Pourquoi j'ai choisi de partir à Lund en train
Les démarches faites Des papiers, des p'tits papiers Après avoir choisi Lund, restait-il de nombreux obstacles à parcourir pour y accéder : la paperasse. Petit guide pour ceux qui vivront le déluge , la demande de bourse réalisée Bourses Erasmus et Aquimob Dernière étape avant de partir en Suède : le dossier de demande d’une bourse. Pas bien compliqué, mais nécessaire , et surtout la lettre d’acceptation reçue, l’heure est venue de réserver les billets de transport pour Lund, en Suède, à plus de 2 000 kilomètres à vol d’oiseau de Bordeaux. Malgré le yield management, c’est-à-dire l’augmentation des tarifs en fonction de la demande (chose courante chez les opérateurs de transport ferroviaire et aérien), et la quasi-certitude d'être accepté* La DRI de Bordeaux m'avait affirmé que si les prérequis de l'université d'accueil sont remplis, cette dernière se doit d'accepter les étudiants nominés par leurs services, dans le cadre du contrat Erasmus. , j’ai préféré attendre de recevoir ce sésame validant mon entrée à l’université de Lund pour réserver mon voyage direction Lund.
Surtout, j’ai choisi d’aller à Lund… en train. La plupart des étudiants auraient pris l’avion, faisant ainsi pour le même trajet un vol Paris — Copenhague, via une compagnie aérienne à bas prix — Easyjet, pour ne pas la nommer —, avec ainsi un trajet réduit à quelques heures. Mais l’avion n’a jamais été une option pour moi, pour de nombreuses raisons : par conviction écologique principalement, mais pas seulement. Partir en Erasmus en train, c’est aussi une autre façon de voyager, et de changer d’univers, entre son cocon familial et un pays étranger. Alors, évidemment, cela est beaucoup plus long, mais c’est cette longueur qui permet de profiter du voyage, des vues à travers les pays que l’on traverse, et de dire adieu, du moins temporairement, à notre terre natale. Une ode à la lenteur, en somme.
L’avion n’est pas l’omega du voyage
Pour partir en mobilité internationale, à moins d'étudier dans un pays voisin (et encore…), la grande majorité des étudiants prendront l’avion. La démocratisation de l’aviation civile a rendu si désespérément abordable les vols, à tel point que l’on peut partir le temps d’un week-end dans un pays européen, qui serait pourtant accessible en moins d’une journée en train. C’est également cela qui a démocratisé les mobilités hors Europe. Comment un étudiant pourrait-il aller à Hong Kong pour un semestre, sans avion ?
D’avance, remettons les choses dans leur contexte : je ne crache pas sur les étudiants partant en mobilité internationale dans un pays extraeuropéen. Partir dans le cadre de ses études reste une expérience inoubliable, surtout très enrichissante, qui change considérablement une personne, peu importe le pays. C’est d’autant plus vrai qu’une mobilité est une expérience au long cours, durant au moins un semestre, au cœur de la vie urbaine d’un pays. On s’y imprègne d’une autre culture, on découvre de nouveaux horizons, puis on fait le touriste, mais sans oublier le cadre universitaire qui nous permet de rester six mois à un an là-bas. Tout le contraire d’une courte expérience liée au tourisme de masse, permettant de passer quelques jours, quelques semaines peut-être, dans un pays étranger afin de découvrir pour découvrir.
Néanmoins, nous pouvons garder les pieds sur Terre. En Europe, à distance raisonnable, il existe de nombreux pays, de nombreuses destinations, qui peuvent totalement dépayser un être et permettre un semestre ou une année Erasmus mémorable. Europe de l’est, Angleterre, Scandinavie, pays baltes, Balcans, voire même Russie, sont accessibles et promettent déjà de quitter notre culture latine, pour un séjour particulier. Des pays accessibles en voiture ou en train en quelques heures ou jours, sans la contrainte d’un bagage cabine et de l’arrivée à Paris Charles-de-Gaulle plusieurs heures avant le décollage.
Cette conviction est même partie de ce qui m’a poussé à choisir Lund et la Suède Pourquoi je ne voulais pas aller à Lund Je suis désormais installé à Lund (Suède). Mais cette université n'était pas mon vœu originel : récit de mon épopée à travers les partenariats Erasmus. comme destination de séjour, et non un pays extraeuropéen. Il ne me paraissait pas envisageable de prendre l’avion pour partir en mobilité, de traverser l’Atlantique — quand bien même le Canada doit être une merveilleuse destination — ou de survoler l’Asie pour suivre des cours dans une autre université et profiter d’une culture différente, alors que l’on peut faire tout autant dans de merveilleuses régions de notre beau continent. Pour de nombreuses raisons.
L’environnement, mais pas que
La première est — comme vous l’aurez deviné — une conviction environnementale et politique. Même si un aller-retour ne semble rien comparé à la pollution générée par l’ensemble du trafic aérien, et même si l’avion tournerait quand même en mon absence, il est important de se rappeler que, dans ce monde dominé par le marché, l’utilisation des transports polluants est en partie due à la loi de l’offre et de la demande, artificiellement créée par le bazardage publicitaire et les offres presque déficitaires, profitant de fiscalités avantageuses de pays moins soucieux de l’environnement ou des conditions sociales de leurs employés, et faisant miroiter aux Personnes des transports à bas coût économique, cachant le haut coût écologique*. Lecture connexe : la série des Jours sur les SUV, les poids lourds des voitures, nouveau filon des constructeurs automobiles. Prendre l’avion, même si les prix d’appel sont inférieurs au coût du ferroviaire, c’est participer à ce rouage et à ce marché qui pollue considérablement la planète. Préférer le train à l’avion dès que cela est possible, c’est bien un acte militant, à rebours des tendances de consommation actuelles.
La Suède n’est qu'à 2 000 kilomètres de Bordeaux : profitons-en ! La France a la chance de posséder un grand réseau de lignes à grande vitesse, l’Allemagne un maillage de voies de chemin de fer dense, et grâce à la force européenne, il est désormais possible de traverser le Danemark pour aller en Suède sans quitter les rails, grâce aux nombreux ponts construits entre les îles qui composent le pays danois, ainsi qu’au pont de l'Øresund reliant la banlieue de Copenhague à Malmö, première ville de Scanie. Une prouesse technologique, alors que jusqu'à l’an dernier encore, des trains prenaient le ferry entre Sassnitz (Allemagne) et Trelleborg (Suède) pour relier Berlin à Malmö… et ce n’est pas fini : d’ici quelques années, un tunnel de 18 kilomètres de long verra le jour entre Fehmarn (Allemagne) et Lolland (Danemark), diminuant de moitié le temps de parcours entre Hambourg (Allemagne) et la capitale danoise ! Mieux, l’Allemagne, actuellement présidente de la Commission Européenne, réfléchit à la relance du réseau Trans Europ Express, des trains longue distance qui parcouraient l’Europe au siècle dernier à grande vitesse, permettant de relier de nombreuses capitales en une journée. Avec comme optique à long terme… un train Paris — Stockholm ! Il y a quelques semaines encore, les autorités allemandes, autrichiennes, françaises et suisses ont dévoilé un plan d’extension des lignes de train de nuit européennes, qui relieraient les grandes villes de ces pays, avec depuis la France des liaisons de Paris à Vienne (Autriche) et Berlin (Allemagne), ou entre Barcelone (Espagne) et Zurich (Suisse) ! Tout cela reste encore à confirmer, mais ces annonces ne peuvent porter qu'à l’espoir et à terme inciter les voyageurs à privilégier le rail pour les trajets frontaliers au sein de notre Union Européenne, et non l’aérien.
Une autre raison, plus personnelle et moins glorieuse, qui m’a incité à prendre le train (ou plutôt l’inverse : à choisir une destination Erasmus à portée de locomotive), est une peur des vols, ou aérophobie d’après le terme consacré. Dès jeune, je ne souhaitais pas quitter le plancher des vaches et être à la merci de deux pilotes à plusieurs kilomètres d’altitude. Cette peur n’est pas très rationnelle : à kilométrage équivalent, l’avion tue 40 fois moins que la voiture, presque au même niveau que le train. D’après l'OMS, 1,35 millions de personnes ont été tuées sur les routes mondiales, contre moins de 600 ces dernières années, malgré les accidents dus au tristement célèbre avion Boeing 737 MAX, toujours cloué au sol. Les accidents d’avion sont cependant plus effrayants, ou souvent directement tragiques, tandis que ceux sur rails sont, en plus d'être rares, moins souvent dramatiques, notamment dans nos contrées européennes. Il y a nécessairement chez moi un biais de confirmation, par ma passion du ferroviaire ; toujours est-il que je vis très bien sans jamais monter dans un avion, et que le monde de l’aviation se porte très bien sans moi.
Le train, pas plus cher que l’avion
Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est également pour des raisons économiques que j’ai choisi le train. Ou plutôt, le coût des 24 heures de voyage en train n’a pas pour moi été plus important que le même trajet en avion. Revenons point par point sur cela.
Tout d’abord, ma décision de prendre le train a également été grandement influencée par l’obtention d’un pass Interrail via le concours #DiscoverEU, une initiative de l’Union Européenne qui vise à offrir à des milliers de jeunes européens, l’année de leurs 18 ans, un pass Interrail, qui est une carte d’abonnement permettant de prendre le train dans les pays de l’Union Européenne gratuitement (ou presque). J’y reviendrai beaucoup plus largement lorsque je profiterai de ce billet, et que je partirai en escapade dans l’Europe ferroviaire !
Ayant ainsi obtenu un passe Interrail, j’avais prévu de l’utiliser cet été pour effectuer un périple en Europe, et de profiter des derniers jours d’utilisation afin de voyager de France en Suède à très faible coût*.
Seuls les frais de réservation restent à la charge des titulaires d’un passe, lorsque les trains sont à réservation obligatoire. En France, presque tous les trains longue distance (cf. cette carte tirée de mon article sur l’abonnement TGVmax) nécessitent une réservation, qui coûte 5 à 10 euros aux détenteurs d’un pass ; en Allemagne, même les ICE, équivalent de nos TGV, ne nécessitent pas une réservation.
Malheureusement (ou plutôt heureusement pour moi), la crise sanitaire est passée par là, et la période de validité des billets issue du concours DiscoverEU a été décalée en 2021… ce qui fait que j’utiliserai mon pass Interrail pour le retour, faisant le trajet Lund – Paris presque gratuitement, avant de partir en vadrouille en Europe avec les jours de validité restantes.
Néanmoins, malgré ce contretemps, j’avais toujours envie de partir en train à Lund. J’aurai pu prendre le passe Interrail de mon chef, et je vous le recommande pour des destinations plus éloignées que la mienne : 185 euros pour un passe de quatre jours de train sur un mois glissant* Comprendre : vous pouvez être dans un train durant quatre jours et nuits, à répartir sur un mois. est décidément ultra intéressant, si vous habitez loin d’un aéroport, que vous allez en Erasmus dans un pays loin du vôtre, ou que vous souhaitez être flexibles concernant votre date de départ ou votre trajet. Par exemple, 185 euros est tout à fait compétitif si vous souhaitez faire vos études en Norvège, car vous devrez traverser de nombreux pays en trois ou quatres jours… et découvrir ainsi de merveilleux paysages :)
À la place, j’ai payé mes billets individuellement, faisant fi, ou plutôt profitant de la flexibilité des billets et de la désaffection des transports en commun en période de crise sanitaire pour obtenir des places à un bas coût relatif. Ne nous trompons pas : les compagnies aériennes low-cost, Easyjet et Ryanair en premiers, sont incontestablement moins chères que les compagnies ferroviaires, en raison du déséquilibre structurel actuel entre l’avion et le train, ainsi que par des politiques commerciales et salariales qui ne sont pas à envier. La rapidité du voyage, surtout sur ces vols moyen-courrier, permet de baisser les yeux sur les nombreuses restrictions, inhérentes à l’aérien (temps d’attente avant le départ, aéroport en périphérie des grandes villes…) ou non (taille des bagages avant supplément, manque de flexibilité) et les conditions de travail des salariés, que n’ont pas les usagers du ferroviaire (compagnies souvent nationales, aéroports dans le centre des villes, embarquement jusqu'à 5 voire 2 minutes avant le départ…). Alors, certes le train a plus de chance d'être en retard que l’avion… mais le prix n’en vaut pas la chandelle.
De plus, les faux frais peuvent être vite nombreux avec l’aviation. Un tarif alléchant pour un vol Paris – Copenhague peut vite faire oublier les frais supplémentaires liés aux bagages à emporter avec le vol, le coût du transport de la province à la capitale, le tarif pris par le taxi ou le bus pour aller de la capitale à l’aéroport, et idem au terminus. Ces « frais du dernier kilomètre » peuvent vite exploser selon la proximité ou non des aéroports avec nos lieux de départ et d’origine. Un étudiant parisien voulant étudier à San Diago (États-Unis) aura considérablement moins de frais annexes qu’un toulousain désirant étudier à Nottingham (Royaume-Uni).
Pour ma part, venant d’Agen, il m’aurait fallu vraisemblablement compter le prix du train Agen — Paris Montparnasse, puis du RER B jusqu’au terminal, sans compter la centaine de couronnes danoises investie pour le train entre Copenhague et ma ville étudiante. Pas nécessairement de quoi faire exploser la facture, mais in fine la différence entre le train et l’avion n’atteignait pas les 50 euros… et c’est ainsi que je pris le train !
Une autre vision du voyage
Prendre le train, c’est enfin une autre vision du voyage. Celle dans le sens le plus absolu du monde, celui de voyager, de se déplacer loin de chez soi, de partir à l’aventure en quelque sorte. Une invitation à se dépayser, à changer d’air, à quitter pour un temps nos proches afin de découvrir de nombreux horizons. Le voyage, en tant que périple.
C’est aussi pour cela que j’ai voulu et que j’ai toujours adoré prendre le train. En ne prenant pas l’avion, on sent le temps s'écouler, les kilomètres s’accumuler à une vitesse réaliste, et notre trajet se compléter au fil des heures. Là où le trajet avec un avion se résume à embarquer, attendre quelques heures avec comme seul paysage le ciel bleu, pour atterrir ; le parcours en train laisse l’imaginaire prendre le dessus, l'être flâner à travers les vitres plus ou moins en bon état de machines plus ou moins rustiques, le subconscient se balader et sentir cette transition entre l’ancien, l’habitude, le chez-soi, et le nouveau, la destination, l’inconnu. Lors de mes trajets domestiques en train grâce à mon abonnement TGVmax TGVmax expliqué à mon copain, partie 2 L’heure est venue d’expliquer enfin les principes de mon abonnement à mon copain. TGVmax, un max de trains… sous condition. , je sentais passer le poids des heures et mon excitation à mesure d’arriver dans des endroits que je ne connaissais qu'à peine. Pour un trajet aussi long qu’un Agen – Lund, le train permet de se rendre compte de l'éloignement géographique des deux villes, de la distance qui va me séparer de mes terres d’origine, et du parcours, plutôt du périple, que j’effectue à travers France, Allemagne, Danemark et Suède.
Beaucoup ne comprendraient pas ce choix, cette volonté délibérée de prendre un moyen de transport lent et insolite, à l’heure où un équivalent beaucoup plus rapide et souvent moins cher est disponible. C’est mon choix, mon envie. Ma poétique ode à la lenteur.
Comment partir alors ?
Il faudra néanmoins en convenir : prévoir un trip ferroviaire en Europe n’est pas chose aisée. Les sites des compagnies nationales parlent rarement des autres trains, les plateformes de réservation de billet ne proposent pas les trains de toutes les compagnies, et les incohérences entre systèmes d’information sont tellement nombreuses qu’il est si facile d’abandonner et de se décider à prendre un vol commercial, qui fait arriver d’un point A à un point B.
La plus grosse difficulté viendra en effet de ce manque criant de communications entre opérateurs nationaux, sites de distribution de tickets, applications concurrentes, et usagers. À l’heure de l’open data et des nombreuses applications connectées, les compagnies ferroviaires fonctionnent souvent encore au XXème siècle, avec des informations qu’elles gardent sur papier dans leur langue nationale, et des algorithmes souvent opaques. Prenons rapidement l’exemple de la SNCF : elle ne distribue aucune fiche horaire pour ses trains grande ligne, et elle empêche d’avoir plus de deux correspondances par billet, ce qui fait que les algorithmes (et les gens !) penseront souvent qu’il n’existe que le TGV, là où de plus petites lignes permettent parfois de faire un trajet en moins de temps, ou d’argent.
Pourtant, des systèmes d’information existent pour vous aider dans les recherches de train, et l’Europe gagerait à imposer cela à chaque compagnie ferroviaire national, ou à créer un service public ferroviaire. L’outil Reiseaukunft de la Deutsche Bahn sera un de vos plus précieux alliés. Il donne un accès direct aux trains dont les horaires ont été importés dans la base de données MERITS de l’Union ferroviaire internationale, qui a poussé pour une meilleure intégration, numérisation et centralisation des horaires de train à travers l’Europe. Cet outil de la Deutsche Bahn est neutre dans le sens où il n’avantage pas volontairement une compagnie (même la DB!) et ne se limite pas à trois segments par billet. Cependant, il ne permet pas souvent de réserver des billets directement, car les plateformes de réservation des trains ne sont pas toujours ouvertes, ou les compagnies ferroviaires (comme la SNCF) n’acceptent pas toujours de vendre des billets tout-en-un. Il faudra alors réserver des billets un par un (ou les regrouper) sur les sites des compagnies ferroviaires corresponantes… en prenant bien garde à garder du temps entre les trains, car découper son voyage en plusieurs billets — comme cela est souvent nécessaire dans le ferroviaire — ne donne théoriquement aucun droit en cas de retard d’un train précédent (par exemple, si votre train a deux heures de retard avant votre train de nuit… ce qui m’est arrivé, mais j’avais suffisant laissé de temps, heureusement !).
C’est comme cela que j’ai pu regarder et planifier mes trains pour aller d’Agen à Copenhague (les trains suédois n'étant pas présents dans la base de données), en passant par Paris Montparnasse, Paris Est, Mannheim Hbf et Hamburg Hbf.
Cependant, malheureusement tous les trains n’y sont pas nécessairement présents, notamment dans les pays d’Europe de l’Est. Votre meilleur ami sera alors… le papier, notamment l’indicateur européen, ou European Rail Timetable, le graal, l’index des horaires de train d’Europe et du Monde, publié depuis 1873 et toujours en service, avec deux éditions complètes par an, à l’occasion de chaque changement horaire, et des sous-éditions mensuelles. Il coûte la baguatelle de vingt euros, mais contient les horaires de l’immense majorité des trains d’Europe et pourra vous sauver la mise en cas de pépins de correspondance, et d’entrée dans des zones reculées du vieux continent.
Ma dernière ressource, plus numérique et plus humaine, que je vous recommande, sera les sites de passionnés, mais lequel la référence que constitue The Man in Seat 61, en anglais : un ferrovipathe britannique qui, sur son site, donne des parcours, des conseils, et de nombreuses images, pour aller dans tous les pays d’Europe et bien plus, depuis Londres (spoiler : on passe souvent par Paris !). Ses explications valent de l’or, sont actualisées tous les six mois, avec des trajets devant correspondre à ce que vous devriez choisir en termes de délai d’attente dans chaque gare, de trains majestueux ou de paysages splendides à traverser, ou de correspondances les plus aisées. La page des correspondances depuis Paris détaille par exemple les trois options possibles pour aller à Copenhague, par le train de nuit Nightjet — ce que j’ai fait, mais depuis Mannheim et non Karlsruhe (Allemagne) —, en un jour si vous partez de Paris dès le matin, ou en prenant le temps et un nuit d’hôtel à Hambourg. Bref, une véritable mine d’informations qui sera utile à toute personne souhaitant voyager en train en Europe.
D’autres sites internet peuvent aider les plus téméraires, comme le mal traduit rail.cc, ou le site-même du pass Interrail, mais je recommande très fortement de se baser sur les trois ressources précédentes. Après tout, cela fait partie de l’aventure !
Mon parcours
C’est ainsi que mon parcours fut le suivant, reliant Agen à Lund avec quatre correspondances :
Sur le papier, cela peut sembler fatiguant, notamment avec une correspondance machiavélique entre Montparnasse et Gare de l’Est à Paris, avec le métropolitain parisien qui n’est pas du tout accessible aux personnes handicapées ou munies de lourds bagages.
Ça l’a été.
Mais l’excitation de partir vers une nouvelle vie, de découvrir de nouveaux pays, et de partir à l'étranger en train, m’a fait tenir le coup jusqu'à Lund. J’ai peu dormi dans le train de nuit Nightjet, alors que j’avais une couchette très confortable, mais cela est là aussi probablement dû à mon excitation et mon impatience d’arriver en Suède. Disons que j’ai bien dormi la nuit suivante !
Un bémol cependant, et qui aurait pu me coûter très cher : les 90 minutes de correspondance n’ont pas été de trop à Mannheim (Allemagne), car l'ICE de la DB avait 90 minutes de retard au départ, en raison de nombreux problèmes, certains inhérents… à la SNCF 🤡
Un effrondrement de talus sur la LGV Paris – Strasbourg il y a plusieurs mois a rallongé le temps de transport (et donc raccourci le délai de correspondance!), un accident de personne sur cette même ligne le jour de mon départ a fait que mon train allemand est resté longtemps bloqué à Strasbourg… puis la SNCF a fait repartir mon train sans de nombreux passagers à l’intérieur, partis fumer lors de cette longue (près d’une heure) pause en gare de Strasbourg… ce qui a imposé une longue attente à Paris Est, le temps de récupérer les bagages de toutes les personnes qui n’ont pu rejoindre le train. Les cheminots français à Paris Est ne pouvaient m’aider ou me donner d’informations sur le retard prévu, que j’ai appris par le site susmentionné de la DB, et qui n'était pas affiché sur les écrans de la gare jusqu'à ce que je prévienne le chef de gare (!!). S’en suivent trois très longues heures dans l'ICE à attendre et espérer que le retard ne s’aggrave pas, ce qui aurait pour conséquence de me rater ma correspondance avec le train des ÖBB… dans l’indifférence la plus totale des chefs de bord du train allemand, qui ne peuvent ou veulent m’aider.
Fort heureusement pour moi, le retard s’est maintenu à 90 minutes… et j’ai pu sauter du train allemand et prendre le train autrichien qui arrivait dans le sens opposé, deux minutes après mon arrivée à Mannheim. Il s’en fallait de peu…
Bref, avant de pouvoir faire en sorte que de nombreuses personnes aient envie de prendre le train pour de si longs trajets, il conviendra de créer des droits plus protecteurs pour les usagers, et de boucher les encore trop nombreux manques criants d’informations entre compagnies et clients. Et ce n’est pas encore prêt d'être le cas… Pendant ce temps, le secteur de l’aviation se frotte les mains…
Nonobstant ce problème de correspondance, ce voyage fut une aventure extraordinaire, que je répèterai au retour, dans six mois. Me voilà désormais en Suède, prêt à partager avec vous [avec quatre mois de décalage, ndlr] mes aventures dans les contrées suédoises de Scandinavie. Et spoiler… quel bonheur !!