Sverige i mitt hjärta
Le TGV vient de partir. Dans trois heures, je passerai la frontière avec l’Allemagne, et serai de nouveau en France — un pays que j’ai quitté il y a près de onze mois de celà. Hier déjà, sur les coups de vingt-deux heures, je franchissais pour une dernière fois l'Øresund, et disait au revoir au pays qui m’a hébergé et tout donné durant cette année.
Ainsi s’achèvent les mobilités, ma mobilité, mon année Erasmus en Suède. 327 jours au cœur de la Scandinavie, qui m’auront paru si longs et si courts à la fois. Et comme pour ma venue au pays Pourquoi j'ai choisi de partir à Lund en train Pour aller de Bordeaux à Lund, j’ai choisi le rail plutôt que l’air. Un choix atypique, mais réfléchi. Surtout, une autre expérience du voyage , c’est en train que je reviens au bercail, cette fois-ci avec un traintrip encore plus long, d’Abisko au nord du cercle polaire, à Agen, dans mon Sud-Ouest natal. 48 heures, 4 000 km sur les rails.
Pourtant, je suis l’un des derniers à rentrer au pays. Pour ceux qui sont restés au-delà de l’automne, l’année universitaire s’est terminé le 6 juin, avec le week-end de la fête nationale. Beaucoup sont partis dès lors, parce-qu’ils avaient un stage à faire pour valider leur année, car ils devaient travailler, ou tout simplement car l’année était complétée. Un certain nombre sont restés jusqu'à la fin de leur contrat de logement, au 15 juin. Les plus téméraires ont souhaité célébrer midsommar, la veillée de la Saint-Jean, avec des Suédoises et Suédois. Et aujourd’hui ne restent que ceux qui sont ici pour leurs études, et que le Covid ou le manque de moyens empêchent de rentrer dans leur pays d’origine pour l'été.
Cette année aura été pleine, pleine de fatigue, d'énergie dépensée, et de bonheur reçu. À l’heure où j’entrais en Scandinavie, je ne m’imaginais pas pouvoir autant profiter de mon année Erasmus, d’autant plus dans un contexte de pandémie mondiale, où il apparaissait déjà clair qu’une seconde vague était inéluctable. Je pensais avoir le temps de rédiger des articles sur ma vie en Suède ; mais force est de constater qu’elle aura été remplie, par les études à Lund qui furent épuisantes, par mes sorties ici, profitant de l’absence de confinement ou de couvre-feu pour découvrir la Suède. Alors, à l’heure de faire une rétrospective de mon année, il sera difficile de la comprendre sans tous ces posts, une cinquantaine selon mes premières estimations, qui détailleront ma Suède de cette année. Ces articles arriveront, durant le courant de l’année prochaine, à mesure que j’aurais du temps pour traiter les milliers de photographies que j’ai prises. Et pour figer dans le temps mes souvenirs.
Un isolement relatif
Lorsque j’ai quitté la France le 16 août dernier, les masques venaient à peine d'être rendus obligatoire à l’intérieur des bâtiments, on ne parlait pas encore de deuxième vague, et mes parents pensaient encore que je rentrerai pour les fêtes de fin d’année. Le taux d’incidence était de moins de 50, les tests PCR étaient disponibles à tous depuis quelques semaines seulement, et chacun vivait dans la tranquilité d’un été bien mérité après ce printemps catastrophique. Je partais pour un pays dont je ne connaissais pas la langue, les coutumes, et où j’angoissais encore un peu en raison de leur gestion de la pandémie quelque peu aléatoire. Ma mère voyait son fils s'éloigner à près de 2 000 kilomètres, ne revenant plus les week-ends — tout juste espérait-elle que je pique une tête pour Noël.
Il n’en sera rien. Le pays n’est au final pas si éloigné que ça de la France, à un jour de train, quelques heures d’avion. Ce qui isolera la Suède, c’est bien sa politique en termes de Covid, à des lieues de ce qui se faisait partout en Europe. Pas de masque, pas de confinement, pas de couvre-feu, la Suède vivait presque comme dans l’ancien monde… et avec pour logique conséquence de se voir isolée par le reste de l’Europe. Vite, le Danemark, puis la Norvège, pays alliés, ont fermé leurs frontières aux Suédois,