les enseignants… alors que personne n’en voulait, sauf l’Université de Bordeaux elle-même, pour qui le baccalauréat n’est pas un diplôme d’anglais ! Une situation un peu absurde, d’autant plus que l’Université de Bordeaux disposerait d’un test gratuit de niveau d’anglais (dont j’ai perdu le nom)… Le maître-mot reste donc de faire attention à cette notion pour éviter de voir s’envoler des dizaines d’euros au profit d’organisations à but relativement lucratif 🙃
Lettre de motivation
Je suis motivé.
En réalité, cette lettre de motivation se veut surtout le moyen pour la direction des relations internationales de l’université de comprendre pourquoi vouloir partir à l'étranger, et pourquoi dans ce pays. Il n’est pas intéressant de les convaincre de l’utilité de partir à l'étranger — ils doivent bien le savoir ! — mais plutôt de parler de l’expérience qu’elle peut apporter pour son projet professionnel plus tard, ou de la volonté de découvrir tel ou tel pays dans le cadre de ses études. À titre personnel, j’ai ainsi bien appuyé sur l’aspect “culture cyclable” que représente la Suède pour moi, qui sera très intéressant pour mon futur associatif. Et cela sans compter la beauté des territoires scandinaves, la Laponie à portée de train (de nuit) ou le plaisir de profiter d’une université en Europe avec une histoire et un patrimoine mémorables, tout en restant à une proximité relative de mon chez-moi (pour y aller en train, cf. épisode à venir) :)
Ce dossier complet a été envoyé à la fin février, après moult péripéties dues comme précédemment mentionné aux considérations préalables pour les Pays-Bas Pourquoi je ne voulais pas aller à Lund Je suis désormais installé à Lund (Suède). Mais cette université n'était pas mon vœu originel : récit de mon épopée à travers les partenariats Erasmus. , puis à ma volonté de ne léser personne, et ce sans compter sur des coordinateurs parfois pas tous d’accord sur les cours à prendre… mais le résultat est là :
3) Le dossier pour Lund
Thank you for your interest in coming to Lund University as an exchange student. You are now required to complete an online application.
Ce mail reçu le 31 mars dernier m’a fait enchaîner plusieurs émotions : l’euphorie, avant la première lecture, puis une bonne crise de panique dès les premiers mots découverts en diagonale. Pourtant a posteriori, le dossier à remplir pour Lund n’est pas si énorme. Jugez par vous-même : relevés de notes, CV, statement of purpose, liste des UE de l’année en cours, certificat d’anglais, copie du passeport… et évidemment, les cours demandés à Lund. Mais évidemment, tout n’est pas si simple que de téléverser des fichiers PDF sur un site internet. Avant se pose de nombreuses questions, des interrogations, des moments de doute voire une crise de panique devant des interfaces pas toujours compréhensible.
Découragé
Première des paniques : il faut tout traduire en anglais. Cela est évident et semble facile, mais cela pose plusieurs interrogations : est-ce à moi de tout traduire ? dois-je passer un traducteur officiel, notamment pour le diplôme du baccalauréat ? est-ce que je me fais suffisamment confiance pour traduire mes documents officiels, les intitulés exacts de mes UE ?
Deuxième moment d’angoisse : je n’ai jamais écrit ou composé de CV. C’est peut-être une erreur ; à ma décharge, je n’en ai jamais eu besoin, et je pensais même ne jamais avoir à écrire un CV de ma vie (souhaitant devenir prof). J’ai fort heureusement quelques expériences, grâce à mon stage d'excellence La fac après la fac Rester à la fac en juin pourrait être d’un ennui. Mais c’est l’occasion de découvrir son campus sous un autre jour. ou mon engagement cyclable… mais devoir créer ex nihilo son curriculum vitæ à vingt-cinq jours de la date butoir ne rend pas immédiatement heureux.
Dès le premier jour de disponibilité de la procédure d’inscription à l’Université de Lund, j’ai commencé les démarches, notamment à remplir mon contrat pédagogique sur la plateforme SoleMOVE, qui centralise les demandes d’admission pour les étudiants Erasmus en Suède. Mais une fois la documentation lue vient vite un première problème, qui me pousse à la crise de panique : mes cours n’apparaissent pas. Aucun de mes cours de mathématiques n’est disponible. À ce moment-là, on se demande légitimement : est-ce que je n’ai pas fait une erreur ? est-ce que les cours sont bien disponibles aux étudiants Erasmus ? est-ce que j’ai fait tout cela pour rien, et vais-je devoir tout abandonner ? L’heure est à l’angoisse, à la panique, à la fatigue. Et à envoyer un mail au staff en Suède, en espérant ne pas avoir de réponse (trop) négative.
We have identified the bug, it should be solved today. Kindly wait until tomorrow to apply for courses.
Putain.
Rebelote le lendemain, avec encore les trois quarts des cours qui ne sont pas disponibles. Un nouveau mail me répondra plusieurs éléments : certains cours ont changé de code (notamment suite à l'évolution des périodes d’enseignement, quii me sera fatal plus tard), et les matières de printemps ne peuvent pas être sélectionnées encore — il faudra attendre l’automne prochain.
Pfiou.
Statement of hell
La dernière raison de paniquer vient de ce Statement of Purpose demandé par l’université. Qu’est-ce ? Google ne m’aide pas vraiment, Linguee ne me traduit pas réellement le terme, et me voilà perdu dans la toundra des statement of purpose Erasmus. Visiblement, ce n’est pas une lettre de motivation au sens strict du terme (que l’on traduirait en anglais par cover letter), mais plutôt une « lettre d’intention », qui justifierait le choix de l’université, et résumerait sa précédente carrière. Une recherche sur internet montre que ce terme se retrouve souvent dans les candidatures Erasmus, à en lire les ressources (en anglais) « Comment écrire une Statement of Purpose réussie », « 10 Astuces Pour Écrire une Statement of Purpose » ou ces conseils d’autres universités ou étudiants. Il est probable que cela soit demandé par toutes les universités suédois, à la vue du nombre d’articles en parlant (qu’elles soient nommées Statement of Purpose, Personal Statement ou autre). À ce sujet, je recommande cet article sur le site Study in Sweden :
Dans ma lettre, j’aurai parlé de mon engagement cyclable (encore), de ma passion pour la photographie (vive la Suède), de leurs excellents cours en mathématiques (instant hypocrisie) et de l’importance d'études à l'étranger pour découvrir d’autres cultures (on a vu plus convainquant). Stressant, d’autant plus que cette lettre doit être rédigée dans un anglais à peu près académique, avec de jolies formules de politesse comme ce “To whom it may concern,” ou encore cette conclusion :
I would like to send my honor and my best wishes to you.
Vive la Suède. 🇸🇪
Envoyé
Faire tous ces papiers, relire, tout relire, encore une fois, en anglais, à tête reposée, encore, pendant le confinement La fac, mais sans la fac Journal de quarantaine : première semaine. La France se confine, mais la vie suit son cours. Difficile pourtant de continuer à étudier dans ces conditions… … prend du temps. Le tout alors que les cours continuent Je suis fatigué Retard, difficultés et isolement : après cinq semaines, le confinement commence à peser sur le moral des étudiants. , et que les examens approchent à grand pas. L’envoi final des documents est chaque jour reporté, par une énième vérification pour découvrir qu’on a fait des fautes bêtes, de petites erreurs. Des typos qui apparaissent évidemment comme une maison, une fois les papiers transmis.
Mais le clic final sur le bouton d’envoi des documents est comme une libération. Pendant plusieurs semaines, je peux me concentrer sur mes cours et les examens qui suivent — ne pouvant pas avancer sur les autres démarches avant d’avoir la lettre d’acceptation de la part de l’Université de Lund.
4) PAS de dossier pour la Suède
L’un des avantages à rester au sein de l’Union Européenne pour une mobilité à l'étranger, c’est de ne pas avoir à faire de dossier long et complexe de demande de visa. Seule la carte d’identité m’aurait suffit ! J’ai tout de même fait de nombreuses recherches pour en être certain, que je peux résumer ici.
Il faut savoir qu’au sein de l’espace Schengen, tout un chacun peut rester dans un pays sans visa avec comme seul document une pièce d’identité, pendant trois mois. Les règles diffèrent peut-être ensuite entre les pays, notamment en raison du contexte terroriste (?) qui a poussé à des règles plus strictes chez certains. Toujours est-il qu’en Suède, tout séjour de moins de douze mois dans le cadre des études peut se faire sans demande de visa ou passage par l’immigration, la lettre d’acceptation (et le numéro d’identité temporaire) faisant foi. À partir d’un an de séjour (ie. si vous souhaitez faire vos études là-bas), il faudra passer par le bureau de l’immigration suédoise afin de se voir délivrer un numéro d’identité, sésame nécessaire à l’obtention d’un compte en banque, de l’application Swish (qui permet des transferts de monnaie entre citoyens suédois) et d’autres éléments intéressants… qui manqueront donc aux étudiants en échange, comme moi.
En cette période trouble de pandémie à coronavirus Coronavirus : l'ascenseur émotionnel Jeudi soir, le Président a annoncé la fermeture à venir des universités en raison de l'épidémie. Récit de 24 heures folles à la fac. , il m’aura simplement fallu ma lettre d’acceptation pour traverser le Danemark, qui a tout de même autorisé le transit par son pays, sans test obligatoire, pour rejoindre la Suède, à condition d’avoir un justificatif. Et… c’est tout. J’avais tout de même fait un passeport, pour plus de sérénité, mais il ne m’aura pas fallu compléter de dossier, de questionnaire antiterroriste d’entrée, de cotisation pour un formulaire sombre. Je suis littéralement entré en Suède, avec mes papiers français, sans peur d'être contrôlé et renvoyé à la frontière. Vive l’Union Européenne !
5) Dossier pour la bourse Erasmus
Voir dans un prochain épisode :)
6) Dernières formalités
Le jour où j’ai reçu ma lettre d’acceptation a été un jour de soulagement. Nous sommes à la mi-juin, ce qui est considérablement tard par rapport à d’autres universités ; les cours reprennent dans deux mois, dès la mi-août à Lund, et depuis plusieurs semaines déjà je reçois des mails de la part de l’université de Lund, nous aidant à notre arrivée et nous prévenant des conditions d’accueil en lien avec la crise sanitaire… mails qui débutent tous par ce petit désespoir :
Please note that this is not a letter of acceptance.
Ce délai est relativement normal. L’université de Lund privilégie d’abord le traitement des dossiers d'étudiants ne venant pas de l’Union Européenne, qui eux ont à demander un visa auprès de l’agence des migrations suédoise (Migrationsverket) — ce qui prend beaucoup plus de temps. J’avais de toute façon été prévenu dès la fin avril : les dossiers venant d'étudiants européens ne seraient pas traités avant juin. Mais que le temps est là, d’autant plus que l’on n’est pas sûr de pouvoir aller en Suède, tant que l’on n’a pas ce fameux sésame… Le prix des billets d’avion ou de train augmente, et avec la peur d'être recalé, de ne jamais recevoir de réponse, d’avoir fait une erreur. Une angoisse permanente, à mesure que les jours s'égrennent avant le jour d’arrivée (Arrival Day), prévu le 17 août.
Mais ce jour est arrivé.
Après la réception de la lettre d’acceptation, tout s’est subitement accéléré : j’ai eu à faire compléter et envoyer une attestation de départ, par le directeur de la licence, pour certifier que je ne suivrai pas les cours à Bordeaux l’an prochain, recompléter un learning agreement mais version Erasmus, ainsi que passer un test OLS, qui est un test d’anglais demandé par l’Union Européenne afin de faire des statistiques sur les progrès en langue étrangère effectué durant le séjour en Erasmus… et bien évidemment à faire toutes les autres démarches personnelles (téléphone, banque, assurance…) — mais j’y reviendrai dans un prochain épisode.
Dernier point mais non des moindres : tout envoyer aux directions des relations internationales de Bordeaux, et de Lund, et leur donner des nouvelles. Les équipes sont de très bons conseils (à Bordeaux, en tout cas !), donc ne pas hésiter à les remercier :)
Et me voilà ! Après plus de six mois de paperasse Erasmus en tout genre (et encore, je n’ai pas parlé des bourses), je suis venu à bout de l’administratif et peut profiter de mon séjour en Suède. Venir à bout… ou pas tout à fait, car d’autres papiers seront à remplir en toute fin d’année, pour évaluer mon niveau d’anglais, mon intérêt pour l’Europe, ou encore pour valider ma L3 à Bordeaux. Et c’est sans compter sur les modifications de contrat pédagogique, qui comme mentionné plus haut sont légions… Mais l’essentiel est là. Je suis fier du travail fait, et j’espère que cet article pourra en aider quelques-un.
Hej då!