Plongée dans l'inconnu

Arrival Day : premier jour en Suède

La nuit a été courte. Après mes péripéties de la veille [racontées en fin du précédent article Image d'illustration Pourquoi j'ai choisi de partir à Lund en train Pour aller de Bordeaux à Lund, j’ai choisi le rail plutôt que l’air. Un choix atypique, mais réfléchi. Surtout, une autre expérience du voyage , NDLR], me voilà arrivé à Hambourg, après avoir entamé mon petit déjeuner à 6 h 30 depuis mon train de nuit ÖBB. Mi-août, l’aube s’amorce dès 5 h du matin au nord de l’Allemagne, et les contrôleurs réveillent les passagers dès 6 h pour leur demander ce qu’ils souhaitent boire pour le petit déjeuner. Nous nous sommes arrêtés à Hildesheim, près d’une gare totalement illuminée entre 2 et 3 heures du matin, avec des rideaux ma foi pas vraiment opaques. La nuit a été courte.

Cependant, dans quelques heures, je serai à Lund, en Suède ! Plus que deux trains à prendre : un InterCity entre Hambourg et Copenhague, et un train régional Øresundståg entre la capitale danoise et ma ville d'études. De quoi finir la nuit (si tant est que cela soit possible) et me laisser révasser, imaginer mon arrivée. Aujourd’hui, nous sommes le 17 août 2020, Arrival Day pour les étudiants Erasmus comme moi.

Gare d'Hambourg, Allemagne. Une immense verrière sombre protège les trains. Au fond, un grand logo PHILIPS, qui sponsorise la gare ?

Étrange gare d'Hambourg (Allemagne).

“Border control”

Le Arrival Day, ou journée d’arrivée, est une date prévue dans le calendrier où l’Université accueille ses étudiants tout fraîchement sortis de l’aéroport ou de la gare, les aidant pour leurs démarches d’arrivée en regroupant tout dans un bâtiment, avec généralement une collation offerte en prime. En somme, la journée parfaite pour arriver dans un pays étranger, et éviter de paniquer en étant seul·e à la sortie du train.

Il est évidemment possible d’arriver avant ou après ce jour. C’est d’ailleurs souvent moins cher, car — comme vous pouvez vous en douter — inciter tous les étudiants à venir en Suède le même jour fait monter le prix des billets de train ou d’avion (la joie du yield management!). Mais charge à vous d’aller chercher vos clés, de porter les bagages jusqu'à votre lieu de domicile, et de prendre plus tôt les affaires qui vous sont offertes par l’Université. Cela se fait. Je n’en ai pas eu le courage.

Le train me permet de contempler les paysages danois — même s’il est essentiellement composé de champs plats, d'éoliennes, et de ponts joignant les îles qui composent la province. Paysage très monotone. Me voilà plongé sur mon ordinateur, à… continuer les articles Image d'illustration Pourquoi je ne voulais pas aller à Lund Je suis désormais installé à Lund (Suède). Mais cette université n'était pas mon vœu originel : récit de mon épopée à travers les partenariats Erasmus. sur la préparation au voyage [oui, j’ai eu du retard]. Nous arrivons à Padborg, premier arrêt intermédiaire. L’arrêt est long. Très long. Puis voilà l’armée.

“Border control”

Contrôle des papiers à la frontière danoise. En raison de la pandémie de COVID–19, le Danemark refuse l’entrée touristique de ressortissants de pays qu’elle a mis sur liste rouge, selon des critères de nombres de cas… dont la France. Je le savais, mais le transit (notamment pour des raisons d'études !) restait tout de même autorisé. En voyant mon passeport français, le militaire m’a tout de même demandé “France?” à la suite de quoi j’ai montré ma lettre d’acceptation de la part de l’Université de Lund, précieux sésame nécessaire tout au long de mon année à l'étranger. Ne restant qu’un an, je ne peux bénéficier d’un personnummer, c’est-à-dire d’une immatriculation au registre suédois ; ce papier est donc l’un des seuls qui prouve que je suis bien étudiant à Lund.

L'intérieur d'un train de la companie ferroviaire danoise, entre Hambourg et Copenhague.
Des éoliennes dans un champ plat, vu depuis mon train.

Passage par le Danemark.

“Where is a ticket machine?”

Arrivé à Copenhague, je me perds dans la gare et n’arrive pas à localiser un distributeur de billets de train. Les tickets de trains régionaux ne sont en effet pas achetables en ligne, et — cela va être un running gag tout au long de mon année — mon Windows Phone Image d'illustration Windows Phone, chronique d'une mort annoncée Depuis toujours, mon téléphone est un Windows Phone. Promis à l’abandon depuis des années… je l’utilise encore, et me suis adapté. ne me permet pas d’avoir l’application de la compagnie ferroviaire. Retour donc à la machine à billet. Le stress me fait oublier le numéro de ma toute nouvelle carte bancaire… que je retrouve au dernier essai de code. À deux doigts de passer pour un con en plein Danemark.

Je passe l'Øresund à bord du train, qui est plein d'étudiant·e·s et de valises. Lorsque le train franchit le pont de l'Øresund et quitte les terres danoises, tous les regards — et les smartphones — se tournent vers la mer. Ces quelques minutes sur l’eau sont pour tous le symbole de l’entrée dans une nouvelle aventure. Noir complet : le train passe sous l’eau.
Étrangement (ou non), seules ces jeunes personnes fraîchement débarquées de la gare de Copenhague, ou de l’aéroport voisin (où le train fait escale), portent un masque. Le Danemark ne croit pas encore à l’utilité du masque dans les lieux publics — cela changera deux semaines plus tard…

“Naesta Station: Lund Central”

Nous y voilà. Lund. De nombreux étudiants descendent du train avec de gros bagages, souvent enveloppés dans du plastique avec le numéro d’identification aérien collé dessus. Des référent·e·s en gilet jaune siglé Lunds Universitet viennnent nous pêcher à la sortie du train, pour nous emmener dans des cars à destination d’un hall d’exposition, à quelques kilomètres de là, où nous serons bichonnés. Tous… sauf moi, et deux autres étudiants, qui filont avec nos guides dans leur voiture personnelle, le car étant plein. Nous y discutons de nos origines, de nos futures études, et de nos conditions de voyage ; et il faut l’avouer : traverser l’Europe en train est une sacrée anecdote 😁

Des étudiants font rouler leur valise sur le quai de la gare de Lund, vers l'ascenseur. Le train Öresundståg part lui dans la même direction, vers Hassleholm.

Lund C, 17 août 2020.

Funfact : sur le trajet, nous serons arrêtés par… le tramway de Lund, qui fait sa première marche à vue devant nous sous de nombreux applaudissements :D

Nous arrivons avant le bus alors que nous sommes partis après lui (héhé). COVID oblige, nous nous tartinons de gel hydroalcoolique et de distanciation physique… mais pas de masque. Bienvenue en Suède !

« Nous n’avons peut-être pas de masques, mais au moins vous voyez nos sourires ! »

Dans ce grand hall d’un palais de congrès (à en juger des comptoirs de bar et des robinets tirant de l’eau), nous pouvons et devons :

Note importante : je n'ai pas parlé dans la rubrique Préparations de ma quête pour un logement à Lund, car j'ai été relativement vite accepté dans un logement proposé par l'université (LU Accomodation), vraisemblablement grâce à la crise sanitaire qui a fait que de nombreux étudiants non-européens, prioritaires sur ces logements, n'ont pas pu venir en Suède. Je n'ai donc pas beaucoup d'expérience à raconter, mais je sais à quel point il est difficile de trouver un logement à Lund. Je recommande cet article du blog Nath in Lund qui sera beaucoup plus utile que moi : Trouver un logement à Lund (et en Suède avec blocket.se) Le set acheté à IKEA par l'université de Lund, pour 79 euros : une couette, une housse de couette, une sous-couette, un protège-matelas, une taie d'oreiller, deux gants, deux serviettes, un sac bleu IKEA.

Nous est également proposé un stand de l’opérateur téléphonique Telenor pour payer et activer une carte téléphonique prépayée qui est offerte (la carte, pas le forfait) par la compagnie aux étudiants. N’en ayant pas besoin (car résident de l'UE)* et vu les prix pratiqués ici… je m’en suis bien passé. Un dernier article de préparations sortira un jour, sur tous les autres aspects à penser avant de partir à l'étranger : téléphone, banque, assurance… probablement après mon année Erasmus, pour avoir un retour d’expérience sur mes choix.

Puis, gentillesse de la part de l’Université… on nous propose de nous amener en voiture vers notre nouveau chez-nous ! Ce n'était pas annoncé, et j’avais déjà mal à l’idée de me taper une marche d’une heure avec mes valises pour aller dans mon accomodation, située en périphérie de la ville… alors quel ne fût pas mon bonheur en découvrant cette petite attention :)

Sur le trajet (que nous effectuons avec deux autres étudiants qui sont dans des logements du même quadrant de la ville), nous discutons du logement, de la journée d’arrivée que nous venons de vivre (plus une formalité de deux heures, en réalité) et de la fatigue accumulée par le transport. Je compatis avec ceux qui ont vécu une demi-douzaine d’heures d’avion… puis eux s'étonnent en écoutant mon trajet. Le train, décidément un bon sujet de conversation 😁

“Welcome to Lund!”

J’arrive dans ma résidence, où un étudiant déjà installé ici depuis l’an dernier vient m’accueillir et me présenter mon nouveau lieu de vie. Je passe la clé, ouvre la porte, et découvre mon logement. Même s’il ressemble à une cellule de prison lorsqu’il est vide, je l’aime déjà. Mon nouveau chez-moi !

Entrée dans mon nouveau logement. Lund, 17 août 2020.
Entrée dans mon nouveau logement. Lund, 17 août 2020.
Entrée dans mon nouveau logement. Lund, 17 août 2020.

Entrée dans mon nouveau logement. Lund, 17 août 2020.

La suite sera plus classique pour un nouvel emménagement : les premières courses dans la foulée* À suivre bientôt ! , les valises à vider, le linge de lit à installer, les pâtes au beurre à cuisiner ! Dès demain, je commence mes premiers cours, une UE d’introduction au suédois que j’ai choisi de prendre pour avoir quelques connaissances basiques de cette langue, dont j’arrive déjà à comprendre beaucoup, grâce à mes notions de français, d’anglais et d’allemand. Demain, aussi, sera ma journée à la recherche d’un vélo, véritable moyen de transport, sacré ici à Lund. Et à en voir les chemins de traverse autour de mon logement… la ville va me plaire :)

Photographie d'Adrien
AdrienTwitter
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