Tu quoque mi fili.
Il y a un rituel auquel bon nombre d'étudiants ne peuvent échapper, afin de créer une cohésion de groupe, et quelque part de perpétuer une tradition : le week-end d’intégration de la promo, organisé par les étudiants de l’année n+1
pour les entrants d’une nouvelle année. Véritable rite de passage dans les écoles privées et filières sélectives, il se fait moins à l’université, en raison du gigantisme des promotions au premier semestre, pleines de milliers de bacheliers, qui plus est lorsque l’Université s’articule autour de portails agglomérant les élèves. C’est ainsi que l’an dernier, je pensais logiquement que je n’aurais pas à faire avec un week-end d’intégration, impossible à organiser pour le millier d'étudiants en MISIPCG que nous étions.
Or, j’avais oublié de penser que je suis en parcours international à l’Université, qui est une branche du portail MISIPCG, sélective, ayant pour objectif de nous faire passer la troisième année de licence à l'étranger. Et ce parcours sélectif soude les étudiants, qui ont ainsi des cours supplémentaires en commun malgré les départs vers différentes filières dès le second semestre. Le parcours international étant un long fleuve sur trois ans, et les effectifs ne changeant pas… il devient ainsi plus facile et logique d’organiser ce rite d’entrée dans la secte des « PI » qui vient jouer les trouble-fête au milieu des promotions classiques. L’an dernier, les étudiants désormais partis à l'étranger nous avaient organisés une journée d'intégration Tu seras bizut, mon fils. Je ne pensais pas à avoir à subir un week-end d’intégration à la fac. J’ai été agréablement surpris. aux petits oignons, que nous avions globalement tous appréciés : une après-midi découverte, entre course d’orientation et défis à la con, dans divers lieux de Bordeaux, suivie d’une soirée dans un bar pour se retrouver et révéler les parrains et marraines des L1, système de parrainage également spécifique aux PI (qui n’a malheureusement ensuite pas duré pour beaucoup). Loin du bizutage que nous craignions à l'époque, cette journée avait permis de souder certains L1, surtout de parler aux L2 et d’en apprendre un peu plus sur ce parcours dont les tenants et aboutissants n'étaient pas connus à l'époque. Une journée qui reste pour sûr dans les mémoires de beaucoup d’entre nous, étant probablement l'événement qui lie le plus des étudiants à peine arrivés à l’Université.
C’est tout ainsi logiquement, pour perpétuer la tradition et vivre de l’autre côté cette journée que nous avons voulu, nous PI désormais en seconde année de licence, organiser notre journée d’intégration. D’apparence simple à organiser, c’est en réalité un petit calvaire lorsque les étudiants ne se voient pas régulièrement… mais pour une journée magique, avec un peu de chance.
Motivation
La première étape, peut-être la plus difficile, pour organiser un week-end d’intégration… est de commencer à s’organiser le plus tôt possible. Il y a là toute une problématique du temps : un week-end d’intégration doit avoir lieu suffisamment tôt pour éviter que les bacheliers soient trop rentrés dans la fac et aient déjà leurs premiers examens (qui arrivent en début du mois d’octobre à Bordeaux* Depuis cette année, les étudiants en première année n’ont plus de rattrapage, possibilité offerte par le nouvel arrêté définissant les modalités de la licence. À la place est proposée une « seconde chance », qui peut prendre la forme souhaitée par l’Université, ici, une semaine de partiels de plus par semestre. ) et ainsi profiter de leur… fraîcheur, mais tout en se donnant suffisamment de temps pour l’organiser, dès la rentrée. Il n’est pas étonnant que les premiers événements d’intégration affichés à la fac soient des soirées gérées par les associations étudiantes, plus simples à organiser que des journées complètes requiérant l’attention des participants. Dans les écoles privées, ou là où les promotions ne changent pas, ce week-end d’inté peut s’organiser avant même la reprise, via des groupes de discussion en ligne, permettant ainsi d’avoir lieu dès la première semaine de cours (voire avant la rentrée pour les plus chauds). À la fac… c’est plus compliqué, et les étudiants en L2, rentrés progressivement durant la première semaine de septembre, sont tous dispersés avant la rentrée ; les conversations Messenger, presques mortes.
C’est au bout de deux jours que deux étudiants ont commencé à prendre les choses en main, sans se concerter, pour réveiller la promo. Une étudiante en physique, que j’appelerai ici S., crée un groupe de conversation Messenger consacré à l’organisation d’un week-end d’inté, avec ceux dont elle savait qu’ils voulaient en organiser un. Ces derniers invitant des amis entrant également dans la démarche, le groupe grandit peu à peu, atteignant un petit tiers de la promotion. Parallèlement, un autre étudiant, un peu apeuré à l’idée que rien ne se fasse, et n'étant pas au courant de la précédente initiative, envoie un mail cette fois-ci à l’ensemble de la promotion, via la liste de diffusion de groupe, pour leur parler de l’organisation d’un tel week-end, et poser ainsi toutes les questions essentielles à cette tâche. En fin de compte, les deux initiatives se sont rejointes, le mail ayant permis au final de contacter des gens n'étant pas au courant du groupe Messenger, et c’est ainsi qu’une vingtaine d'étudiants (sur la cinquantaine de PI) commencent à s’organiser pour l’inté.
Vient ensuite une autre question tout aussi essentielle pour l’organisation d’un tel week-end d’intégration : la date. Tout est une question d'équilibre… et de disponibilité. En faisant le tour de Bordeaux durant le mois de septembre, on peut vite dénicher les groupes faisant leur inté, des flots de dizaines d'étudiants saupoudrés de farine ou déguisés à l’envi, visibles le plus souvent le mercredi, quelques-un le week-end. Pour nous, étant dispersés dans différentes filières, la semaine est chargée, et la problématique se déplace sur le week-end à choisir. Mais lequel ? Il faut jongler entre les empêchements de chacun, notamment des organisateurs, les événements urbains qui pourraient poser problème, un délai suffisamment grand pour avoir le temps de s’organiser, mais suffisamment court pour éviter de faire un week-end trop loin… Après plusieurs jours de tergiversations entre les 21, 28 septembre et 5 octobre, choix a été fait d’organiser le week-end d’intégration en même temps que les Journées du Patrimoine, le 21 septembre donc, même si je ne pouvais être là (ce qui a changé après, ndlr).
Le choix de la date doit être fait tôt pour pouvoir négocier des réductions avec les bars, des activités spécifiques, pour pouvoir imaginer le planning, ou tout simplement annoncer tôt aux L1 la date de leur bizutage activité, pour qu’ils réservent le créneau. Inutile de le faire le 14 septembre si c’est pour leur annoncer la veille… spécialement s’il leur est demandé une contribution.
Arbitrages
Car c’est un des nombreux points qu’il a également fallu juger, et arbitrer, pour organiser cet événement. Quel budget ? Quel planning ? Quels lieux ? Quelles questions leur poser pour apprendre leur personnalité ? Et pour décider de tout cela, et éviter des flots de messages sur Messenger, rien de mieux qu’un vol d’amphithéâtre, après que les cours se soient déroulés, pour bien s’organiser.
Activités
L’une des grandes questions à se poser pour élaborer une journée d’intégration est : qu’y faire ?
Dans l’imaginaire collectif, et il faut le dire, quelques fois le cas, week-end d’intégration rime avec bizutage, humiliation, et alcool. Beaucoup d’alcool. Chaque année, surgissent dans les médias des « faits divers » de promotions bizutées, d'étudiants en coma éthylique… voire, malheureusement, de décès. Cette année, l’attention s’est essentiellement portée sur le cas d’un étudiant fauché par une voiture lors d’une soirée ; l’an dernier, on parlait de personnes attachées à Toulouse. Le bizutage étant interdit, et surtout, souhaitant être en bons termes avec nos filleul·e·s… la question ne s’est même pas posée. Le week-end doit être cool… mais pas gentil pour autant.
Il y a douze mois, nos parrains et marraines, désormais parti·e·s à l'étranger, nous avaient concocté une journée d’intégration que la majorité des étudiants, si ce n’est tous, ont aimé : une après-midi de compétition et d’orientation où les L1, en groupes, suivaient un parcours à base d’indices, tout en ayant des stands à chaque lieu du parcours où ils devaient se battre contre un autre groupe ou réaliser des défis pour gagner des bracelets ainsi que des autocollants à coller sur un œuf cru, symbole du groupe ; le but étant à la fin de la journée d'élire le meilleur œuf, c’est-à-dire le mieux décoré… s’il n’a pas cassé durant l’après-midi. Le tout, avec un élément de déguisement caractéristique — personnellement, un bonnet de bain… qui m’a bien été utile par la suite — et avec un safari photo loufoque en fil rouge, entre voiture écrasée contre un mur ou tortue de la Victoire, des spécialités bordelaises :p
Il a été convenu de tous les étudiants présents de reproduire la même chose, en changeant bien évidemment le parcours, les ateliers… et en corsant un peu les choses, certains regrettant (les fous) de ne pas avoir suffisamment été bizutés lors de leur week-end. Adieu l'œuf et les bracelets, jugés trop ringards ; à la place doivent être conservés des ballons gonflés à l’hélium… et ne devant ni s’envoler, ni éclater durant l’après-midi. En remplacement de la pièce caractéristique, tous les bizuts devront porter… un sac poubelle, où seront marqués sur des étiquettes (de couleur selon leur équipe) leur nom et d'éventuelles contre-indications alimentaires (mineur, végétarisme, allergies), on ne sait jamais. Un bon point pour les voir venir de loin. Le safari photo est conservé mais renouvelé, à base de photos dans des poubelles… ou dans un cimetière de tramways (que personne n’a trouvé, pf). Enfin, et à la suite de problèmes d’organisation l’an dernier en raison des duels qui contraignaient donc à attendre un groupe s’il n'était pas présent, les ateliers sont donc solitaires, ou contre les L2, et non en duels. Ajoutez à cela un pique-nique à midi, pour commencer à discuter avec les jeunôts avant leur intégration, et un apéritif dinatoire, pour élire les vainqueurs, révéler parrains/marraines et filleul·e·s, avant une soirée dans un bar où auront été négociés des réductions, et voilà le programme.
Sauf un élément, mais d’importance. Que leur faire faire ? Les ateliers sont le cœur de la journée, et il convient de bien les faire jouer… Pour information, et au cas où certains voudraient des idées pour leur WEI, voici les ateliers réalisés l’an dernier par nos aïeuls :
Gymnastique | Stand international | Burger Quiz | Course et eau | Maquillage | Pastis Pétanque |
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Une chorégraphie acrobatique improvisée à réaliser dans un parc, suivie d’une pluie d’aliments pour les perdants. | Reconnaître avant l’autre groupe le pays d’origine d’aliments et de musiques du monde. En cas de défaite… un défi proposé par l'équipe gagnante. | Mon stand préféré <3 Comme le jeu éponyme d’Alain Chabat, des questions loufoques sont posées à une personne par équipe… suivi du Burger de la Mort :D |
Les membres des groupes sont attachés et/ou doivent porter l’autre tout en conservant de l’eau dans un verre, et suivre un parcours prédéfini, tout en arrivant avant l’autre équipe. | Un membre de chaque équipe doit maquiller un autre membre… avec des conditions tirées au sort : la tête à l’envers, automaquillage… L'équipe gagnante est définie par le jury des L2. | Le meilleur stand. Un stand de beaufs, où le principe est de… battre l’autre équipe à la pétanque, pendant que les L2 mangent du saucisson et boivent du Pastis. Simple mais tellement efficace. |
L’Assemblée Générale constituée des L2 PI organisant l’inté a décidé de supprimer pour cette année le stand de maquillage, jugé trop relou, de gymnastique, problématique et, à ma grande tristesse, le Burger Quiz, jugé trop chiant :(
Certains lieux n'étant pas disponibles à cette période, et suite à la suppression des duels au profit d'épreuves solitaires, les autres sont modifiées. Mais comment remplacer les supprimées ? Quelques idées sont avancées… mais rien de tervigersant. Il faudra maintes et maintes suggestions pour arriver aux propositions suivantes, pour notre après-midi d’intégration :
« Poisson » | Jets d'œufs | Cuisine internationale | Course de lacets | Alcool Quiz | Pastis pétanque |
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Une balle aux prisonniers, où la balle est remplacée par… des têtes de poisson, fraichements récoltées au poissonnier du coin. | Douze œufs, six sont durs… six sont crus (et bien datés). Au groupe de deviner de visu lesquels, tout en sachant qu’ils doivent en jeter un sur chacun des six membres… | Reconnaître le pays de plats du monde concoctés… par mes soins :D (poutine, guacamole…) | Plusieurs épreuves où tous les membres du groupe sont attachés entre eux par des lacets : parcours d’obstacle, saut à la corde… | Des questions de culture générale… avec des shots d’alcool au milieu | Toujours le même stand de beaufs, mais où l’objectif est de battre les L2 PI relookés avec leur saucisson vegan (écologie oblige). :D |
Ces activités ont les avantages d'être guillerettes et acceptables, tout en faisant sourire même les L1. Elles permettent également de jolies combinaisons, comme des étudiants enchaînant nourriture, alcool puis course, ou poisson et œufs… Ces ateliers ont ensuite été confiés à deux personnes chacunes, qui se sont chargées de l’organisation.
Budget
En parlant d’organisation est vite venue la question de l’argent. C’est là l’autre difficile arbitrage à poser : quel budget, et surtout quel argent pour ce week-end d’intégration ? Parmi la vingtaine que nous sommes, nous nous mettons à lister tous les postes de dépense possibles pour ce week-end, notamment pour les activités. Ils sont nombreux :
- attirail pour les L1 (c’est-à-dire poches poubelles, étiquettes…) : 5 € ;
- alcools (Pastis + Alcool Quiz + un peu partout) : autour d’une quinzaine d’euros, notamment grâce à des dons de fond de bouteille de L2 et des alcools peu chers ;
- première consommation au bar le soir : gratuit si les négociations se passent bien, 60 € sinon ;
- œufs : une dizaine d’euros ;
- bouffe : 40-50 € ;
- goûter : 10-15 € ;
- ballons : 10 €…
En réalité, plus tard s’ajouteront aussi des éléments pour chaque stand, qui aura en moyenne une dizaine d’euros chacun pour s’organiser (certains prenant toutefois plus d’argent que d’autres) : des lacets, des têtes de poisson…
Au total et grosso modo, entre 90 et 150 € pour une inté avec une trentaine de L1 et une vingtaine de L2 (selon nos estimations). Et cet argent viendra… des bizutés eux-même. L’an dernier, les L2 avaient demandé cinq euros contre la participation au week-end d’intégration, pour couvrir les frais de fonctionnement de leur WEI (il faut dire que le repas était également offert au bar le soir). Rebelote cette année : sur une soixantaine de PI probables cette année, et en leur annonçant bien que notre WEI n’est pas du bizutage… on mise sur une grosse trentaine de personnes venant (d’où six groupes de six), équilibrant ainsi notre budget. S. est chargée de la supervision du week-end d’intégration, et en particulier de la collecte des sous auprès des L1. Et il faudra faire vite. Avec le week-end d’intégration prévu le 21 septembre, et la réunion de rentrée des L1 PI prévue le 10, cela ne laisse qu’une grosse semaine pour récolter les contributions…
Questionnaire de parrainage
Là est probablement l’arbitrage le plus sympathique qu’il faut réaliser. Afin de connaître la personnalité des néoétudiants pour leur proposer le meilleur parrain possible, il faut se concerter pour trouver des questions appropriées à leur poser, permettant déjà d’en apprendre un peu plus sur eux, et de déduire des points d’intérêts ou relations avec eux. La tâche n’est pas aisée car en un minimum de questions, il faut réussir à satisfaire tout le monde tout en restant fun.
Nos gentils prédécesseurs nous ayant confiés leur travail de l’année précédente, la tâche est déjà plus simple et consiste à renouveler le stock de questions posées — certaines étant… nulles, ne comprenant pas le principe derrière. Viennent ainsi naturellement les questions sur l’origine (normal en parcours international…), des allergies, la majorité, le régime alimentaire, leur matière de majeure à la fac… puis des questions moins ordinaires, comme la teneur en alcool (sur une échelle… à l’horizontale), l’orientation sexuelle (au cas où ça puisse servir) ou ce qui est attendu d’un parrain ou d’une marraine. Mais le plus important vient à la fin, où il convient de décider des questions de personnalité : chacun tente alors de mettre sa question pour voir s’il y aurait un L1 qui aurait les mêmes intérêts… Goûts musicaux (pour trouver les fans de k-pop), cinématographie (pour les cinéphiles), sportifs (pour les masos)… ou plus jovial, comme « Donne-nous ta meilleure blague ». Certaines sont carrément tordues, plus là pour le folklore que pour juger d’une personnalité, comme cette question où il faut placer des allumettes pour faire des carrés, ou sur comment couper un gâteau en huit parts égales avec trois coups de couteau…
Là aussi, un étudiant est chargé de réaliser ce questionnaire… un étudiant ne savant faire une mise en page, le tout en Comic Sans MS et en écriture inclusive abusive, comme l’an dernier, pour annoncer la couleur de cette année. :D
Certains pourront peut-être se dire : à quoi servent les parrainages ? Pour des étudiants étrangers, avoir un parrain du coin est essentiel pour mieux s’intégrer au milieu de locaux. Cela fait une personne de parole, que l’on peut contacter aisément en cas de difficultés, sans avoir l’appréhension et parfois la peur d’aller se batailler avec l’administration. Cela vaut aussi un peu pour les étudiants de France métropolitaine : un bon parrain peut aider, ayant déjà dû subir les problèmes de la L1 et connaissant maintenant mieux les tenants et aboutissants de l’Université. C’est d’ailleurs un gros argument, surtout dans des promotions sélectives comme la nôtre : cela permet de parler aux L1 et de leur annoncer, peut-être spoiler quelque peu, ce qui va vraiment leur arriver. Car derrière les promesses et les caractéristiques de la filière sur Parcoursup se cachent d’autres réalités, qui ne sont parfois pas révélées aux étudiants et qu’ils ne découvriront qu’au fur et à mesure, comme pour nous, l’absence de bourse automatique pour partir à l'étranger, alors que cela était l’un des arguments phares pour venir en parcours international… Et du côté des L2, avoir un filleul permet de se faire de nouvelles relations, et de participer à l’échange intergénérationnel entre promotions, lien qui se perd à la fac. Le ou la filleul·e devient un partenaire, un ami parfois, qui peut compter… et se sentir aimé, ce qui est toujours agréable.
La question des parrains sera elle tranchée lors d’une prochaine réunion avec tous les L2 PI volontaires, une fois les feuilles remplies, c’est-à-dire dans les jours précédant l’intégration. Cette fois-ci, pas question de faire comme l’an passé où les relations avaient été décidées par un L2 chargé de cela : pour avoir de bons parrainages, mieux vaut que l’ensemble des parrains volontaires choisissent leurs futurs filleuls… ceci permettant de bien lier les centres d’intérêt, pour in fine faire bien plus connaissance que dans une simple relation imposée.
Une organisation… progressive
Une fois les arbitrages posés lors de cette réunion nécessaire avec tous les volontaires, vient le temps de l’organisation individuelle. Diverses tâches sont déléguées aux L2 participants, pour permettre de bien organiser un WEI qui a lieu deux week-ends plus tard. Un étudiant est chargé du questionnaire, je suis chargé de l'élaboration des emplois du temps… tandis que plus ou moins le reste de la promo part à la recherche du meilleur bar pour notre soirée, se faisant un barathon le soir-même de notre réunion. Mais comme dans toute belle organisation, il y a des imprévus… et des moments de stress, notamment pour S., son amie que j’appelerai C., et moi, tous les trois chargés de la majorité de l’organisation de ce projet.
L’emploi des temps
Quoi de mieux que de donner à un mathématicien la tâche d'élaborer les emplois du temps des six groupes, jonglant entre la périlleuse mission d'éviter que les flux se croisent lors des stands et la volonté des L2 de faire marcher les L1… tout en veillant à garder un minimum de cohérence dans les liaisons entre activités, sans créer de gros trous dans les plages horaires des ateliers, et surtout, en faisant que les étudiants arrivent plus ou moins au même horaire ? Résultat : une galère technique, mais au bout de deux heures de réflexion sur un fichier Google Sheets… tout se passe bien.
Il y a plusieurs moyens de procéder à l'élaboration de l’emploi du temps. L’an dernier, les emplois du temps avaient été surtout pensés pour que chaque groupe trouve à un stand un autre groupe qu’il n’a pas déjà affronté. Mais le planning l’an dernier n’a pas réellement été respecté et s’est vite barré, car un retard d’un groupe sur un stand entraînait le retard du groupe devant l’affronter… et celui-ci se répercute alors en chaîne aux autres groupes, qui devaient affronter les retardataires sur les stands suivants, ou devaient attendre la fin de l’utilisation d’un stand pour pouvoir jouer. C’est comme cela que l’an dernier, l’intégration a duré près de cinq heures avec un nombre de groupes et des lieux similaires… en raison d’un groupe ayant fait des détours pour trouver des objets du safari photo. À la clé, des étudiants qui ont attendu parfois une demi-heure… ou qui ont affronté les L2, creusant ainsi encore plus les écarts. De plus, la réflexion s'était faite prioritairement sur les groupes… en pensant moins aux temps de déplacement !
Pour éviter cela, j’ai préféré élaborer les emplois du temps sur une feuille horaire, donnant ainsi (dans des plages de cinq minutes) les localisations de tous les groupes, et montrant ainsi les temps de déplacement entre les ateliers qui peuvent être plus ou moins longs selon la distance à parcourir (le tramway allant de toute façon être interdit par mesure d'équité avec ceux qui n’ont pas d’abonnement). La démarche et les résultats sont indiqués ici à titre d’exemple, pour les personnes souhaitant élaborer leur prochain week-end d’intégration.
**Spoiler…**
En réalité, il a même été interrompu durant l’après-midi suite aux gilets jaunes. Comme à peu près tous les week-ends depuis un an.
J’ai tout d’abord calculé les différents temps de parcours entre les différents lieux d’atelier de la ville, ainsi que jusqu’au point de rendez-vous des étudiants, Jardin Public à Bordeaux, grâce aux estimations kilométriques de Google et d’OpenStreetMap. L’avantage d’un cœur de ville comme Bordeaux est d’avoir un centre relativement bien orienté : certes, nombreuses sont les petites rues, mais presque tous nos ateliers ici sont desservis par de grands axes qui permettent de se repérer : les quais ou les lignes de tramway. Peu de chance ici de perdre des étudiants en milieu de chemin au cœur des rues, contrairement à l’an dernier où un atelier était au milieu de ruelles (pas pratique). On peut donc prendre les estimations des services de cartographie pour comptant, en les arrondissant de cinq minutes éventuellement sur les trajets les plus longs. Le tout est répertorié sur une feuille afin d'être à disposition lors de l'élaboration des emplois du temps.
Il convient également d’estimer le temps des ateliers. Ici par contre, il faut se laisser de la marge, car il faut souvent inclure les présentations, explications, discussions, rigolades… Ainsi, même le jeu d'œufs, pourtant très simple dans ses règles (voir ci-dessus), est programmé pour durer quinze minutes, car ne donner que dix minutes à cette épreuve serait suicidaire. J’ai globalement tout programmé pour durer vingt minutes, sauf ce dernier atelier. Ce qui permet de se donner du mou dans les emplois du temps…
Puis vient l’heure de la joie, ou plutôt de la réflexion. L’heure de se poser dans un fauteuil, un chocolat chaud à la main, la souris dans l’autre, à placer des blocs de couleurs sur une feuille de tableur. Tout commence par une feuille vide, avec déjà placées les six colonnes correspondant aux six groupes.
La première étape, la plus simple : mettre d’abord les premières attractions. Six groupes, six stands, je choisis un peu au pifomètre quel groupe commencera par quoi. Plus globalement, placer la première moitié de l’emploi du temps est facile : il faut bien sûr veiller à respecter les temps de déplacement de chacun, mais tant qu’on ne les promène pas de proche-en-proche, il n’y a pas d’empiètement entre groupe, et chacun suit son emploi du temps avec suffisamment de marges pour éviter qu’un groupe en rattrape un autre.
Là où cela commence à devenir un peu casse-tête, c’est à partir du quatrième point de rendez-vous. Il faut alors commencer à réfléchir pleinement, en réussissant à visualiser les ateliers qu’il reste à placer, tout en ayant en tête leur emploi du temps et les contraintes de temps. Le tout, si possible, en insérant consécutivement de jolis mélanges d’ateliers, comme tous les ateliers d’alcool et de bouffe d’affilée, ou les ateliers sportifs ensemble… tout en évitant que des ateliers reçoivent toujours les mêmes groupes des mêmes emplacements, pour éviter une redondance dans les expériences vécues. Bref, un bon bordel. Pour faire cela, j’ai commencé à placer d’abord les ateliers Pastis pétanque aux groupes restants. Ceux-ci durent vingt minutes en théorie, mais l’an dernier, cet atelier était connu pour durer plus longtemps, selon les volontés des gens… Le but ici est alors de laisser un intervalle suffisamment large pour anticiper ces prolongations, et éviter d’un groupe en rencontre un autre.
Une fois les pastis placés, je complète l’ensemble de la grille selon mes envies, sans trop faire attention aux croisements. Cela crée de jolis combos (alcool, jets d'œufs, course)…
Puis vient le moment de placer les derniers ateliers. Et c’est là où l’on se rend compte que sa grille est au mieux déséquilibrée, au pire incohérente, ce qui est le cas pour moi : j’ai d’un côté un groupe qui finit le tout en trois heures (malgré un intervalle de vingt minutes entre deux stands une fois!), de l’autre un groupe qui ne rentrera pas avant 17h30, et surtout un conflit d’emploi du temps sur le stand Poisson. Bref, je croyais bien faire, mais c’est la galère. Il est 23 h lorsque cet emploi du temps provisoire, bien que irréalisable, est fini : trop tard pour comprendre où le bât blesse (même s’il se voit), la nuit porte conseil.
Après trois nouvelles heures de retravail des emplois du temps, ces derniers sont complétés, bouclés, et surtout propres. Pour résoudre le problème, il a fallu détricoter les emplois du temps de trois groupes. En sus, de nouvelles contraintes sont apparues, notamment celle pour qu’un groupe proche du Jardin Public puisse se libérer plus tôt, afin de mettre en place le goûter prévu à la fin de l’après-midi. Cela oblige à décaler les créneaux afin de minimiser les intervalles d’attente pour ce groupe… ce qui au final réduit le temps de parcours de la majorité des groupes — mais allonge l’attente de certains ateliers, qui ont par conséquent tous au moins une demi-heure de pause dans l’après-midi, une heure dans le pire des cas. Après plusieurs tentatives pour conjuguer ces contraintes et éviter des conflits d’horaire (qui se finissaient souvent par un retour en arrière, l’emploi du temps devenant au fil des modifications un bon bordel)… la solution est trouvée, un peu par magie il faut le dire.
Enfin, un emploi du temps similaire est créé à destination des ateliers, afin que tout le monde puisse savoir où doit aller et où d’où vient un groupe, en cas de perte du plan ou de personnes. Beaucoup plus simple ici… il suffit de transposer les horaires de passage des groupes aux ateliers.
L’annonce… ou la crise
Après les premiers préparatifs vient le moment de l’annonce aux futurs L1. Les questionnaires ont été imprimés en une soixantaine d’exemplaires (effectif de l’année passée), les choses à dire sont notées dans un coin de la tête ; seul bémol, la responsable de mention n’a pu nous donner la liste des effectifs au préalable.
Nous entrons dans l’amphithéâtre, lieu de la réunion de rentrée de la mention… qui est plein à ras-bord. Horreur. Non, cette année, les PI ne sont pas une cinquantaine, mais bien près d’une centaine. Des effectifs doublés cette année, car pour la première fois, l’autre portail d’accès aux licences de science s’ouvre à l’international… Nous voilà donc effarés par cette masse qui attend que la réunion commence, et que notre organisation saute en éclat.
Comment organiser un week-end d’intégration de la sorte avec potentiellement 70 présents, alors que l'équipe organisatrice n’est composée que d’une vingtaine de L2 ? Durant la réunion (nous passons à la fin), je réfléchis à une éventuelle réorganisation de l’après-midi pendant mon déjeuner : des groupes de douze ? Cela va détruire toute cohésion de groupe… une dizaine de stands ? Bonne chance pour trouver des idées et des animateurs… des rencontres de duels ? Fais chier, je venais de finir l’emploi du temps… Cela pose aussi des soucis d’organisation, pour l’argent et pour le bar : doit-on alors privatiser un bar ? Mais le plus gros problème est du coup l’imprévisibilité plus grande du nombre de participants : proposer à 50 ou à 100 personnes un week-end d’intégration n’est pas la même chose, et il y aura plus de marge d’erreur sur une estimation du nombre de refus avec la centaine de gens… Or, la cuisine, le bar, etc. doivent d’ores-et-déjà été décidés. Dilemme.
Pas le temps de niaiser, avec S. et C., co-organisatrices de l'événement, nous fonçons à la bibliothèque durant la réunion pour faire le stock de questionnaires. Une fois la carte Izly chauffée, nous retournons dans l’amphi. En fin de réunion, la responsable nous fait signe pour que nous descendions. Je prends alors la parole (les autres étant un peu timide visiblement) pour leur annoncer la nouvelle… non sans quelques confusions. Mais l’amphi a l’air chaud pour le week-end… Et merde.
La réunion passée, nous parlons avec le groupe des L2 organisateurs pour trouver une marche à suivre. Chacun est plutôt divisé : certains sont pour ne pas toucher à l’orga actuelle, et faire des groupes de 10 ; d’autres pensent refuser les étudiants de l’autre portail, n’ayant pas de lien de parenté avec nous… Dans la foulée, sont tout de même prévus deux nouveaux lieux pour des stands, au cas où. S. rapporte le problème du manque de personnes pour gérer ces derniers. Réponse d’un étudiant, approuvée par les autres : « Au pire, on demande à des non-PI ! »
Le temps passe. Durant le week-end, chacun s’attèle à la préparation : je commence à réfléchir aux menus, C. gère l’argent, S. l’organisation des groupes et des stands.
Puis vient le lundi, journée de récolte des fonds. S. et C. s’en chargent. Résultat, au bout du lendemain soir (pour laisser plus de temps pour collecter l’argent) : seule une trentaine d'étudiants souhaitent participer au week-end. C’est à la fois dommage pour eux, car cela gâche un peu l’atmosphère de filiation… mais bien pour nous : nous retombons sur nos pattes, avec six groupes de six L1 maximum : le week-end peut s’organiser.
La main à la pâte
Les groupes sont fin prêts, les personnes affiliées aux stands s’organisent entre elles pour concocter de belles animations… et me voilà en cuisine. À deux jours du week-end fatidique (où je ne pouvais théoriquement pas participer, mais cela a changé entretemps), je mets mes gants et mon tablier et me transforme en commis de cuisine pour réaliser le buffet du week-end d’intégration. C'était une de mes volontés : faire que le buffet soit fait maison (et végé), pour partager et améliorer mes connaissances en cuisine (j’aime les défis) et ne pas tomber dans le plat préparé. Cette étape est totalement facultative, mais j’ai forcé pour obtenir un buffet payé avec les 5 € payés par les L1. En tout, j’ai une soixantaine d’euros pour faire à manger… à une soixantaine de personnes. Défi accepté.
Pour cela, il a déjà fallu que je fasse des courses. Par chance, c’est l'été et je viens du Sud-Ouest, c’est ainsi que j’ai pu profiter d’emblée de nombreux légumes à prix très très bas chez mon producteur, dans mon Lot-et-Garonne natal. Une trentaine de kilos de tomates, obtenues gratuitement, que j’ai toutefois dû aller chercher en train à Marmande quelques jours avant. Pas cher aussi les autres légumes, achetés au marché en étant pas très jolis (voire carrément sales), qui iront dans de jolies quiches et cakes aux légumes. Les autres courses sont elles plus basiques, et plus chères, notamment la nourriture pour le stand de « cuisine internationale », qui requiert des produits du monde. Pour compléter le buffet, des cacahuètes et noix de cajou achetées pour un rien (quand on connait les bonnes adresses!), ou beaucoup, beaucoup de concombres pour de bons crudités.
Le menu se décompose comme tel :
- Apéritifs
- Concombres / carottes / chou-fleur sauce tsatsiki
- Tomates cerise
- Radis
- Tartes fines à la tomate
- Quiches et cakes aux légumes et aux champignons
Le sucré viendra par d’autres :p
La cuisine internationale est elle plus diverse… et d’autant plus compliquée à faire :
- Riz à la cubaine (Cuba) : du riz à la tomate avec des bananes frites
- Nouilles instantanées (Japon) : pas de grande cuisine ici, du préparé… ça fait parti du bizutage 😈
- Guacamole (Mexique)
- Falafels (Liban) : mes tous premiers…
- Poutine (Canada) : seul plat non-végé du buffet.
- Tsatsiki (Grèce) : une sauce au fromage grec et au concombre, à consommer avec des crudités… qui serviront également pour le buffet du soir, vous l’aurez compris !
Mes deux soirées de la veille et de l’avant-veille de l’intégration sont donc intégralement passées à préparer à manger. Avec l’aide de mes deux fours de récup’, et de ceux de ma propriétaire, j’arrive à préparer le buffet en une soirée, grâce aussi notamment à un ami venu m’aider. Le lendemain, j’attaque les plats internationaux, seul, pendant près de huit heures. Avec succès.
Cuisiner pour autant nécessite une bonne gymnastique mentale — pour ne pas oublier des plats au four, pour optimiser les temps de préparations et de cuisson, pour penser aux plats frais ou non… — et une bonne gymnastique tout court. Dans mon petit appartement, la chaleur monte vite, conséquence des fours qui tournent à plein régime ; il faut courir entre cuisine, poubelles, fours, plats qui refroidissent à l’extérieur… Commis de cuisine, tout un talent ! Mais le jeu en vaut la chandelle, et après une quinzaine d’heures de cuisine, j’ai fini de préparer à manger pour soixante (en réalité, pour presque une centaine…). Défi relevé. Pendant un moment, j’ai réfléchi à amener tout cela à vélo. Mais ce n’est pas la meilleure des choses à faire lorsque tu dois amener des tartes fines et des œufs pourris :D Il est deux heures du matin, et je dois me réveiller à sept heures pour livrer les plats… en bus*, chez un étudiant qui a un frigo disponible près de notre lieu de rendez-vous. Une longue journée nous attend !
Une super journée d’intégration
En ce samedi 21 septembre 2019, nous nous retrouvons tous au Jardin Public de Bordeaux pour la journée tant attendue par tous. À vrai dire, avec pas mal de retards pour moi, ce qui me fait arriver pas très discrètement, qui plus est avec mon vélo où trônent dans le porte-bagages des documents, cadenas et autres fioritures de mon travail de photographe.
Car finalement, des suites de l’annulation de nombreuses visites pour les Journées du Patrimoine, me voilà disponible. Et je me trouve un job parfait pour moi : médic, photographe et stand ambulant ; en clair, avec mon vélo, je vais tourner autour des stands pour pouvoir venir vite en cas de besoin, sinon faire des photos des stands… tout en restant incognito, car les étudiants gagnent un ballon supplémentaire s’ils me voient. Parfait pour faire de géniales images :D
À 13 h 30, je pars faire le livreur et aller chercher chez mon ami qui m’héberge la nourriture, les plats pour les stands de cuisine et de jets d'œufs. « Livraison spéciale » dis-je au téléphone ; à 14 h 15, je peux commencer mon travail de photographe.
Cette après-midi d’intégration s’est unanimement super bien passée, pour tout le monde. Les L1 ont adoré les stands organisés, et se sont vite pris au jeu des défis ou de la recherche du paparazzi (qui a été fructueuse pour la moitié d’entre eux… je suis un mauvais espion), habillés de leur sac poubelle protecteur et parcourant les rues de Bordeaux. Les personnes sur les stands ont apprécié leur boulot, en particulier ceux (et c’est normal) sur les stands d’alcool ou de sport. Et à les entendre lorsque je passais sur leurs stands avec ma petite reine… ils ont aimé jouer le rôle du bizut !
Seuls les gilets jaunes ont posé des problèmes à notre belle après-midi, obligeant un groupe à déménager suite aux ordres de la police d'évacuer la place Pey-Berland à l’approche du cortège… ou encore, me bloquant sur le cours Victor Hugo au milieu d’une manifestation durant un quart-d’heure, car un vélo ce n’est pas pratique pour se faufiler au cœur d’une foule… Mais grâce aux nouvelles technologies, tout le monde a été prévenu, et aucun gros souci n’est à déplorer.
Au fur et à mesure de l’après-midi, tous les groupes prennent uniformément du retard (ce qui n’est du coup pas grave), se plaisant à jouer avec les L2. À 17 h 15, je fonce au Jardin Public rejoindre les groupes au point de rendez-vous… Personne. C’est à 17 h 30 qu’apparaît le premier groupe, et viennent peu à peu tout le monde, certains plus… décorés que d’autres. Tous sont heureux, certains de retrouver les autres groupes, d’autres d’avoir fini l’après-midi… Pendant que les deux autres co-organisatrices font les relevés des ballons obtenus, et départagent les gagnants, je file chercher le buffet concocté par mes soins… À mon arrivée, j’interromps la diffusion du classement au plus mauvais moment, sous un tonnerre d’applaudissements de la foule me voyant débarquer de nulle part 😎
Une fois le classement donné, les parrains/filleuls attribués, et une jolie photo de famille faite, il est temps de passer à table. Mais le temps n’est pas avec nous… et voilà que la pluie arrive, décourageant ainsi beaucoup de monde. J’avais fait à manger pour 60, mais la plupart sont rentrés chez eux pour manger. Déception… Au moins, j’aurai à manger pour la semaine.
Le soir, le public se retrouve place de la Victoire, à Bordeaux, pour parler, discuter, boire aussi, un peu, voire beaucoup, dans un bar réservé pour l’occasion. Ce n’est pas la partie qui me plaît le plus… mais il est toujours agréable de parler aux gens que l’on connaît ou que l’on veut connaître, dans un cadre détendu. Les autres… un peu moins.
Quels retours ?
Deux mois après ce week-end d’intégration (oui, j'étais occupé), quels retours poser sur ce week-end d’intégration ? Organiser un week-end d’intégration, c’est rapide et simple. Mais organiser un bon week-end d’intégration, c’est long et compliqué. Ici, certains choix de facilités ont été faits, mais il reste néanmoins hardu de gérer des équipes de stands ayant des besoins financiers et d’amusement tout en respectant des contraintes budgétaires et de temps. Un week-end d’intégration, c’est aussi des lieux, des activités, des personnes à inviter, une filiation à avoir… ainsi que des imprévus, qui ont été fort heureusement peu nombreux (mais ont failli l'être, vu les effectifs cette année!).
Cependant, le jeu en vaut clairement la chandelle : j’ai passé une superbe après-midi à jouer au paparazzi, à zieuter les activités des groupes, à parler à nos sbires et à échanger avec eux dans ces activités à la fois embêtantes mais ludiques. Les animateurs de stands ont aimé voire passer, l’histoire d’une après-midi, leurs successeurs, et jouer avec eux : plus tard, ils ont raconté des anecdotes, les yeux qui scintillent, et gardent en eux des souvenirs de cette journée qu’ils ne referont probablement plus par la suite. L’organisation de ce week-end d’intégration a aussi permis à nous, L2 de différents groupes, de nous retrouver, et désormais viennent aussi plus aisément les discussions. Unanimement pour eux, « ça s’est bien passé », et il n’y a pas eu d’emmerdes.
Au soir de l’après-midi d’intégration, les L1 étaient contents de leur journée, et blaguaient avec les L2 autour de verres et pintes. Dans les semaines après, nombreux sont ceux qui ont gardé contact avec leur parrain ou marraine, via Messenger ou les réseaux. Lorsque j’ai rencontré ma filleule, j’ai pu lui parler de toute ma première année, et lui spoiler en quelque sorte les problèmes qu’elle devra faire face dans les prochains mois… Il est aussi touchant, quelque peu émouvant, d’entendre parler la “jeune génération” sur les UE que l’on a eu à subir l’année passée. Des souvenirs reviennent, mais des faits et opinions restent, et ensemble autour d’une table à la caféteria, on échange sur les contenus de certaines UE, riant d’avoir la même réaction d’effarement… qui n’a pas changé.
Certains ici seront peut-être intéressés par des retours sur le week-end en lui-même. Au final, la marche donnée ici a bien fonctionné, n’ayant pas eu de gros problèmes durant l’après-midi. Néanmoins, voici quelques conseils qui n’ont pas été pensés au préalable :
- prévoir du temps. Beaucoup de temps. Dans une telle après-midi, les premières années vont parler, discuter, échanger, rigoler avec leurs prédécesseurs, et il ne faut pas cantonner le temps à juste l'épreuve en elle-même… au risque de tout décaler ;
- ne pas s’inquiéter des retards. Conseil antinomique avec le précédent… mais qui se comprend : si tous les groupes sont en retard, pas manque de souplesse dans la gestion horaire… ce n’est pas grave, et cela ne fait qu’allonger l’après-midi. Tant que ce n’est pas un groupe qui entraîne tous les autres…
- penser aux trouble-fête. Manifestations, gilets jaunes, expositions : le jour-même, il convient de faire le tour des lieux un peu avant, pour voir si des places sont bloquées, des lieux sont privatisés, ou si des gilets jaunes peuvent débouler. Ces événements peuvent contraindre les animateurs à changer la localisation des stands, ce qui n’est pas pratique si vous n’avez pas…
- un moyen de communication. Ici, c’est plutôt moi qui pose problème, mais pensez-y : il faut que tous les L2 et L1 puissent communiquer entre eux, si besoin par personne interposée qui centraliserait les appels.
- ne pas faire à manger. À moins d'être dans un week-end entier dans une localisation à part… ne perdez pas de temps à cuisiner pour la promo. Si chacun s’apporte sa nourriture, et éventuellement la partage, c’est déjà très bien.
En termes d’argent, les cinq euros étaient largement assez, malgré la cuisine, étant donné que la première consommation au bar avait été négociée. Sans buffet et avec un peu de malice, il est possible de faire une bonne après-midi d’intégration avec deux euros par participant. De quoi permettre à plus de personnes de venir, sans qu’ils en aient pour leur argent !
Ce week-end d’intégration est « une bonne chose de faite », pour reprendre les mots de S., la co-organisatrice. C'était quelque chose à faire, une tradition à respecter, un moyen de se venger, une occasion à ne pas manquer, et maintenant, c’est fait. Que reste-t-il de ce week-end d’intégration ? Des souvenirs essentiellement, mes photographies aussi, qui seront peut-être quelques unes des rares images que conserveront les étudiants dans leur vie future. Quelques jours après ce week-end d’intégration, la vie étudiante a repris ses droits, avec pour les L1 de futurs partiels à venir*, pour les L2 une certification d’anglais à obtenir. Conséquence de la suppression des rattrapages en L1 à Bordeaux : ces derniers ont désormais trois semaines de partiels par semaine, la première début octobre. Puis reprennent les études normales, qui suivent leur petit cours du premier semestre, jusqu’au mois de décembre. La nuit va arriver, l’hiver s’installer. Et les études, continuer.