Une nouvelle aventure

Je pars en Suède !

Il y a deux ans, quand je me suis inscrit à l’Université de Bordeaux, je pensais y faire toute ma licence, vivre ma petite vie tranquille d'étudiant en licence de mathématiques, à l'époque encore hésitant à rebondir ensuite vers un concours pour entrer dans une école de journalisme, dont la plupart requiert un bac + 3, peu importe son contenu, afin de ne pas être trop jeune au sortir de l'école, disait-on. À l’heure où nombreux hésitaient et stressaient pour faire leurs vœux sur les prémices de la plateforme Parcoursup Image d'illustration « Génération Test » La précédente saison de mon épopée : la vie de lycéens en Terminale à l’aube de Parcoursup. , je ne m'étais pas du tout embêté, et avait simplement choisi deux parcours basiques dans les licences mathématiques des deux universités les plus proches de chez moi. Rien ne me prédestinait à partir à l'étranger pour suivre des cours durant ma licence.

Pourtant, me voilà. Je suis actuellement dans le train direction Lund, en Suède, pour y faire l’entiereté de ma troisième année d'études. Malgré le contexte sanitaire Image d'illustration Coronavirus : l'ascenseur émotionnel Jeudi soir, le Président a annoncé la fermeture à venir des universités en raison de l'épidémie. Récit de 24 heures folles à la fac. décidément exceptionnel, rien ne s’est opposé à ce que je parte en année Erasmus, à l’université de Lund, finir ma licence mathématiques. En ce dimanche 16 août 2020, je pars vivre une année particulière, à 2 000 km de mes contrées.

L'esplanade du bâtiment A22 de l'Université de Bordeaux, à l'automne dernier.

L'esplanade du bâtiment A22 de l'Université de Bordeaux, à l'automne dernier.

Retour en arrière

La décision de partir à Lund (Suède) ne s’est pas faite en un jour, et vient de multiples choix faits tout au long de ces deux années de cours à la fac.

Lors de la réunion de pré-rentrée, en 2018, les directeurs d'étude du campus sciences de l’Université de Bordeaux se sont faits écho de places restantes dans un « parcours international », une sorte de surclassement au sein du portail MISIPCG dans lequel nous étions, promettant des études à l'étranger. Le principe : des cours d’anglais poussés, deux matières par semestre enseignées dans la langue de Shakespeare, avec à la clé une troisième d’année d'études (ou au moins un semestre en L3) à réaliser dans un pays étranger, pour valider sa licence. J’accroche au principe, me permettant de potentiellement améliorer mon anglais, et c’est ainsi que je fus propulsé dans un parcours international, avec comme fil conducteur, une échéance : la rentrée 2020-2021.

Depuis deux ans, je raconte donc mes épopées à l’UniversitéImage d'illustration Un robot à la fac Ma série au long cours, à la découverte de la vie étudiante. , d'étudiant en licence mathématiques, avec cette mention parcours international. Ce surclassement est ce qui a permis durant ces deux années d'être entouré d’un cercle d’amis qui ne changeait pas chaque semestre Image d'illustration On change tout, et on recommence. Les partiels finis, l’heure est déjà venue de reprendre les cours, et d’enchaîner avec le deuxième semestre. Et de tout recommencer. , d’avoir à subir un week-end d'intégration Image d'illustration Tu seras bizut, mon fils. Je ne pensais pas à avoir à subir un week-end d’intégration à la fac. J’ai été agréablement surpris. , grâce à la dimension plus petite, plus intimiste de la promotion d'étudiants en PI (60 étudiants parmi un millier en L1), ou d’en organiser un Image d'illustration Tu quoque mi fili. L’an dernier, j’avais été surpris de voir un week-end d’intégration à la fac. À mon tour de l’organiser… , avec tout l’amour du monde.

Mais en filigrane de ces deux belles années de rencontres plus serrées que dans une université supposément dépersonnalisante, vient la question du départ à l'étranger. En première année, cela ne nous était presque pas évoqué, les responsables du PI ne souhaitant pas susciter des rêves ou de l’anxiété chez des personnes qui auraient pu ensuite être écartées du programme, car n’ayant pas eu une suffisamment bonne première année. Le parcours international des licences scientifiques est en effet un parcours sélectif, dont la plupart des entrées se font après CV, lettre de motivation sur Parcoursup, et oral. Afin de ne pas envoyer des étudiants au casse-pipe, et car la direction des relations internationales de l’Université, seule décideuse en termes de mobilité, a des exigences élevées (de niveau académique et linguistique) pour pouvoir partir à l'étranger, les étudiants du PI n’ayant pas 11/20 de moyenne en L1* Il y a quelques années, le niveau requis était de 12/20, selon nos prédécesseurs. Cette année, un 10,5 / 20 de moyenne suffisait. sont in fine écartés du programme, après une seule année.

Néanmoins, dès la rentrée dernière, l'échéance nous était clairement mise au bout du nez. Découvrir la liste des universités partenaires, établir des vœux, participer à des évaluations de langue, rédiger lettres de motivation, CV, trouver des programmes qui correspondent, formaliser les dossiers, les envoyer, attendre des réponses, les recevoir, les accepter, puis trouver un logement, des billets de train ou d’avion… l’année promettait d'être longue. Et elle l’a été. Je reviendrai — quand j’aurai le temps, et la motivation — sur toutes ces étapes qui ont fait ces douze derniers mois, et m’ont permis d’aujourd’hui partir à Lund, dans de prochains billets.

Et c’est parti

Car aujourd’hui, le résultat est là. À l’heure où j'écris ces lignes, je suis dans le train reliant Agen et Paris, et vais poursuivre mon périple ferroviaire jusqu'à Lund, dans le comté de Scanie, au sud de la Suède, pour y vivre pendant dix mois ma troisième année de licence mathématiques. Durant ces dix mois, je vais poursuivre mes études, parfaire mon anglais (qui est cependant loin d'être bon…), rencontrer des individus de toutes nationalités, et découvrir ce beau pays qu’est la Suède, aussi bien culinairement qu’esthétiquement parlant. Dix mois, en Erasmus à 2 000 km de chez moi.

Néanmoins, il n'échappera à personne que cette année se fera dans un contexte particulier. Depuis huit mois, le virus SARS-CoV-2 crée la zizanie dans les États, sépare des êtres, confine des populations, et tue des centaines de milliers de personnes, aux quatre coins de la planète. Après un semestre interrompu sur sa lancée Image d'illustration La fac, mais sans la fac Journal de quarantaine : première semaine. La France se confine, mais la vie suit son cours. Difficile pourtant de continuer à étudier dans ces conditions… , qui s’est terminé au lance-pierre sur Discord Image d'illustration Faut-il utiliser Discord pour ses cours ? Pour suivre les cours durant cette période, nous nous sommes tournés vers Discord. Bien nous en a pris ! , je pensais sincèrement que toutes les mobilités seraient annulées, par principe de précaution face à l'évolution chaotique de l'épidémie et au risque d’une seconde vague durant l’hiver. Hors Europe, cela a été le cas : en mai dernier, l’Université de Bordeaux a annulé les mobilités extraeuropéennes pour le semestre d’hiver, demandant aux étudiants de faire des « mobilités virtuelles » ou d’attendre des jours meilleurs, au printemps. Mais la construction européenne est passée au-delà du virus, et c’est ainsi que les mobilités en Europe n’ont pas été annulées par mon université d’origine. Idem pour mon université d’accueil : là où d’autres universités suédoises, comme Malmö, ont préféré maintenir les études à distance pour l’hiver, Lund, l’une des universités les plus prestigueuses du pays, a maintenu son programme, mêlant cours en ligne et leçons en présentiel, conservant les mobilités envers et contre tout.

La situation a de quoi faire tiquer, la Suède étant connue pour être le seul pays européen à ne pas avoir confiner sa population, privilégiant la simple recommandation des gestes barrières et la fermeture des seuls lycées et universités. Encore aujourd’hui, comme ses homologues d’Europe du Nord, la Suède ne recommande pas le port du masque, attendant des preuves de son efficacité pour lutter contre la propagation de l'épidémie. Une situation à des lieues de la France, et qui incite son voisin et ami danois à fermer ses frontières, le nombre de cas étant encore élevé en Scanie.

Cette année sera décidément des plus particulières.

Dans les semaines qui suivent…

Après deux saisons de ma vie à l’Université de Bordeaux, je compte raconter ma vie d'étudiant Erasmus en Suède, à l'époque du coronavirus, sur ce blog. Mais au contraire de celle-ci, cette série s’ouvrira sur tous les aspects de ma vie en Suède : la cuisine suédoise, mes escapades dans diverses villes de Scanie et du pays, la vie pratique d’un étudiant en Erasmus, et bien entendu mes études à l’aune du COVID-19.

Durant cette année, parce-que je manquerai probablement de temps et que je souhaite profiter de ces deux semestres pour découvrir les cultures, les articles de cette série risquent d'être plus courts et plus fréquents, tels de nombreux billets d’humeurs et de carnets de voyage, et non mon écriture au temps long qui a fait office de repère jusque-là sur mon site. Au fond, un site plus tourné vers le blog personnel que vers la conterie du récit de ma vie. C’est ainsi qu’il ne sera pas étonnant de trouver un article par semaine, de quelques centaines de mots, sur des sujets triviaux, comme le font souvent les autres étudiants partis en Erasmus et maintenant un blog, plutôt que des pavés comme j’ai pu en tenir durant le confinement.

Afin d’avoir un minimum de recul, les articles sortiront cependant en décalé — comme lors des saisons précédentes —, et non au jour le jour. C’est pour cela que les articles sur mon arrivée à Lund, et les activités des deux semaines d’intégration prévues* Petit spoiler pour les impatients
L’Université de Lund organise ce lundi 17 août son Arrival Day, ou journée d’arrivée, pour les étudiants Erasmus. Suivent deux semaines d’intégration, avec notamment des cours de suédois pour débutants, des visites guidées et autres animations des nations étudiantes… Tant de sujets à venir sur ce blog ! 🙂
n’arriveront qu’en septembre, avec plusieurs semaines de décalage. En attendant, les prochains articles des deux semaines à suivre conteront les préparations de ce voyage en Suède, et de cette année particulière. Du choix de ma destination à mon périple de correspondances, jusqu'à la gestion du budget, vous trouverez ces deux semaines de multiples articles qui vous feront découvrir toutes les galères, et pourront vous aider dans la préparation d’une année d'études à l'étranger, depuis Bordeaux comme dans les autres universités françaises. À toutes fins utiles…

Gare d'Agen, 16 août 2020. Juste avant mon départ.

Gare d'Agen, 16 août 2020. Juste avant mon départ.

Photographie d'Adrien
AdrienTwitter
Amateur.
Pourquoi je ne voulais pas aller à Lund