Vivre, ou survivre
Trois semaines que les universités de France et de Navarre sont fermées Coronavirus : l'ascenseur émotionnel Jeudi soir, le Président a annoncé la fermeture à venir des universités en raison de l'épidémie. Récit de 24 heures folles à la fac. , que les habitants sont invités à rester chez eux, que le confinement généralisé a pris place sur le territoire, dans le but d'éviter une propagation monstre du coronavirus SARS-CoV-2, qui au dernier relevé a fait plus de 6 500 morts en France. Trois semaines que les étudiants vivent chez eux, dans leur résidence étudiante ou dans leur famille, et tentent tant bien que mal de suivre des études qui se poursuivent en ligne, avec plus ou moins de succès.
En trois semaines, l’engrenage s’est un peu rodé. Après la première semaine La fac, mais sans la fac Journal de quarantaine : première semaine. La France se confine, mais la vie suit son cours. Difficile pourtant de continuer à étudier dans ces conditions… qui a été vierge pour pratiquement tout le monde, le temps qu’enseignants et étudiants s’accordent et s’approprient les outils à utiliser, la promotion a réussi à prendre le train du numérique en marche. Ou du moins, une partie. On constate ici une grande disparité entre groupes de TD : le nôtre a réussi à fidéliser quasiment la majorité des étudiants, tandis qu’ailleurs, les enseignants font parfois état de plus de la moitié de disparus… Paradoxalement, la donne est la même chez les enseignants : certains refusent de rejoindre toute plateforme — Discord, notamment Faut-il utiliser Discord pour ses cours ? Pour suivre les cours durant cette période, nous nous sommes tournés vers Discord. Bien nous en a pris ! — par éthique… voire sont portés disparus. Lors de la réunion semestrielle des délégués de la promotion, l’un d’entre eux poussent un cri d’alarme : « Nous sommes sans nouvelles de notre prof de TD ! », dans la matière qui semblait en début d’année la plus compliquée à maitriser. Malgré les relances par mail et tentatives de prise de contact, rien… ce qui angoisse légitimement les étudiants, alors que la fin du semestre arrive — théoriquement — dans trois semaines.
Alors que nous avons passé le cap de la moitié de cette période de cours à distance — théoriquement, toujours —, l’heure est venue de faire un petit bilan de mi-étape, auprès des étudiants. Avec comme point d’orgue : comment le vivent-ils ? Alors que d’ordinaire, la population estudiantine est déjà très touchée par la dépression et l’anxiété, on ne peut que redouter les effets tragiques de l’isolement, de l’arrêt des regroupements, voire du manque d’argent qui peuvent arriver auprès de certaines personnes, qui travaillaient pour subvenir à leurs besoins et se retrouvent sans emploi, parfois sans chômage partiel. De plus, la difficulté de suivre des cours en ligne entraîne quelques-un à décrocher, ou au contraire à se remotiver, profitant de cette période étrange pour rattraper leur retard. Le tout, à conjuguer avec une vie réelle particulière, remplie de nouveaux tracas quotidiens…
La continuité pédagogique s’organise
Dans notre groupe de TD, la rapide organisation d'étudiants, ayant dès les premiers jours créé un serveur sur la plateforme Discord* Discord est une plateforme américaine de communication vocale et textuelle, initialement fondée pour la communauté vidéoludique, similaire à Slack ou Skype, et permettant de créer des salons de discussion en temps réel thématiques et ouverts à certaines personnes uniquement. et invité étudiants et enseignants à les joindre, a permis d'éviter un éparpillement des plateformes et une possible perte des étudiants qui se seraient découragés par manque d’informations. Néanmoins, nous sommes pratiquement les seuls dans ce cas. Tandis que les responsables eux-même de la licence informatique n’ont pas hésité à créer des serveurs Discord pour leurs promotions, avec développement rapide de robots permettant de vérifier les identités ou de tenir un calendrier de cours virtuels… les enseignants en licence mathématiques se sont quelque peu retrouvés livrés à eux-même, chacun y allant de sa méthode pour poursuivre les cours.
Jusqu’alors, comme mentionné précédemment, les pratiques étaient divergentes, voire même contrepédagogiques : un enseignant se filme en train d'écrire le cours (bien), tandis qu’un autre nous envoie des chapitres lourds de dix pages par semaine (moins bien), ou directement des notes de cours scannées à la main… Pire encore dans les matières transverses Chaque semestre, à Bordeaux comme dans de nombreuses facs, 6 crédits ECTS sur 30 sont dédiés à des matières communes à toutes les mentions de licence : anglais, sport, théâtre, créativité, ouverture professionnelle… , où un professeur souhaite des appels vidéos par Skype [sic], tandis qu’un autre effectue un tchat en ligne sur une plateforme universitaire, reproduisant son verbatim comme en cours.
Après trois semaines de rodage, les enseignants arrivent enfin à se rejoindre et à converger autour de bonnes initiatives, permettant à tous de suivre des cours sans être laissés seuls : dans plusieurs matières, le maître de conférence se filme en train d'écrire sur une feuille ou un tableau à sa disposition, et file son cours à vitesse humaine, via des vidéos hébergées par l’Université ; dans d’autres, les enseignants-chercheurs ont compris l’intérêt de Discord, qui permet de réunir plus d’une centaine de personnes dans un salon vocal, sans nécessité d’installer un logiciel ou d’effectuer des manipulations très complexes. C’est ainsi que ce mardi, un docteur m’a par exemple contacté pour lui configurer un mini-serveur Discord pour recréer une ambiance comme dans un amphithéâtre, l’histoire de quelques séances. Avec succès : plus d’une cinquantaine de personnes se sont retrouvées ce vendredi pour suivre un cours, où l’enseignant avait préalablement partagé une présentation en PDF. Certes, ce n’est pas l’intégralité des effectifs, mais cela correspond déjà à l’affluence des vendredis habituels…
En TD également, les groupes un peu à la traîne reviennent à des solutions plus efficaces que l’utilisation de tchats asynchrones sur Moodle* Moodle est une plateforme libre permettant de créer des communautés autour de cours en ligne. Ainsi, les étudiants d’une UE peut avoir accès à une page sur la matière en question, où peuvent être disposés fichiers, cours, vidéos… le tout intégré dans l'ENT de l’Université. . Le bouche-à-oreille fait petit à petit son effet, et progressivement les profs de TD, même ceux utilisant Zoom, viennent sur Discord, plus agréable à utiliser. Sans aller vers une totale harmonisation des pratiques, cet avancement est agréable à noter, permettant à chacun de n’utiliser qu’une seule plateforme, où sont agrégées les cours et les informations. Quitte à remplacer les mails… au grand dam de l’administration.
Étudiants en ordre dispersé
Face à cette désunion initiale, les étudiants avancent et travaillent… avec plus ou moins de succès. Il faut avouer ici que le simple confinement en a déjà perdu plus d’un. Ceux qui devaient rentrer chez eux coûte-que-coûte, ceux qui devaient travailler pour leurs études, ceux qui étaient en passe de décrocher, ont perdu une, deux voire trois semaines, largués à d’autres occupations que l’on imagine plus importantes en ces temps… Autre exemple, plus pratique, dans la promotion, où un étudiant est retourné dans son pays natal… mais a dû subir une quarantaine dans un hôpital après que son avion a transporté des porteurs du coronavirus.
Passé cela, c’est toute une gymnastique qu’il faut mettre en ordre de marche pour pouvoir travailler, et se motiver à travailler à distance. Comme dit précédemment, j’ai pris soin de refaire l’aménagement de mon petit chez-moi, pour isoler un espace dédié au travail, afin de créer des conditions propices aux études. Mon cas se retrouve, en pire, chez un certain nombre d'étudiants étant retournés chez eux et prenant donc en pleine face le cocon familial, incitant plus au repos qu’au boulot.
La motivation manque, mais les cours et TD continuent. Au fur et à mesure des jours se creuse cet écart entre ceux qui ont suivi dès le premier jour, et ceux qui ont attendu. Cela se ressent durant les séances de TD sur Discord : dans le premier épisode de ce journal, je me vantais d’avoir jusqu'à 25 étudiants en simultané pour un cours ; deux semaines plus tard, nous ne sommes pas plus d’une dizaine à chaque fois. Non pas car les étudiants ont décroché, mais car chacun avance à son rythme, et venir à des TD alors que l’on a une voire deux leçons de retard n’est en rien motivant. Ce « jetlag », comme on aime se l’appeler entre étudiants, chacun se l’apprivoise et se le crée. Pour beaucoup, le confinement est une occasion parfaite de tout remettre à plat, et de reprendre le semestre depuis le début. Je l’ai fait en analyse, où j’ai passé deux journées complètes à revenir sur ce qui avait été fait depuis janvier, ce qui m’a permis de comprendre — enfin ! — l’essence et les méthodes de résolutions de problèmes. Rebelote pour une amie en algèbre, elle qui avait abandonné cette matière (pourtant au coefficient le plus élevé) à la reprise des vacances par trop gros retard avec le cours. Les enseignants sont généralement conscients de ce retard, et ne prennent pas mal le fait de n’avoir qu’une poignée d'étudiants durant les horaires prévues de TD. Certains envoient des questions par mail, d’autres viennent de temps à autre à un cours pour en poser sur des notions vues des semaines auparavant, mais ce n’est pas grave — l’important pour chacun est de faire en sorte que l'étudiant ait mieux compris son cours. Tant pis pour la séance prévue.
Néanmoins, ce rattrapage peut se révéler coûteux. Pendant ce temps, le cours… se poursuit, et les feuilles s’enchaînent. Quelques étudiants arrivent à suivre, et ce sont eux qui font avancer le cours, et qui poussent à la diffusion de corrections. Ils ont d’autant plus raison que le semestre doit théoriquement se finir dans trois semaines, et les examens auraient dû avoir lieu dans un mois. De l’autre côté, tenter de suivre en temps réel la progression du cours tel qu’il aurait dû avoir lieu est une tâche hardue. Peut-être est-ce dû tout simplement au semestre 4 en lui-même — n'avions-nous pas été prévenus par nos aïeuls On est foutus Nouveau semestre, et non des moindres : le semestre du décrochage commence à Bordeaux. Quatre mois à tenir… ? Pour ma part, chaque semaine se creuse un peu plus le retard avec la progression des TD. Alors que l’on parle de théorème spectral ou de morphismes d’anneaux, je navigue avec une dizaine d’exercices et deux semaines de cours de retard, ayant voulu revenir aux basiques pour éviter d’avoir l’impression de comprendre, sans apprendre. Ce retard devient progressivement soûlant, donnant l’impression de ne pas y arriver, et étant largué en TD. Alors, on décroche, en faisant de cette journée de travail un break, creusant encore plus le retard avec le cours. Puis on se rassure, en constatant qu’au fond, c’est pareil pour la majorité de la promotion.
Quelques-un ont quant à eux carrément décidé de zapper les cours de la fac. Souhaitant progresser en solitaire, ils ne viennent pas ou peu sur Discord, se tiennent tout juste au courant des nouveautés, et étudient via des ressources en ligne, que cela soit polycopiés des enseignants des années précédentes, ou carrément vidéos et cours de sites spécialisés. Tant mieux pour eux si cela marche !
Une autre vie
En dehors des cours continue la vie réelle, celle de l’individu confiné chez lui. Que faire quand on doit rester chez soi, et que l’on ne souhaite pas passer ses journées à ne faire qu'étudier ? Les possibilités sont limitées, encore plus pour les jeunes qui sont restés dans leur résidence universitaire — à Bordeaux, ils seraient près de 2 000 encore dans ce cas.
Les étudiants s’occupent comme ils le peuvent. Un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain, joue aux jeux vidéo, comme on peut le remarquer à travers Discord*. Conçu pour les gamers, Discord détecte par défaut les jeux vidéo lancés sur l’ordinateur, et l’affiche à tout un chacun. Légèrement intrusif, ce comportement est désactivable (menu Activité de jeu). Ceux qui ont la chance d’avoir un jardin peuvent se permettre de sortir dehors, pour bronzer (comme une de mes enseignantes), ranger (comme mes propriétaires) ou tout simplement jardiner. Quelques-un font du sport depuis chez eux, jouent de la musique, ou lisent : un retour à la culture depuis chez soi. Et puis, il y a ceux qui s’emmerdent. Pour ma part, et pour éviter l’ennui, je vais profiter de la période pour me lancer dans la culture de mon levain — je commence ce soir —, avec l’espoir dans deux semaines de pouvoir manger mon propre pain, qui se conserve plus que ces foutues baguettes qui sèchent en vingt-quatre heures. D’ailleurs, ma boulangerie n’accepte plus les espèces, ce qui me contraint (ou plutôt, me permet, vu le contexte) de faire un kilomètre de plus pour aller chercher du pain…
Reste que ce confinement nuit beaucoup à l’humeur de chacun. Je fais partie de ceux, que je pense nombreux, pour qui l’absence de contact physique et le manque de lien social ont rendu les journées monotones, vides de sens. Armé de mon semainier, je vis chaque jour une routine, qui s’est créée, sans avoir de sentiments, bons ou mauvais. Comme si les émotions avaient été annihilées, mises elles aussi en quarantaine. Se lever, travailler, cuisiner, manger, travailler, cuisiner, manger, appeler ses proches, jouer un peu, et il est déjà 23 h. La journée est passée à toute allure, comme si le temps n’avait plus de sens.
« Mes journées, c’est : je me lève, je fais du sport, je travaille, je fais du piano, je travaille, je fais du sport. » — P., étudiant en maths
D’autres sont moins chanceux, et vivent considérablement moins bien cette routine. La répétition use, et peu à peu, des amis entendent des complaintes d’autres étudiants, qui peu à peu partent en déprime, décrochent, se sentent esseulés. Cela est d’autant plus vrai pour tous ces jeunes encore sur place, à Bordeaux comme dans les autres villes universitaires, loin de leur famille.
Face à cela, le CROUS Aquitaine et l’Université de Bordeaux ont débloqué des fonds, donnent des paniers repas et continuent de proposer des permanences téléphoniques et en visioconférence avec des psychologues et professionnels de la santé, pour éviter la triple fracture numérique, sociale et médicale. Régulièrement, des mails nous parviennent pour rappeler aux étudiants les aides dont ils peuvent profiter, et les contacts à appeler. Et c’est à saluer, l’Université a été réactive : aide de 200 € / mois pour les étudiants dans le besoin, 300 € pour l’acquisition d’un ordinateur, mais aussi cartes 4G, voire même bons d’achat Carrefour directement crédités pour des achats urgents. Les fonds viennent en partie de l'État, en partie de la CVEC, cet impôt existant depuis 2018 lors de l’inscription à l’Université, censé améliorer les conditions de vie des étudiants.
Surtout, un collectif s’est formé pour acheter et livrer des denrées alimentaires de première nécessité à ceux qui en ont besoin et ne peuvent passer par des démarches administratives parfois lourdes, notamment les étudiants allophones. Depuis deux semaines, grâce à une campagne Leetchi ayant collecté plus de 40 000 € pour l’instant, Solidarité : continuité alimentaire Bordeaux épluche les campus pour donner des packs de nourriture d’urgence à des jeunes, dont certains « n’avaient pas mangé depuis quarante-huit heures ». Trois kilos de féculents, pâtes, conserves, pour vivre quelques semaines. Car pour ceux restés sur le campus, les frais continuent : le CNOUS a annoncé la suspension des loyers pour ceux qui quittaient leur logement, mais les plus en galère, devant rester, continuent à le payer, tout comme les nombreux étudiants logés dans le privé. Et, en l’absence de restaurant, et face à de nombreux commerces fermés, impossible de trouver un boulot… Le collectif a reçu 700 demandes en quinze jours.
« Le CROUS n’a pas pris la mesure assez rapidement de l’urgence. » — Natacha, du collectif Solidarité : continuité alimentaire Bordeaux
Plus que jamais, ce confinement fait ressortir les inégalités sociales entre étudiants : accès à Internet, possibilité de rentrer chez soi, nécessité d’avoir un travail pour subvenir à ses besoins. En l’absence de boulot, nombreux sont ceux qui viennent, enfin, passer la porte du CROUS et faire une demande d’aide. Et, encore plus en ces temps de confinement, « la difficulté est d’arriver à capter les étudiants qui n’ont pas forcément le réflexe de se tourner vers » les aides universitaires, dixit Anne-Marie Tournepiche, vice-présidente de l’Université…
Examens : rendez-vous en juillet ?
Trois semaines après le début du confinement, nous ne savons toujours pas à quelle sauce nous serons mangés en fin d’année, concernant les examens. La réponse, censée venir cette semaine, a été reportée à la fin de la semaine prochaine. Les enseignants responsables des UE attendent les consignes de l’Université, qui attend en réalité… les consignes du Ministère, toujours pas actées, qui doivent être divulguées dans « les prochains jours ».
Une chose est sûre : il n’y aura pas d’examens en présentiel en mai. Depuis dix jours, une rumeur avance et se fait de plus en plus insistantes auprès des enseignants : même après le confinement, il ne serait possible d’organiser de partiels avant juillet. Une information officieuse, pas officielle, mais suffisamment sérieuse pour que les responsables nous confient les deux options posées sur les tables : des partiels en présentiel en juillet, ou des examens en ligne. La rumeur est fondée : le baccalauréat n’aura lui-même pas lieu à la fin du mois de juin…
Depuis le début de la propagation de la rumeur, en milieu de semaine dernière, la classe est divisée. Les enseignants, comme une certaine partie des étudiants dans mon groupe, ne souhaitent pas d’examens en ligne : peu fiables, cela ne serait qu’une invitation à tricher, à passer l’examen ensemble, ce qui falsifirait d’autant plus le classement. Cette dernière remarque est d’autant plus exarcerbée par les étudiants en tête de promotion, qui souhaiteraient rejoindre des écoles d’ingénieur par concours, ou pensent déjà à des masters prestigieux, et ne souhaitent pas que leur semestre 4 leur détruise cette opportunité. De l’autre côté, une majeure partie d'étudiants (dont moi) ne conçoivent pas des examens en juillet. Cela poserait trop de problèmes : les étudiants auraient quitté leur logement CROUS, ou devraient payer un mois de plus de loyer (qui n’est pas donné à Bordeaux !) pour passer une semaine d’examens ; ceux étrangers devraient revenir spécialement en France pour pouvoir passer leurs partiels ; nombreux sont ceux qui travaillent en juillet et août, et les employeurs préfereront prendre des étudiants disponibles sur la durée ; les possibles rattrapages des semestres 3 et 4, ayant normalement lieu fin juin, auraient lieu alors encore plus tard durant l'été… et que dire de ces deux mois, mai et juin, où les étudiants bloqués à Bordeaux devraient rester encore chez eux, mais sans avoir de cours, l’année étant terminée ? L’hypothèse d’examens en juillet a provoqué un tollé chez une bonne majorité d'étudiants du groupe, carrément stressés par cette idée.
Cette absence de décision est d’ailleurs en train de diviser frontalement les étudiants dans la promotion, et de « détruire l’ambiance des groupes de TD » (ce sont mes mots, au responsable de la licence). Étant délégué de ma promotion, je suis porte-parole et quelque peu psychologue des étudiants, auprès des responsables… et doit entendre deux discours opposés.
« Adrien, il faut absolument que tu fasses comprendre [aux responsables] qu’on est tous contre les examens en ligne, je compte sur toi…! »
« Non mais les examens en juillet, c’est pas possible… »
« On les fera en septembre au pire, mais pas d’examens en ligne ! »
Il y a quelques heures, ce même responsable nous a envoyé un message, pour nous confirmer être à l'écoute de toutes les propositions, mais être en attente de la lettre de cadrage de l’Université. Tout en sachant qu’une année blanche, ou un décalage de la rentrée de septembre, n'étaient pas une option. Petit à petit, dans la promotion est en train d'émerger l’idée de faire valider le semestre à ceux qui pensaient avoir réussi leur semestre ; ceux qui ne l’auront pas réussi se rateront au semestre 5 de toute manière. Jour après jour, étudiants font pression de leur point de vue auprès des enseignants de TD et des maîtres de conférence, qui y vont également de leurs pensées… démotivant tout le monde en même temps. La réponse viendra de Paris, probablement lundi. Et, dans tous les cas, fera beaucoup parler d’elle…