Et c'est reparti.

L1, garde à vous

Jours de rentrée pour les néobacheliers

Quelques jours après leurs prédécesseurs, les néobacheliers font leur rentrée à l’Université. Tout le campus est mis aux couleurs de l’heureux événement : alors que la fac sentait un peu le renfermé en début de semaine, elle s’est mise sur son 31 pour accueillir comme il se doit les milliers de nouveaux étudiants. Nous sommes le vendredi 6 septembre, et la promotion 2019 entre dans le jeu.

🙌 #Rentrée2019 - Quelle belle soirée d’accueil concoctée par les associations étudiantes ( Village Accueil Associatif...

Publiée par Université Bordeaux Montaigne sur Vendredi 13 septembre 2019

La vie en bleu

À l’université, même les nouveaux étudiants rentrés directement en L2 ou en L3 peuvent sentir que ce jour est particulier. Il est 8h, et en ce début de journée, c’est déjà un peu la cohue sur l’esplanade du A22, le bâtiment principal des licences scientifiques (au moins de la première année) à l’Université de Bordeaux. Des employés, ou volontaires en service civique le plus souvent, se bougent pour installer des stands de bienvenue à l’extérieur, lieux où pourront se documenter les étudiants, et se renseigner sur des démarches grâce à des « partenaires », comme TBM (l’opérateur de transports en commun bordelais) ou la CAF, mais pas la SNCF (… comme l'an dernier Image d'illustration Le début d’une nouvelle ère. Les rentrées ne sont jamais ordinaires, mais celle-ci est unique : mon premier jour à l’université de Bordeaux. ). Ces personnes en tee-shirt bleu, la couleur de l’Université, se pressent pour déployer les toiles d’ombrage, poser les grilles et panneaux d’affichage à destination des désormais étudiants, ou encore vérifier que tout se passe bien concernant les autres stands.

Dès la veille, les premiers éléments ont été installés dans le hall du A22, là où ont lieu les réunions de rentrée pour les L1. Les affiches pour les visites de campus ont été placardées sur les murs ; des sortes de rubalises posées devant le guichet des inscriptions pour séparer les flux d'étudiants selon leurs problèmes ; et, comme l'an dernier Image d'illustration Ne pas être à sa place Problèmes d’emploi du temps, groupes de classe qui volent, profs qui changent entre deux cours : la première semaine à la fac fait douter. , des feuilles ont été installées pour ceux qui souhaiteraient changer de groupe dans les premiers jours de l’année.

Les stands s'installent sur le parvis du bâtiment A22 de la fac de Bordeaux.

Les stands s'installent sur le parvis du bâtiment A22 de la fac de Bordeaux.

Les partenaires s’installent vers 9h, avant que les premiers étudiants arrivent — la réunion de rentrée des étudiants en MISIPCG* À l’Université de Bordeaux, la licence de Sciences et Technologies commence presque obligatoirement par un semestre dans un « portail », un mélange de matières pour pouvoir in fine se réorienter, peu importe ce que l’on a précisé sur Parcoursup. Ils sont au nombre de deux : MISIPCG [Mathématiques, Informatique, Sciences pour l’Ingénieur, Physique, Chimie, Géosciences] et SVSTC [Sciences de la Vie, Sciences de la Terre, Chimie]. À cela s’ajoute la licence MIASHS [Mathématiques et Informatique Appliquées Aux Sciences Humaines et Sociales], qui ne passe pas par un portail. commence à 9h30, et prend trois amphis à elle toute seule. Mais cela n’empêche pas les autres étudiants d’avoir cours… comme moi 🙃

La foule arrive véritablement sur les coups de 9h15 (heureusement que le tramway n'était pas coupé…), où des hordes d'étudiants avancent vers le grand bâtiment à la sortie de l’arrêt Béthanie. Le couloir se bonde comme jamais. Il est l’heure d’avancer vers la destinée.

Jolies retrouvailles

À la sortie des deux amphis que j’avais durant cette matinée, les étudiants des deux portails ont fini leur réunion… et déjà se forme une immense file d’attente pour récupérer les polycopiés de cours, devant les bureaux de la reprographie. Les étudiants attendent, longtemps, pour pouvoir récupérer leurs cours du semestre, et ensuite rentrer chez eux en week-end. Car comme l’an dernier, ce jour-ci n’est qu’une journée zéro, permettant aux néoétudiants de s’acclimater de la fac et de fignoler les préparatifs, avant le début effectif des enseignements, lundi. Et certains étudiants en profitent, comme le monde devant le stand TBM pour l’abonnement de transports en commun peut le prouver. Même si, pour payer, il faudra aller dans l’agence située de l’autre côté du pont Stargate, et qui est elle toujours pleine* Des personnes attendent devant l'agence TBM Arts et métiers

Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir vite rentrer en week-end. Devant le guichet unique, une autre longue queue s’amorce : celle des étudiants ayant des problèmes d’inscription, ou n'étant pas mentionnés dans les listes des membres des deux portails. Les raisons sont diverses : inscription administrative pas validée, problème de liaison avec la plateforme Parcoursup, ou oublis des gestionnaires. À cela s’ajoutent les redoublants, qui ont dû eux passer par une inscription interne à la fac. Ces problèmes-là sont généralement vite réglés, et une heure plus tard, la file était miraculeusement absente.

Dehors, il n’y a au fond relativement que peu de jeunes : les étudiants présents sur les terrasses sont généralement des L2, en symbiose avec une cigarette après les cours. La plupart des L1 sont à l’intérieur, dans les files, ou partis, par manque de proches sur qui s’appuyer. C’est aussi l’occasion de chercher parmi les présents une personne, un ex-camarade, qui ferait potentiellement parti de la promotion.

Pour moi également, c’est l’occasion de voir les têtes du cru 2019—2020, et de chercher des proches que je ne connaîtrais déjà. Et c’est en ne cherchant pas que je tombe notamment sur une personne de ma classe du lycée, désormais en L1 Biologie… après avoir été recalée d’une année de PACES, l’année préparatoire au concours pour pouvoir faire des études de médecine. Ce concours est ultra-sélectif, du fait du numerus clausus, qui est un quota d'étudiants admis dans les années supérieures : il ne suffit pas d’obtenir son année pour entrer en deuxième année, il faut être dans les X meilleurs étudiants de l’université ou du pays, une variable fixée chaque année par le Ministère de l’enseignement supérieur, et qui était de 340 pour sa promotion, un peu moins de 10 000 au niveau national. Elle n’en a pas fait parti, et probablement écœurée et asphyxiée par le système… la voilà en licence de biologie. N’ayant probablement pas validé son année, elle ne peut prétendre au système d'équivalence et de passerelle… et retourne en première année. Dure année que la PACES, tous ceux qui y ont été pourront vous le confirmer. Elle sera supprimée à partir de l’année prochaine, le numerus clausus étant in fine importé dans Parcoursup, à partir des résultats de lycée.

Bordel de midi

Le temps passe, et il est déjà midi — c’est ainsi que les étudiants, L1 ou non, vont au restaurant universitaire pour aller manger. Les L1 ne connaissant pas encore les ruses pour manger plus vite, ceux qui décident d’aller au RU (et non de rentrer chez soi) vont logiquement à celui juste à côté de la fac… qui se retrouve ainsi bouché. Des centaines d'étudiants attendent dans trois queues d’une dizaine de mètres chacune pour pouvoir manger les plats du jour, pour 3€30. Une attente qui durera jusqu'à une heure, certains étudiants mangeant à vingt minutes de la reprise des cours.

Ici, nul problème de gestion des flux qui boucheraient les entrées, même si plusieurs étudiants se le demandent. Outre la naturelle sous-dimension des chaînes du RU (une des quatre chaînes de ce restaurant était fermée pour la rentrée suite à des travaux), cette attente est en partie due… au système de cashless, Izly, imposé dans les restaurants universitaires depuis quelques années. La chasse est en effet faite depuis 2015 aux espèces dans les RU, afin officiellement de fluidifier le trafic et d'éviter la gestion de monnaie dans les restaurants. Par conséquent, les espèces sont de moins en moins acceptées dans les restaurants et caféterias, où (à Bordeaux en tout cas) il ne reste plus qu’une chaîne de distribution les acceptant, sur les trois ou quatre d’un RU. Les néoétudiants n'étant pas au courant de cette ineptie système, ils pensent ainsi pouvoir payer en espèces sur toutes les chaînes… ce qui évidemment cause la pagaille dans les caisses. Ajouter à cela un nombre d'étudiants probablement supérieur à l’habitude, ainsi que des étudiants en année supérieure qui découvrent l’abandon des combinaisons de repas possibles [voir l'épisode précédent Image d'illustration Et c'est reparti. Quelques jours avant les néo-bacheliers, les L2 et L3 reprennent progressivement, et découvrent tous les changements de l'été. , ndlr] et voilà les étudiants, attendant pour manger. Une bonne image pour bien débuter l’année.

À l’extérieur, des petits groupes de personnes s’agitent, accompagné d’un jeune un peu plus âgé en bleu. Ce sont les groupes de visites, qui font parcourir le campus, ou plutôt qui font le tour du A22, pour montrer les lieux importants à des étudiants en manque de repères. Là, la caféteria, ici la Cabane, lieu écolo du campus (et financé avec les sous de la CVEC* Instaurée en 2018 par la loi ORE, la Contribution de vie étudiante et de campus est un impôt obligatoire pour les étudiants non-boursiers vivant dans un campus (ne sont donc pas concernés les BTS), censée financer des actions visant à « favoriser l’accueil et l’accompagnement […] des étudiants ». En 2019, elle s'élève à 91 €. ), au fond la BU et le RU… Les gens avancent et font le tour en quelques minutes des bâtis, puis repartent chez eux. Un week-end commence !

L'esplanade du A22, bâtiment principal de la licence sciences à Bordeaux.

Opération séduction

La semaine qui suit est une semaine tout à fait normale (ou du moins, pour moi qui ait déjà un an à l’uni) : en milieu d’heure, la faculté est bien vide, les étudiants suivant tous leurs cours dans les salles à l'étage ou dans le bâtiment en face, en groupes de TD d’une quarantaine de personnes. L’université de Bordeaux, ou du moins le collège sciences et technologies, en a effet choisi de tout miser sur le premier semestre, en évitant aux jeunes arrivés de se perdre en amphithéâtre : c’est ainsi qu’au S1, il n’y a qu’un seul cours en amphi, tout le reste se faisant comme au lycée, en travaux dirigés. De quoi laisser les néobacheliers s’adapter d’abord à la vie étudiante, avant d'être mis dans le bain acide de la faculté.
Seul signe bien apparent et spécifique à la rentrée (ou plutôt, aux beaux jours) : les très nombreux vélos qui bordent l’esplanade du A22. Les arceaux et autres garages à vélo sont pleins à craquer, à tel point que des vélos sont accrochés un peu sauvagement, à un grillage, un lampadaire, ou même un simple poteau anti-voitures.

Mais l’atmosphère est tout autre lors de l’entracte méridionale : le campus s'éveille et s’ambiance, notamment grâce au Soleil qui vient rayonner sur les têtes, qui sortent des bâtiments pour en profiter. Partout entre midi et deux, les terrasses et espaces verts sont bondés de groupes d’amis ou de couples qui viennent manger ou dormir sur l’herbe. Les tables à l’extérieur des RU sont prises par des étudiants descendant leur plateau du restaurant pour déjeuner dehors. Les jeunes achetant des sandwichs à la caféteria s’installent en extérieur pour pique-niquer entre proches (surtout pour les années supérieures, en réalité). Et les plus téméraires s’endorment même dans l’ombre des platanes/chênes et autres arbres plantés là sur le campus Peixotto.

À l’intérieur aussi, l’ambiance fuse. Cette semaine, et probablement la semaine prochaine également, les bords du hall principal du A22 sont colonisés par les associations étudiantes qui viennent se montrer aux nouveaux étudiants, mais surtout à ceux qui sont désormais définitivement dans leur filière. Label[i] pour l’informatique, M-Tech pour la mécanique, Ambigu pour la bio… les assos de filière sont un classique, peut-être même un rituel de pessage pour les étudiants dans leur filière respectif, tant certaines peuvent donner des services en plus (blouses de chimie, cours, tutorat…). C’est alors l’occasion de se présenter, de prendre contact… et de montrer qu’on existe, contrairement à d’autres associations, syndicales notamment, que l’on ne voit jamais. Mais beaucoup d’entre elles sont également là pour les soirées, organisées très régulièrement par les diverses assos qui ont du coup des contacts avec les bars, et l’habitude d’organiser. Et on ne le peut pas le rater, tant les affiches pour les week-ends d’intégration, plus ou moins longs, ont fleuri sur tous les murs d’affichage possibles et inimagineables de la fac. « Soirée d’intégration » ou vrai week-end avec transport en bus dans un domaine, ces événements sont légions, et un simple tour à Bordeaux ce samedi permet de voir l’ampleur de ces animations, même en après-midi. Dans ces soirées généralement, et contrairement aux week-ends organisés par les prédécesseurs, point de bizutage — les associations les organisent pour l’ambiance, pas pour se lier avec des futurs L1.

Des affiches pour des week-ends d'intégration, placardées sur les portes du bâtiment d'informatique.

Des affiches pour des week-ends d'intégration, placardées sur les portes du bâtiment d'informatique.

Les associations jouent ici leur carte séduction, à l’initiative du BVE* Bureau de la vie étudiante, l’entité de la fac qui s’occupe des animations et gère les associations. qui souhaite également montrer toute l’animation présente à la fac. Avec en point d’orgue, la semaine d’animations prévue à partir d’aujourd’hui, nommée Fête la rentrée !, avec au programme petits déjeuners, village associatif ou discothèque.

Dès le mois prochain, l’atmosphère retournera à celle d’une université, lieu de savoir et d’apprentissage, loin des animations étudiantes. Les soirées reviendront, par la suite, au milieu du semestre, puis partiront au profit des partiels en fin d’année civile. Et la boucle recommencera, au prochain semestre, et à la prochaine rentrée. La fac est un éternel recommencement.

Image d’illustration : © Université Bordeaux Montaigne

Photographie d'Adrien
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